chapitre 1

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Perdu dans une symphonie

Quand tout le monde sourit

En pleine compétition, quand on est emporté par la vitesse, que l'on vole dans l'eau, il est dur de faire attention au silence. Mais quand on coule et qu'on ne peut pas remonter, là, c'est autre chose. J'étais en apesanteur dans l'eau. Je rêvais. Je rêvais de couler sans jamais remonter. Je savais que mon acte n'était ni morale, ni éthique ; mais il était hors de question que je vive dans un fauteuil.

Il y a un mois, une tempête m'avait pris mes jambes, m'avait pris ma raison de vivre. Alors mourir dans l'eau était la meilleure chose.

Je ne m'étais jamais rendu compte à quel point l'eau était silencieuse. Moi qui aimais parler, écouter de la musique pendant des heures, m'imaginer les formes du son... C'était agréable. Mais terrifiant. D'un côté la volonté de mourir et de l'autre l'instinct qui hurlait de stopper la douleur, tout deux pesaient sur la balance qu'était ma vie. Ma pauvre vie. A ce moment-là, j'étais silencieusement bruyante, mon âme était remplie de vide, mon esprit était vide de sens et mon cerveau était un labyrinthe, Je n'étais pas encore arrivée au fond et mes tympans sifflait. A quoi bon les empêcher de claquer ? Javais déjà perdu deux des choses les plus importantes de ma vie. J'allais mourir de toute façon.

Le sol frappa mes cuisses, mes pieds. Je posai la paume de mes mains sur le carrelage. Du froid, voilà ce qui traversa mes os. Le froid meurtri par la souffrance, la glaciation mortelle des désespérés.

La haine elle, traversa ma moelle épinière, s'arrêtant là où elle ne pouvait plus aller. La haine, une amie si fidèle des hommes. Même lors de mon suicide, elle restait à mes côtés. La haine d'être devenus une handicaper, d'avoir était idiote, de ne pas avoir écouté, de les avoir laissé faire.

Dans un soupir de soulagement, j'expirai l'aire qui restait dans mes poumons, observant le spectacle magnifique des bulles grimpant pour retrouver la liberté. Javais mal, très mal, extrêmement mal. Mais quelle idée aussi ? La noyade ! Une des pires morts ! Mais je le méritais ! Je méritais de mourir, j'étais  faible.

Une douleur encore plus atroce claqua dans mon crâne. Je convulsais, étouffais, pleurais. Je tentai de crier, mais rien à faire. Je n'avais plus d'oxygène, plus de jambe, plus d'amis. Alors que je perdais connaissance, enfin, je sentis que je venais de perdre bien plus que ma vie.

Le silence du pianoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant