9 - Vérité ?

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Léa avait le souffle coupé après l'aveu soudain de Camille. Elle ne pouvait plus penser à rien d'autre à ce moment même, elle ne pensait pas à son mari qui l'attendait chez elle, ni à sa petite fille qui avait besoin de ses parents pour grandir. Non, tout ce dont elle pouvait penser à ce moment fut cette fille en face d'elle. Son corps toujours près de la porte, sa bouche pincée, ses mains jouant l'une avec l'autre, ce qui montrait très clairement son trouble.

Léa ne put s'empêcher de s'approcher de cette femme magnifique, voulant accrocher ce regard fuyant pour qu'elle puisse la regarder pour toujours. Cette dernière, la sentant se rapprocher d'elle, leva enfin son visage pour la regarder. Et ce qu'elle vit dans ses yeux la terrifia autant qu'elle l'enflamma, un regard plein de désir, déterminé et sans équivoque.

Elle lui dit d'une toute petite voix :

- Que fais-tu Léa ? Ne fais pas ça s'il te plait.

Léa ne répondit rien, elle était incapable de formuler un mot ou une phrase intelligible. Elle savait simplement que rien ni personne ne l'empêcherait de faire ce qu'elle avait envie de faire à cet instant.

- Léa ... Il ne faut pas, cette soirée c'était simplement une erreur, je n'aurais jamais dû t'embrasser.

Mais elle ne l'écoutait même plus. Elle était bien trop concentrée sur les yeux gris légèrement assombris, sur le décolleté léger du t-shirt ample, ou sur sa propre main qui avait commencé à caresser sensuellement la mâchoire fermée de son amie. A ce geste, Camille sentit sa respiration se saccader, elle avait de plus en plus de mal à réfléchir correctement, mais elle réussit tout de même à articuler une dernière phrase.

- Tu ... Euh ... Ta famille t'attend. Tu ne peux ... leur ... te faire ça.

Comme pour la faire définitivement taire, Léa plaqua violemment sa partenaire contre la porte qui trembla sous l'impact. Cette dernière, surprise de tant d'audace, était complètement à sa merci.

Son corps collé tout contre celui de Camille, ses mains de part et d'autre de son visage, Léa était à quelques centimètres de ses lèvres. Elle pouvait sentir son trouble, son souffle saccadé tout contre sa bouche. C'est avec une assurance déconcertante qu'elle lui ordonna dans un souffle :

- Embrasse-moi Camille ...

Cette dernière, privée de ses dernières facultés de penser rationnellement ne se fit pas prier pour lui obéir et attrapa la lèvre inférieure de Léa avec ses dents, ses yeux plantés dans les siens. Léa sentit sa langue s'infiltrant dans sa bouche, et ne put réprimer un gémissement presque douloureux. Leur baiser se fit pressant et sauvage, leurs peaux brûlaient, un tsunami prenait place dans leurs ventres, remontant jusqu'à la base de leurs nuques.

Camille ressentit un soudain besoin de plus. Dans un mouvement habile, elle inversa sa position avec celle de Léa et la plaqua à son tour contre la porte. Cette fois, c'est elle qui avait le plein pouvoir sur la situation. Elle ouvrit violemment la chemise de Léa, faisant sauter quelques boutons au passage, qu'elle envoya valser dans le salon. Tout en tentant de lui retirer son t-shirt, elle prit d'assaut son cou qu'elle parsema de baisers mouillés. Léa, la tête renversée en arrière, enleva à son tour le t-shirt de la jeune femme en face d'elle et la poussa vers le canapé tout en l'embrassant.

Les deux jeunes femmes étaient en soutien-gorge et pantalon lorsque que Léa, allongée sur le canapé, sentit Camille s'installer à califourchon sur elle. Elle s'immobilisa quelques instants au-dessus d'elle, la fixant de ses yeux devenus noirs de désir. Elle la vit ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais rien ne sortit. Camille, pourtant habituée aux coucheries d'un soir, n'avait jamais ressenti une telle vague de désir l'envahir, un tel besoin de délivrance sexuelle. En regardant son amie, elle avait soudain eu envie de tout arrêter, avant que cela n'aille définitivement trop loin, mais son besoin de cette femme à cet instant fut beaucoup trop fort pour elle. Elle finit par bredouiller un petit :

- Et puis merde.

Parole qu'elle accompagna d'une morsure dans le cou de Léa, qui avait réussi à lui enlever son soutien-gorge d'une main maladroite alors que son autre main s'était glissée à l'intérieur de son pantalon. Elle n'avait jamais ressenti un tel désir pour quelqu'un, son être tout entier tremblait sous les assauts de son amante.

Soudain, la poche de Léa vibra. Maudit téléphone ! Comme une décharge électrique lui faisant reprendre conscience de la situation, Camille se releva brusquement, les yeux exorbités par ce qu'elles avaient toutes les deux entreprit.

Sous le regard ébahi de Léa, elle s'était relevée et avait ramassé son t-shirt au passage, puis alla s'enfermer dans la salle de bain.

A bout de souffle, Léa resta immobile quelques instants, essayant de remettre ses idées en place, puis se leva pour toquer doucement à la porte de la salle de bain.

- Camille ...

Aucune réponse ne lui vint, seulement le bruit léger d'un filet d'eau tombant dans le lavabo.

- Camille s'il te plaît parle-moi ... Réessaya Léa, la voix cassée par les émotions que lui avaient fait ressentir son amie seulement quelques minutes auparavant.

Après encore quelques minutes de silence supplémentaires, elle entendit finalement la voix étouffée de Camille, qui luttait vraisemblablement pour réussir à parler :

- Pars Léa, je t'en supplie vas-t-en.

Silencieusement, Léa ramassa ses affaires et sortit de l'appartement, le cœur en miettes, des regrets plein la tête et des larmes plein les yeux. Elle jeta un œil à son téléphone, s'attendant à voir un appel de son mari, mais elle lut sur son écran :

« Merci les meufs de m'avoir laissée seule au ciné ! Alice. »

Elle rit jaune, rangea son téléphone dans sa poche sans même répondre, et repartit chez elle.



Léa n'avait pas eu de nouvelles de son amie d'enfance depuis plus d'un mois maintenant. Après une dizaine de SMS et une vingtaine d'appels sans réponse, elle avait décidé de conclure définitivement cette histoire en lui écrivant une lettre, qu'elle glissa dans sa boîte à lettres.

Camille,

Tu ne réponds à aucun de mes appels, ou de mes messages, j'avais espéré pouvoir discuter entre adultes de ce qu'il s'était passé. Mais comme tu as choisi de fuir, j'ai décidé de t'écrire cette lettre, non pas pour te demander quoi que ce soit, ni que je sois férue d'échanges épistolaires, mais par besoin de tourner la page.

J'aime mon mari, j'aime ma famille, et je ne les quitterai jamais. J'ai énormément culpabilisé pendant ces dernières semaines, à m'en rendre malade. Ce qu'il s'est passé entre nous était une erreur, mais j'aime à penser que nous aurions pu passer outre si seulement tu avais simplement accepté de me parler.

Nous sommes toutes les deux coupables de cette erreur mais j'aurais aimé que nous puissions rester amies, selon la mesure du possible.

Je sais maintenant que c'est impossible, alors c'est par l'intermédiaire de cette lettre que je te dis adieu.

Ton amie,

Ta Léa.

Après avoir glissé la lettre dans la boîte concernée, Léa ne put laisser échapper une larme qui avait fait soudainement son apparition. Elle esquissa un sourire triste, prête à reprendre sa vie, à tourner la page sur cette histoire. Elle partit tellement déterminée qu'elle ne vit pas un rideau s'ouvrir à la fenêtre du quatrième étage, puis se refermer doucement.

La mère de famille reprit une vie normale, elle s'était comme débarrassée de ses démons en couchant ces mots sur du papier. Ainsi, elle se concentra encore plus qu'avant sur les besoins de sa famille, elle appelait toutes les semaines sa meilleure amie et elle allait au travail avec un sourire plaqué sur son visage, en ignorant les regards perplexes que lui jetait Alice.

Elle n'avait parlé à personne de cette histoire. Aux questions qui se posaient, elle répondait simplement que Camille était occupée ces derniers temps, mais restait évasive. Si Paul ne se doutait de rien, Alice savait que quelque chose clochait, mais elle n'avait pas réussi à joindre Camille non plus et Léa ne semblait pas vouloir lui parler, elle était donc dans le flou total. 

Où étais tu ?Where stories live. Discover now