16.

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Aubrey Simons

« — Tu es sûre que tu ne veux pas aller voir un médecin ?

— Ne t'inquiètes pas Dele. Tout va bien.

— D'accord. Je rentrerai vers seize heures.

— Évite de bagarrer ou de te blesser s'il te plaît.

— Je vais essayer. Je t'aime.

— Je t'aime aussi. »

Il embrasse la joue de Maya qui dort et mon front, avant de sortir de la maison avec son sac de sport.

« — Si seulement tu pouvais dormir aussi profondément la nuit, ce serait magique. »

Je monte dans la chambre prendre mon ordinateur avant de redescendre et de m'installer sur la table de la salle à manger pour travailler un peu. Je dois réorganiser tout mon emploi de temps pour quand je vais reprendre le travail. Je voudrais vraiment être présente pour ma fille et la voir grandir. Je vais demander à ne plus voyager jusqu'à ce qu'elle atteigne au moins un an.

Je reçois un appel de ma mère, qui est censée venir en fin de semaine. Je lui ai offert des vacances en Italie pour qu'elle change un peu d'air.

« — Allô maman. Comment tu vas ?

— Arrête les courtoisies et viens m'ouvrir la porte.

— Pardon ?

— Tu es pardonnée. Ouvre d'abord ta porte et on verra après. »

Je me lève et vais ouvrir la porte. Ma mère déboule comme un chiot et se rue vers Maya.

« — Ma petite-fille ! Mamie est venue juste pour toi !

— Et moi alors ? J'ai droit à rien ?

— Je t'ai assez vue comme ça. Laisse-moi profiter de la nouvelle venue dans la famille.

— C'est sympa. »

Je referme la porte à clés et je vais ranger la table.

« — Tu as faim ? Tu veux quelque chose à boire ?

— Non merci. Je ne vais pas laisser cette petite merveille juste pour boire deux cent millilitres d'eau.

— Euh...okay.

— Elle est magnifique.

— C'est normal. Ses parents sont des bombes atomiques.

— Et sa grand-mère alors ?

— Je sais pas.

Elle me regarde de haut en bas pendant que je ricane.

« — Elle ba devoir manger dans pas longtemps.

— Comment tu sais ça ?

— Regarde ton t-shirt.

Je baisse le regard et il y a une tâche de lait au niveau de mon sein gauche.

« — Ah non, pas encore ! Ça fait déjà six fois en deux jours.

— Bienvenue au club des jeunes mamans. »

Je monte prendre un bavoir et je redescends à la vitesse de la lumière pour récupérer Maya en pleurs. Le cycle des bébés c'est manger-dormir-pleurer-manger-dormir pleurer, jusqu'à ce qu'ils apprennent à faire autre chose. En même temps c'est un peu normal parce que dans le ventre, ils pouvaient manger à n'importe quel moment et ils dormaient la plupart du temps. Le changement est brutal.

« — Un jour je vais arriver ici et là trouver morte de faim.

— Impossible. Tu exagères un peu maman.

— Absolument pas. En tout cas, je t'aurai prévenue.

— Fais comme tu veux. Dis-je en haussant les épaules.

— Il est où ton footballeur ?

— Il s'appelle Dele et il est à l'entraînement.

— Il s'entraîne tous les jours ? Demande ma mère, visiblement surprise.

— Bah oui.

— Tu dis ça comme ci c'était normal.

— Parce que ça l'est. C'est vrai que l'entraîneur peut donner quelques jours de repos à un joueur mais en général c'est en cas de blessure pendant la session. Je ne vois pas en quoi ça t'étonne.

— Imagine qu'il n'aille pas à l'entraînement ?

— C'est pas mon problème. Ce n'est pas auprès de moi qu'il devra se justifier. Mais si on le sanctionne, il ne faudra pas qu'il vienne passer ses nerfs sur moi, c'est tout.

Je pose Maya contre mon épaule et je tapote doucement son dos pour qu'elle fasse son rot.

— Et s'il te trompe ?

— Tu veux me faire faire des cauchemars ou quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

— Rien. Je veux juste être sûre que rien de mauvais ne va t'arriver.

— C'est gentil de t'inquiéter pour moi mais tout va bien maman. Tu peux dormir tranquille. Sinon l'Italie, c'était bien ? »

Nous sommes restées à discuter pendant quelques heures puis elle a fini par rentrer pour de reposer de son voyage.

J'ai appris qu'elle avait rencontré un italien installé ici à Londres, et qu'ils avaient rendez-vous la semaine prochaine. Ça peut lui faire du bien de parler à de nouveaux hommes, de retrouver cette vielle âme de séductrice. Après le décès de mon père il y a huit ans, elle s'est fermée et s'est opposée à toute relation d'affection avec un autre homme. Mais la façon dont elle parlait de cet Antonio prouve qu'elle n'est pas restée indifférente.

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« — Aubrey ! Je suis là ! »

Dele hurle mon nom dans toute la maison, semblant oublier que nous ne sommes plus deux. Je sors de la cuisine et je lui frappe la tête en lui intimant de se taire.

« — Tu vas la réveiller idiot. Fais comme une personne normale et marche dans toutes les pièces de la maison pour me trouver.

— Aïe ! Je t'ai rapporté des macarons mais puisque tu sembles être de mauvais poil...

— Non non ! Tout va bien. Elle est où la boîte ?

— Je sais pas. Dit-il en haussant les épaules.

— Dele ! S'il te plaît.

— Je veux mon bisou d'abord.

— T'es fou ? Va te laver d'abord.

— J'emmène donc les macarons dans ma cachette secrète. »

Je grogne légèrement parce qu'à chaque fois qu'il emmène quelque chose dans sa cachette secrète, personne ne la retrouve jamais.

MY DAUGHTER » Dele Where stories live. Discover now