chapitre 3

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les labyrinthes sont la vérité

d'une pudeur de secrets perdus et entremêlés

alors que les lignes droites n'ont rien à cacher.

car le mensonge a déjà tout révélé.

Je m'étais perdue en voulant aller aux toilettes pendant la nuit. Il n'y avait pas de lumière et je n'arrivais pas à toucher les murs à cause de mon fauteuil.

Alors j'étais resté là jusqu'à ce que mon père se réveil.

J'avais toujours le même lit. Mais on avait remplacé ma chaise de bureau par une petite plateforme en pente pour que tout me soit accessible.

Ma fenêtre était grande ouverte comme à son habitude, sauf que contrairement à d'habitude je n'entendais plus les oiseaux, le vent, les voitures et tous ces bruits insupportables qui nous font vivre.

Ces bruits... on ne se rend pas compte de leur importance. Mais lorsque leur absence se fait présente, la prise de conscience de leur importance est immédiate. Mais on ne peut plus rien, alors, on observe et on ressent.

Les sens qui nous reste sont complètement décuplés. Comme des superpouvoirs en moins super.

Mon cadeau d'anniversaire était juste en face de ma fenêtre. Un piano. Un piano pour une sourde. Imaginez un peu la tête de mes parents.

J'allais prendre des cours par correspondance. Pas de collège. Pas de lycée. Un métier ?

Je ne m'entendais plus parler, alors je criais, j'étais donc également devenu muette. Le silence . Si mes parents voulaient me parler, ils allaient devoir apprendre le langage des signes, et moi aussi. Je n'en avais pas envie. Je ne voulais plus communiquer. Je ne pourrais jamais rencontrer la femme de ma vie, ni aller à des entretiens d'embauches, ni faire les courses. J'étais une handicapé.

Comme un cadavre. Un cadavre ambulant.



Le silence du pianoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant