Chapitre 3

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— Bonsoir Monsieur Battier, vous m'excuserez un instant ? Je dois m'entretenir avec Mademoiselle Brasier, déclara Monsieur Georges.

Théo acquiesça malgré cette interruption.

— Je vous en prie. Je vous souhaite une bonne soirée.

Il regarda la jeune fille quitter les lieux. Elle dirigea rapidement son regard vers lui avant de disparaître dans le couloir. Inconsciemment, il fronça les sourcils, se questionnant à la fois sur cet échange visuel et sur la raison de l'interpellation du proviseur. Alors qu'il rangeait ses affaires, il fallut quelques secondes à Théo pour prendre conscience de la déception qu'il ressentait face à l'intervention de Monsieur Georges. Il avait apprécié la manière qu'avait Jade d'enchaîner sur sa métaphore, et peut-être que cet échange aurait été véritablement intéressant.

Théo secoua la tête, chassant cette pensée, mais la considérant assez importante pour la garder dans un coin de sa tête. Alors qu'il s'apprêtait à partir, il jeta un dernier coup d'œil à la salle de classe. Il vit, posé sur le dossier d'une chaise, une écharpe d'une couleur émeraude. Il s'approcha, et se remémora Jade assise à cette place. Il esquissa un sourire compatissant en pensant à la frustration que ressentirait la jeune fille en découvrant son oubli. Il pourrait la rattraper et la lui donner, mais il sentait que son interaction avec elle cela pourrait être mal interprété à la fois par la jeune fille, et par le proviseur.

Il prit délicatement l'écharpe entre ses mains et la plia soigneusement avant de la ranger dans sa sacoche en cuir. En quittant le lycée, il passa par l'accueil, et s'arrêta un instant. Il considéra la possibilité de déposer l'écharpe à cet endroit, plutôt que de la garder. Mais il se ravisa. Il la lui rendrait au prochain cours.

En chemin vers sa voiture, Théo écouta un message laissé une dizaine de minutes auparavant par Maxime, son meilleur ami.

— Qu'est-ce que tu fous, t'as des heures de colle ? Ramène-toi vite, on a déjà commencé les échauffements.

Une autre voix se fit entendre au loin.

— Théo arrête tes heures sup' et viens faire des paniers !

— Ouais bon, tu vois quoi. Allez à toute.

Théo raccrocha, un sourire aux lèvres. Il démarra la voiture et se dirigea vers le gymnase de la ville. Il espérait que le basket pouvait, pendant au moins une soirée, lui vider l'esprit.

Après plus d'une heure de match amical, Maxime vint trouver Théo dans les vestiaires.

— Dis donc, en trois ans de basket je ne t'ai jamais vu si concentré ! Alors, ton boulot, comment ça se passe ?

— Ça ne me change pas vraiment de mon autre poste, j'ai toujours les mêmes regards vides devant moi et y'a que le style vestimentaire qui change, déclara-t-il en riant. Mais j'ai remarqué quelques bons éléments.

— Tout le monde ne peut pas être aussi hyperactif que toi. Tu te souviens en cours de techno en troisième, t'avais fini avant tout le monde de fabriquer ton voilier et tu foutais de la colle au pistolet sur toutes les chaises.

— Seulement sur celles de ceux que j'appréciais pas...

— À peu près tout le monde, non ?

Théo sourit et présenta un doigt d'honneur devant son ami hilare.

— Enfin, si t'as de bons éléments ça peut te redonner foi en l'humanité.

— Faudrait pas exagérer, mais... J'ai l'impression de leur devoir quelque chose, à ces jeunes.

𝑬𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒍𝒆𝒔 𝒍𝒊𝒈𝒏𝒆𝒔 (Prof/Élève)Where stories live. Discover now