Chapitre 1: Le jour de mes 18 ans

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De nos jours, Pittsburgh.

J'ai passé ces deux dernières années à attendre avec impatience d'avoir 18 ans.

Je ne cessais de penser que ce serait le jour le plus important de ma vie. J'allais enfin pouvoir dire ce que je pense sans qu'on me rétorque que je ne suis qu'une enfant. J'allais enfin pouvoir sortir et être libre de mes mouvements. J'allais enfin pouvoir prendre mes décisions sans en référer systématiquement à mes parents sous peine d'une punition horriblement injuste (les punitions sont toujours injustes, non ?). J'allais enfin avoir ma propre carte bancaire et gérer mon argent de poche. J'allais enfin pouvoir faire des virées avec mes copines à l'autre bout du monde.

Bref, j'avais prévu que ce serait le plus beau jour de ma vie.

Mais j'avais bien compris, avant même que le jour de mes 18 ans ne soit arrivé, qu'il allait en être autrement.

Mes parents, sentant mon impatience, avaient glissé subrepticement des allusions quant au fait que les règles restaient les mêmes à 18 ans comme à 17.

C'est-à-dire :

- Pas de sorties sans permission parentale.

- Toujours prendre les repas en famille.

- Ne pas exploser son forfait de téléphone.

- Toujours demander l'autorisation avant de prendre la voiture.

- Ne pas aller trop vite avec les garçons (je résume très trivialement la discussion horrible que ma mère a tenu à me faire subir sur les relations amoureuses. Comme si à 17 ans, je n'avais jamais fréquenté !).

Et je pense que ça n'est là que la partie émergée de l'iceberg. Je suis sûre que celui qui a conçu cette liste n'a pas eu assez de papier pour la finir.

Avant même mes 18 ans, je commençais ainsi à deviner que « le plus beau jour de ma vie » ne le serait peut-être pas tant que cela en réalité.

Je ne pouvais pas imaginer, en effet, que j'allais mourir le jour de mes 18 ans, n'est-ce pas ?

Oh attendez, je vais peut-être un peu vite. Je devrais reprendre au début de cette fameuse journée :

J'ai eu 18 ans le jour du printemps, un mardi, en pleine semaine... évidemment.

D'ordinaire, les gens vous souhaitent leurs bons vœux d'anniversaire aux heures socialement acceptables.

Sauf que cette année, ça n'a pas été le cas pour moi. Mes meilleurs amis s'étaient lancé un défi : qui serait le premier à me souhaiter un joyeux anniversaire via Facebook, Twitter, Snapchat, Insta, Whattsapp et SMS ?

Du coup, à partir de minuit, ça a été un combat titanesque entre mes trois meilleurs amis et tous ceux qui avaient eu vent de la compétition et qui s'étaient portés challenger.

Entre mon ordinateur et mon téléphone portable, les messages affluaient et comme j'étais la seule arbitre, j'ai dû rester éveillée bien plus tard que d'habitude.

Comme il y en a toujours quelques-uns pour contester les décisions de l'arbitre, cela a duré une petite partie de la nuit.

Je n'ai pu éteindre mon téléphone et mon ordinateur que vers 3h du matin.

Et ensuite, j'ai eu vraiment un mal de chien à m'endormir car je n'arrêtais plus d'entendre dans ma tête les sonneries des notifications.

A 7h30, mon réveil a sonné comme tous les matins depuis des années. Misson : ouvrir les yeux et se mettre en route pour une longue journée au lycée.

Pacte avec Hadès - Roman TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant