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Le papier m'échappe des mains et vient s'échouer au sol. Je me lève et commence à marcher vers la baie vitrée. Mes mains viennent se poser sur la surface froide.

Je n'en ai jamais parlé...

J'ai mal au cœur. J'ai l'impression de ressentir sa douleur à travers ses mots meurtris.

C'était trop dur, je pensais que j'étais
bête de ne pas aimer ce qu'il me faisait.
Il me disait tout le temps que je devais
m'estimer heureux

Comment c'est possible ? Comment de telles horreurs peuvent exister ?

Parfois j'avais mal, parfois il était plus doux
mais dans ces cas là je savais que j'allais
souffrir juste après... Mais d'une toute
autre manière

Horrible. Inhumain.

J'ai commencé à croire que c'était ça...
L'amour.

Ça ne l'est pas. Ça n'a jamais été ça.

J'ai eu peur, c'est la première fois que je
saignais, que je pleurai de douleur, que
j'avais peur au point de devoir me
cacher

J'ai envie de le prendre dans mes bras mais je sais qu'il y a encore une barrière entre nous.

Et puis il y a eu les nuits passées dehors
et les gens qui me faisaient peur

J'ai peur de te demander ce que faisaient ces gens. J'ai peur de comprendre.

J'ai compris ce que voulait dire
être malheureux, mais je croyais toujours
qu'il était la meilleure chose qui pouvait
m'arriver

Si un jour je le trouve, je ne donne pas cher de sa vie.

Mais tu m'as fait comprendre, avec
Hoseok, que rien n'est normal quand
on souffre, tu as été doux. Même quand
je t'énervait, tu faisait en sorte d'être
calme, je voyait bien.

Et moi je suis trop con d'avoir cru que tu étais un enfant fragile. Tu es fragile mais tu es loin d'être un enfant. Tu es juste blessé, brisé.

Je me retourne et le regarde sur mon lit, il a reprit la lettre et la replis dans un silence presque normal.

Il y avait autre chose dans cette lettre. Une deuxième feuille que je n'ai pas pu finir. Il est d'ailleurs entrain de déchirer l'intégralité de ses mots qui m'ont déchiré le cœur en milliers de morceaux.

Ces atrocités que je n'ai même pas pus lire jusqu'au bout ne sont même pas faites pour être dites. Je ne sais même pas comment il a fait pour les écrire. C'est...

Les pires sensations que j'ai pus
ressentir en pensant que c'était
de l'amour.

Cette phrase tourne dans ma tête. C'est lui qui l'a écrite. Ça vient directement de son cœur. Je m'agenouille devant le lit, il est assis sur le bord, je pose mes mains sur ses genoux. Il frissonne. Mais il sait que jamais je ne lui ferai de mal.

-Ça t'as fait du bien d'écrire ça ?

Il hoche la tête. Je prend les bouts de papiers dans ses mains et lui prend sa main dans la mienne.

Je l'emmène à la cuisine ou je prend un briquet puis après lui avoir mit un gros manteau, je l'amène sur le balcon. Je disperce les bouts de papiers sur le barbecue dans un coin de la terrasse. Il me regarde faire puis écarquille un peu les yeux quand je lui tend le briquet.

Il est adorable dans ce gros manteau, sa tête sous la capuche, les joues rougis par le froid.

-On est plus similaire que tu ne le penses sûrement Tae... J'ai vécu des choses... Qui sont... Aussi dur. Peut-être pas au point où toi tu les as eu, mais je me vois en toi. Sauf que moi je ne peux pas encore trouver la force pour les dire. Je n'ai pas ton courage.

Il s'avance un peu et pour sans doute manifester son soutiens, il colle son front à mon épaule. Je passe mes bras dans son dos. Il fait froid mais ça me réchauffe le cœur.

Il se recule, regarde le briquet dans sa main. Je souris.

-Ensemble ?

Il hoche la tête. Je pose ma main sur la sienne, allume la flamme. Il porte nos mains aux papiers.

Le feu est beau. Il est rempli de signification. Grâce à lui c'est une partie de tout mes souvenirs douloureux qui s'envolent dans des flammes. Il est tout contre moi, peut-être parce que je lui tient chaud.

-On rentre ?

Il hoche la tête.

Je lui prend la main. Ça me fait vraiment plaisir qu'il n'ai plus peur, qu'il ai confiance.

Mais alors que je veux monter pour nous coucher il me retient. Je le regarde, nos doigts toujours entrelacés. On dirait qu'il vient d'avoir une illumination. Son regard brille.

-Tae ?

Ok là je m'inquiète. Il ne bouge plus, il me fixe même et un petit sourire se place sur le bord de ses lèvres. Mais je serais incapable de dire si c'est de la joie ou de la tristesse tellement c'est infime.

-Qu'est-ce que tu as ? Tae, tu me fais peur là.

Il se rapproche alors de lui même et place ses mains sur mes épaules. J'appréhende, c'est bizarre, moi, Jungkook, j'appréhende qu'on se rapproche autant de moi. Je crois même que mes joues on prit de la couleur.

Il est à quelques millimètres, j'en perd mon souffle. Je déteste être en position d'infériorité comme ça. Et puis qu'est ce qui lui prend soudain ?

Son visage se déplace et se niche près de mon cou, ses bras s'enroule autour.

-Merci... Jungkook.

🐯❤️🐰


Save me ~ KookvWhere stories live. Discover now