Le miel attire le chat.

Dix.

     Amiel les laissa donc parler, il couperait Félix s'il osait balancer et l'étranglerait à vif sans aucun scrupule. 

— Ah, c'est rien, fit-il faussement modeste. 

— Allez Félix, balance les doss' ! On t'a vu avec la sœur d'Amiel, lança Rémi avec un grand sourire. 

Le jeune homme se sentit instantanément soulagé. Cela voulait dire que Félix n'avait pas balancé et qu'ils ne les avaient pas vus. En revanche, il écoutait attentivement ce qu'il avait à dire sur Jess. 

— On a juste discuté, on a les mêmes délires, sourit Félix. 

Amiel fronça les sourcils, il n'avait pas envie que sa sœur soit amie avec ce type. 

— Ami', ça te fait rien qu'il drague ta sœur ? 

— Non, parce que je sais qu'il ne se passera rien entre eux, puis Félix n'est pas du tout le genre à Jessie, répondit-il, légèrement froid. 

— Qu'est-ce que tu en sais ? questionna le concerné. 

Amiel se tourna vers lui et le regarda droit dans les yeux. 

— Je connais ma sœur, jamais elle ne voudra de toi, répliqua-t-il. 

— De toute manière, j'ai pécho à cette soirée, lâcha Félix. 

Le jeune homme pâlit face à cette annonce, qui fit aussitôt réagir ses deux amis et qui demandèrent qui était la personne qu'il avait choppé. 

— Hey, je suis pas le seul à avoir pécho, Amiel aussi. 

Félix admirait joyeusement Amiel se décomposer, craignant que l'autre lâche l'info car il l'avait touché dans sa fierté. 

— Quoi ? Vous avez pécho la même meuf ? demanda Rémi en pouffant. 

Félix leur fit un clin d'œil et Jon et Rémi ouvrirent grand la bouche devant cet aveu. Amiel roula des yeux devant leur stupidité. 

— En même temps ? questionna Jon.

Félix éclata de rire. 

— Je vous en dis pas plus les gars, devinez-vous même, dit-il. 

— J'ai rien fait avec ce type, bouda Amiel. 

La conversation s'arrêta là, car leur professeur choisit ce moment pour entrer en classe. 

Quand leur deux camarades reprirent correctement leur place, Amiel se tourna vers Félix en lui lançant un regard réprobateur, auquel le jeune homme lui répondit pour un clin d'œil. Le principal, c'est qu'il n'avait rien dit pour eux et surtout, rien sur sa sœur. S'il aurait dit une chose déplacée sur Jessie, il aurait été capable de le tuer.

      Les deux premières heures passèrent rapidement et étonnement, la présence de Félix à ses côtés ne l'embêtait pas tant que ça. A dix heures, ils sortirent prendre un peu l'air, assis sur un banc. Un garçon attira son attention et il se mit à le fixer. Alors que Jon et Rémi discutaient ensemble, Félix vint se poser à sa gauche et regarda dans la même direction.

— Encore en train de regarder le petit term ? questionna-t-il.

Amiel détourna le regard et se sentit gêné. Est-ce qu'il le prenait mal, après qu'ils se soient embrassés ?

— Euh, non, pas vraiment.

— Oh mec, c'est pas parce qu'il y a eu quelque chose à cette soirée, que je vais me transformer en bouldog qui aboie quand on s'approche de son os, ricana Félix.

— J'aurais plutôt dit un chat avec sa pâté, rectifia Amiel, amusé.

Il entendit Félix rire et lui donner un coup d'épaule amicalement.

— Sérieusement, je sais pas ce qu'il s'est passé avec ce type, mais j'ai l'impression que ça te pourrit légèrement la vie.

Amiel fronça les sourcils et s'apprêta à répliquer, mais Félix posa son indexe sur sa bouche.

— Laisse-moi terminer. Garde ce que je te dis ou non, mais soit tu vas le voir et tu mets les choses au clair avec lui, soit tu te décides à l'oublier et à passer à autres choses. Mais crois-moi, ça ne sert à rien de le regarder à chaque pause, à chaque fois que tu le croises avec un regard triste.