Pacte avec Hadès - Roman Terminé

Chapitre 5 : L'opération séduction

Après ma fête d'anniversaire, je mis au point mon plan d'attaque, que j'avais secrètement nommé « L'opération séduction ». J'avais écrit tout ce qui m'était arrivée depuis mon anniversaire sur un cahier. J'espérais, d'une part, ne pas oublier cette partie de ma vie quand je serai vieille, et d'autre part, j'espérais qu'écrire mes idées me permettrait d'y voir plus clair. En effet, même si j'avais un rendez-vous prévu avec Brad deux semaines plus tard, je ne pouvais me permettre de risquer de faire erreur avec lui et de passer à côté d'autres occasions.

Je profitais de mon dimanche pour emmagasiner un tas d'informations sur la séduction. Journaux féminins, internet, émissions télé furent mes principaux inspirateurs. A la reprise du lycée, je fis extrêmement attention à la façon dont je m'habillais. Je pris du maquillage et du vernis à ma mère et surtout, j'appris à m'en servir grâce à internet. Je me parfumais outrageusement. Et enfin, je me fis plus observatrice au lycée.

Je me rendis compte, de cette manière, que les garçons tournaient le regard dans la direction d'une fille dès qu'elle gloussait près de lui. Je tentais alors de modifier mon rire. Je m'aperçus aussi que les garçons n'aimaient pas les voix trop aiguës ou trop graves. Je pris ainsi l'habitude de parler d'une voix légèrement rauque. Je n'attachais plus mes cheveux afin de pouvoir jouer avec eux d'une manière que j'espérais sensuelle. Et je profitais du soudain intérêt de Rick pour moi afin de me rapprocher d'autres beaux gosses du lycée. J'avais compris, par ailleurs, que les garçons n'étaient pas très subtils et que les filles devaient leur lancer des messages très clairs pour faire comprendre qu'elles étaient intéressées.

Evidemment, tout ceci signifiait aussi que je délaissais un peu mes amis.

Ils me reprochaient d'être souvent dans mes pensées et de ne plus vraiment participer aux conversations. Je leur disais que j'étais encore un peu étourdie par mon choc à la tête et pour le moment, l'excuse semblait satisfaire, même si j'apercevais fréquemment une lueur de déception dans les yeux de mes amis.

Logan tentait par tous les moyens de me raccrocher à la réalité mais j'avoue que, même en cours, mon esprit divaguait et passait en revue mes camarades masculins. Celui-ci était trop intello, celui-là pas assez. Tel autre était déjà en couple, tel autre était trop inexpérimenté. Et c'était la valse incessante dans mon cerveau. Aucun ne trouvait grâce à mes yeux et plus les jours passaient et moins je trouvais de solution à mon dilemme.

Rick fut, contre toute attente, le meilleur remède antidépresseur. Il me présenta à ses potes comme sa petite amie (ce qui n'était pas le cas). Cela me permit de traîner plus facilement avec les populaires du lycée. La contrepartie était que je devais me laisser embrasser et peloter par Rick. Evidemment, ça aussi mes amis ne le comprirent pas. Ils ne saisirent pas non plus pourquoi je passais plus de temps avec les vilains qu'avec eux. J'avais beau leur dire que je leur réserverai mes week-end, ça n'était pas assez. Après une énième réflexion de Stella sur mes nouvelles amies, je vis rouge et lui fis une remarque malheureuse :

- Je ne savais pas qu'en étant amie avec toi, je te devrais l'exclusivité.

Je vis les réactions peinées de mes amis dans la seconde suivante et ne pouvant assumer ce que je venais de dire, je m'enfuis lâchement pour retrouver Rick. Avec lui, ce qui était bien c'est qu'il était tellement égocentré que ça n'était pas difficile de faire semblant d'écouter tout en divaguant par l'esprit. D'ailleurs, j'appris à l'apprécier. Il pouvait être vraiment sympa et drôle quand il n'était pas avec sa bande de copains.

Après le lycée, Rick m'emmenait dans son bar préféré faire du billard ou encore dans un squat chez un ami à lui. J'y rencontrais plein de gars que je ne connaissais pas. Des jeunes et des plus âgés. Nous passions de bons moments, mais il m'était difficile de draguer quelqu'un en présence de Rick. En plus, aucun des gars rencontrés ne me plaisait.