Chapitre 4

764 32 8
                                    

Les décorations de Noël illuminaient le parc botanique de couleurs vives. La brise glaciale s'engouffra sous l'écharpe de Jade qui frissonna, parcourant les rues de la petite ville. En cette matinée de fin novembre, elle put saisir l'atmosphère des fêtes qui approchaient. Son cœur se serra. Sa mère avait quitté son père un soir de Nouvel An. Auparavant, Jade n'appréciait pas réellement les fêtes de fin d'année. Seulement, depuis cet événement, elles lui laissaient un goût amer, malgré les bons repas en présence de son père et de sa sœur.

Jade se frotta les yeux, accusant la fatigue d'un manque de sommeil. L'angoisse l'avait laissée tranquille la veille, mais la tristesse était toujours là, bien installée, nichée près de son cœur. Au moins, la fréquence de ses sanglots nocturnes s'était ralentie.

En approchant du portail du lycée, elle s'arrêta à quelques mètres. Elle vit Battier refermer la portière de sa voiture. Elle déglutit et sentit le rythme de son cœur accélérer, avant de froncer les sourcils. Pourquoi réagissait-elle ainsi rien qu'en voyant le professeur ? Peut-être était-ce la manière dont Battier l'avait regardée, s'était adressé à elle, presque dans un murmure. Elle se pinça légèrement la joue. Il fallait qu'elle se détende. Une fois Battier hors de son champ de vision, elle continua son chemin.

Après une matinée de cours, Jade et ses amies mangèrent à la cantine du lycée. Melinda fit une grimace en inspectant le poisson pané dans son assiette.

— Beurk. Vous savez, j'ai l'impression que le budget a encore régressé.

— Ils préfèrent payer de nouveaux tableaux tactiles, répondit Hélène.

— Parce qu'on s'en fout si les élèves ont faim, ils seront quand même captivés par la technologie de pointe, annonça Jade. Mais avoue que t'es quand même difficile.

— Bah je les paye, je peux être difficile, déclara Melinda.

— Oui, mais tu sais que tous les sous servent à financer les cartes de cantine. Cesse donc d'être naïve ! répondit-elle d'un air faussement dramatique.

— Au fait, tu comptes nous dire ce qu'a répondu Battier ? demanda Hélène.

Jade prit son temps avant d'avaler sa nourriture, et esquissa un sourire nerveux. Melinda et Hélène avaient leurs yeux rivés sur elle.

— Il a accepté.

— Il a dit quoi, exactement ?

— En fait... On doit se voir après les cours, mais il ne m'a pas dit pourquoi. Je pense qu'on va préparer ça. Mais...

Les pensées de Jade la ramenèrent au moment où Battier l'observait, avec un regard qu'elle ne pouvait définir.

— Bah, s'il a accepté c'est le principal,  annonça Melinda en terminant nonchalamment son yaourt au chocolat.

Hélène, quant à elle, posa sur Jade un regard interrogateur.

— Mais quoi ?

— Ok, je vais vous le dire, mais bien entendu vous garderez ça pour vous, dit Jade.

Melinda écarquilla les yeux et Hélène hocha la tête en guise d'accord. Jade leur raconta les faits, sans donner ses impressions personnelles, comme elle résumerait un texte de français. Hélène sembla réfléchir, tandis que Melinda sourit.

— Ça se trouve tu l'intéresses, déclara-t-elle.

Jade sentit son cœur manquer un battement.

— Et puis quoi encore ? On ne se connaît même pas.

— Pas besoin de connaître une personne pour qu'elle suscite un intérêt, annonça Hélène.

— C'est un prof ! On a quoi, dix ans d'écart ?

𝑬𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒍𝒆𝒔 𝒍𝒊𝒈𝒏𝒆𝒔 (Prof/Élève)Where stories live. Discover now