Où étais tu ?

10 - Surprise

- Sérieux Léa, tu sais que tu as une famille ? Tu te rends compte que ta fille m'a dit hier qu'elle a l'impression de ne plus te voir !

Cela faisait maintenant deux semaines qu'elle avait écrit cette lettre à Camille et depuis, même si Léa pensait reprendre le contrôle de sa vie, elle avait passé le plus clair de son temps dans son salon de thé, à travailler d'arrache-pied sans même s'en rendre compte. C'était bien la première fois de leur vie commune que la tension était si présente au sein du couple. Ils s'étaient déjà bien évidemment disputé, mais la plupart du temps pour des broutilles. Cette fois, l'agacement de Paul à l'égard de sa femme ne cessait d'augmenter, à mesure que l'éloignement de celle-ci se marquait.

Sans même chercher à réellement se défendre, elle répondit d'un air morne :

- Bon écoute Paul, ce n'est pas le moment, je suis épuisée. Je suis debout depuis 5h ce matin, j'ai dû m'occuper des livraisons et d'un tas d'autres choses, et je n'ai simplement pas la tête à t'entendre m'accuser de tout comme ça.

- C'est bien ce que je te reproche ! Tu es toujours fatiguée ! Bon sang Léa, on ne se parle plus ! On ne fait même plus l'amour !

- Nous y voilà ! La voici la vraie raison ! Pas besoin de tourner autour du pot, ni de te servir de ma fille !

- Notre fille ! Et non, ce n'est pas vrai tu n'es pas juste.

Léa laissa échapper un rire sans joie, presque effrayant.

- Je ne suis pas juste. Peut-être après tout. Si c'est ce que tu penses, je vais aller embrasser MA fille, et je vais aller me coucher, ça vaut mieux pour tout le monde.

Laissant son mari au milieu de la pièce, elle alla embrasser sa fille qui dormait déjà paisiblement et qui, dieu merci, n'avait pas entendu leur dispute. Elle était tellement insouciante, souriant dans son sommeil, serrant son doudou dans ses petits bras que Léa s'allongea quelques secondes près d'elle, plus émue qu'à l'accoutumée.

Les secondes s'étaient transformées en minutes et elle resta dans cette position près d'une heure avant de redescendre passer sous la douche, et se coucher près de Paul qui dormait déjà. Elle ne put empêcher les larmes de couler, alors qu'elle essayait d'étouffer le son de ses sanglots sous son oreiller. Elle s'endormit finalement quelques minutes plus tard pour un sommeil sans rêves, épuisée par la puissance de ses pleurs.

A son réveil le lendemain matin, Paul avait sorti le grand jeu et avait préparé un petit déjeuner plus que grandiose. Il avait versé son café dans sa tasse favorite que Clara avait décoré pour la fête des mères, et mis une rose dans un verre en face d'elle. Elle s'avança doucement, s'assit à table et attendit qu'il prenne la parole en premier.

- Ecoute mon amour, je suis désolé. S'excusa-t-il. Je suis simplement triste de ne pas te voir aussi souvent que je le voudrais, mais je n'ai pas été juste, je sais que tu as énormément de travail en ce moment.

Léa eut un pincement au cœur en entendant ses excuses car elle savait au fond d'elle que tout était sa faute. Le jour où elle avait posé son regard sur Camille quand celle-ci était entrée dans son café, c'est ce jour qui avait profondément marqué son changement.

- Ce n'est pas grave mon chérie. C'est moi qui suis désolée, j'aurais dû être plus présente, je ferai des efforts, je te le promets.

- Pour bien débuter les choses, que dis-tu de m'accompagner au supermarché ce matin ? Bon, ce n'est pas la sortie la plus romantique qui soit mais on pourra au moins passer un peu de temps rien que tous les deux.