Où étais tu ?

7 - Gueule de bois

            

Un violent mal de crâne tira Léa de son sommeil. Mon dieu, elle n'aurait jamais dû boire autant !

Soudain, le fil de la soirée passa très rapidement dans sa tête, les shooters, l'enchainement de bières, la danse avec les filles, la danse avec Camille ! Le jeu de séduction avec Camille et, oh mon dieu, le baiser avec Camille ...

Elle n'avait plus simplement mal à la tête, mais une sensation nauséeuse s'installa au creux de son estomac, l'obligeant à s'arracher de son lit pour se rendre illico presto aux toilettes.

Après avoir expulsé ce qu'elle pensait être tout le contenu de son estomac, Léa se dirigea vers la cuisine en trainant des pieds, où elle trouva Paul affairé à préparer ce qui se présentait comme un petit déjeuner complet et sain.

En voyant sa femme arriver, Paul ne put s'empêcher de sourire. Même avec une gueule de bois carabinée, il la trouvait toujours aussi belle. En l'embrassant, il lui indiqua la table du salon, c'est lui qui allait s'occuper d'elle ce matin, elle n'avait plus qu'à se laisser aller, du moins jusqu'à ce qu'elle parte pour le travail.

Léa, quant à elle, ne put s'empêcher de guetter l'arrivée de Camille, elle appréhendait, se demandant comment cette dernière réagirait, si même elle se souvenait de la tournure des évènements de la veille.

-       Alors ma chérie, comme ça on a fait des excès hier soir ? Paul la coupa dans ses pensées.

Elle essaya de sortir une phrase intelligible, mais une espèce de bruit rauque incompréhensible sortit de sa bouche, ce qui fit cette fois éclater de rire son mari. Un regard noir accueillit sa réaction, et il finit de rire plus silencieusement. Léa s'éclaircit la gorge et cette fois des mots sortirent de sa bouche :

-       As-tu vu Camille ?

-       Ah oui j'ai oublié de t'en parler ! Elle est déjà partie en fait, il y a une trentaine de minutes, elle m'a demandé de te dire qu'elle te donnerait des nouvelles, elle est partie au commissariat. Très sympa cette fille !

Léa se sentit immédiatement soulagée, elle n'avait eu aucune envie de se retrouver face à Camille dans cet état, ça aurait été un peu trop pour elle.

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Lunettes de soleil sur le nez, air grognon sur le visage, c'est ainsi qu'entra Léa au café. Alice était déjà arrivée, elle avait proposé de faire l'ouverture ce matin-là, se doutant de l'état de sa patronne au petit matin.

-       Eh bien alors boss ? On ne tient pas l'alcool ?

-       La ferme Alice, c'est toi qui m'a poussée à boire ces shooters.

-       Ça va, je ne te les ai pas non plus faire boire de force ! Ria cette dernière. Par contre, tu n'aurais pas été contre que Camille te donne la becquée n'est-ce pas ?

-       Quoi ?! Paniquait Léa.

-       J'ai bien remarqué comment vous vous êtes bouffées des yeux toutes les deux ! Mais t'inquiètes, je garderai le secret ! Répondit Alice avec un clin d'œil avant de partir s'occuper d'un client.

Léa était livide, abasourdie, incapable de bouger. Comment une simple soirée a-t-elle pu mettre un tel bordel dans sa tête ? Elle se demanda comment se sentait Camille, si elle était autant dans le flou qu'elle. Est-ce que ce baiser, cette soirée faisait de Léa une homosexuelle ? Non ce n'est pas possible, elle est mariée à Paul depuis 6 ans et en couple depuis 10 ans bon sang ! Ils ont une petite fille ensemble !

Totalement absorbée par ses pensées, elle n'entendit pas le petit carillon annonçant l'ouverture de la porte d'entrée. Deux mains fraîches se posèrent sur ses yeux, un souffle se posa dans sa nuque, et une odeur caractéristique de jasmin s'infiltra dans ses narines. Elle put presque entendre un sourire se former sur le visage de la femme qui avait occupé toutes ses pensées depuis son réveil.