Texte 1 : Crystal & Tybalt ~ Quand s'aimer est interdit

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Genre : Romance/Drame/Secrets

Époque : Été 3010

Protagonistes : Crystal et Tybalt

Lien avec : L'Œil de Teikono (l'histoire principale)

Note : Je m'arrange pour éviter au maximum le spoil pour ceux qui suivent ma BD mais dans ce texte en particulier vous aurez droit à quelques petites infos sur un élément de l'intrigue en particulier ^^
Elles ne gâcheront en rien votre découverte de l'histoire, soyez-en rassurés, mais vous pouvez évidemment choisir de ne pas lire ce texte et de passer au suivant qui lui est garanti sans spoil ^^

– Madame arrive.
– Très bien, j'attends.

Le domestique fila, me laissant seul dans l'entrée. Je croisai les bras derrière mon dos et me mis à parcourir la pièce. C'était une ancienne église aménagée, et avec goût, il fallait l'admettre. Je reconnaissais bien là le talent de Crystal. Cette femme avait toujours su faire preuve de bon goût. Sauf peut-être en ce qui concernait le choix de son époux...

Des pas feutrés me signalèrent sa présence avant qu'elle ne m'interpelle. Je me retournai pour la voir, interdite, en haut du grand escalier en colimaçon. Ses longs cheveux blonds flottaient sur ses épaules. Elle portait une courte robe bleue resserrée au niveau de ses cuisses, toujours aussi fermes malgré son âge. Ses yeux bleus pâles reflétaient la surprise, puis la méfiance et enfin elle me fusilla du regard.

– Tybalt ! s'écria-t-elle.

Ses pieds nus foulèrent la moquette lorsqu'elle couru me rejoindre. Elle faisait toujours une bonne tête de moins que moi, mais ça ne l'empêcha pas de se tenir dignement juste devant moi, son regard noir fiché dans le mien.
J'esquissai un sourire.

– Tu n'as vraiment pas changée...

Ni son caractère, ni sa fierté ne semblaient avoir été entamés. Et il n'y avait toujours rien qui puisse l'impressionner.

– ... à part quelques rides en plus, ajoutai-je, pour le seul plaisir de la chercher.

Le temps avait effectivement commencé à marquer son visage de quelques traits imperceptibles, mais rien qui ne la mettait que davantage en valeur.

– Si t'es venu me vendre des soins anti-âge, tu peux les garder pour ta mère ! me siffla-t-elle.

Je senti mes lèvres s'étirer malgré moi. Après toutes ces années, la taquiner restait mon sport favori. Et à voir sa réaction, j'avais touché dans le mille.

– Même si ça paraît plus vraisemblable, je suis simplement venu pour une visite de routine... vérifier que tu as été correctement relogée.

Tout en parlant, je me saisis d'un objet de décoration qui traînait sur une table et l'observai quelques instant avant de le reposer.

– C'est une horreur, tu ne devrais pas laisser ton mari décider de la décoration. Enfin, cela fait des années que nous ne nous sommes pas vus, je me suis dit que c'était l'occasion...

Je lui jetai un regard en biais. Elle n'avait pas relevé ma remarque sur la décoration. Elle se contentait de me fixer, impassible. Froide.

Je n'avais pas le pouvoir de lire en elle, et elle ne pouvait utiliser le sien sur moi. On en était là, et pourtant chacun lisait en l'autre comme un livre ouvert. C'était encore le cas aujourd'hui, et ça l'avait toujours été.

Crystal savait que je n'étais pas venu ici par hasard. Elle savait que j'avais respecté son désir de couper les ponts pendant plus de 10 ans. Elle savait aussi ce que j'avais malgré tout fait pour elle. Je savais pertinemment qu'elle n'avait jamais oublié que c'était grâce à moi qu'elle et sa famille avaient été relogés, placés sous surveillance au lieu d'être enfermés. Tout ça en échange de son silence. Et nous savions tous les deux qu'il y avait en réalité bien plus qu'un simple accord entre nous. Qu'un fragile équilibre de peur n'aurait jamais pu tenir aussi longtemps à lui seul...
Aussi ne fus-je pas le moins du monde surpris lorsqu'elle choisi elle-même de rompre le silence.

Teikono : Bribes égaréesWhere stories live. Discover now