Chapitre 9

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Maxime et Théo étaient assis dans un bar de la ville, le seul qui maintenait une bonne réputation. Comme chaque Dimanche après-midi, des groupes de musique aux styles variés s'y présentaient. Théo n'appréciait pas plus que ça l'idée de sortir, mais il avait besoin de s'aérer l'esprit. Il raconta en détail l'appel de sa mère concernant son père.

— Ça craint, déclara son ami en croisant les bras sur la table. Tu comptes aller le voir ?

– C'est ça le problème, je ne sais pas ce que je suis sensé faire. Plus les jours passent, et plus l'idée d'y aller devient... pesante.

– Il te faut peut-être encore un peu de temps avant d'accepter la situation. C'est une nouvelle qui n'est pas facile à admettre.

– C'est la première fois que je ne sais pas comment me comporter... Au moins être en froid avec lui, ça me facilitait la tâche à ce niveau-là.

– Ha, tu trouvais ça facile ? demanda Maxime en esquissant un sourire.

– D'accord, disons que ça me permettait de ne pas y penser.

Théo fut conscient que rien ne l'empêchait d'aller à la rencontre de son père, extérieurement. Mais au fond de lui, il savait que cela raviverait une colère qu'il avait enfoui depuis longtemps. Il n'était pas du genre à avoir beaucoup de regrets, mais les mots de sa mère s'étaient enracinés dans son esprit. Depuis, il se demanda si cela ne ferait que lui donner bonne conscience d'y aller, ou bien si cette action l'impacterait bien plus profondément. Il soupira, cela faisait des jours qu'il avait beau retourner le problème dans tous les sens, il était toujours perdu et il détestait ça. Après tout, peut-être que regarder le problème en face était la meilleure solution.

— Je pourrais y aller, dit-il après quelques instants.

– Tu vois, je pense que c'est ce qu'il faut faire. Je peux t'accompagner, si tu veux.

– Non, je préfère y aller seul. Mais je te dirai ce qu'il en sera.

Théo apprécia que son ami n'essaya pas d'insister. Leur relation était basée sur une confiance et un respect mutuel depuis plusieurs années, mais quand il s'agissait d'émotions, le jeune homme préférait gérer cela seul. C'était quelque chose qui le mettait facilement mal à l'aise, et s'exprimer à ce sujet lui était terriblement difficile. Il était doué pour avoir des raisonnements et proposer des solutions à des problèmes, pas pour réconforter autrui. Maxime respectait cette limite, en ce sens il se sentait libre d'aborder les sujets les plus difficiles avec lui sans en attendre un quelconque soutien d'ordre émotionnel, mais plutôt intellectuel.

Soudain, dans son champ de vision apparut un visage familier : celui d'une de ses élèves, et non des moindres.

— Oh, bonsoir monsieur ! Dit la brune au fard à paupière noir.

Elle ne prit pas attention à Maxime, focalisant son regard sur Théo. Il dut faire un effort surhumain afin de ne pas lever les yeux au ciel. Il ne fut pas surpris, c'était une petite ville, et vu son accoutrement il était évident qu'elle nourrissait une passion pour la musique indépendante. Maxime regarda Théo du coin de l'œil tout en buvant sa bière.

— Bonsoir, Charlotte, finit-il par répondre sans cacher son indifférence.

— Je voulais vous remercier pour votre patience, je sais que j'ai encore beaucoup de progrès à faire, mais ce que vous m'avez dit m'a fait réfléchir et je compte bien redoubler d'efforts pour augmenter ma moyenne, dit-elle d'une voix claire.

— Charlotte, quel jour sommes-nous ?

— Euh... Dimanche.

— Est-ce que la session de soutien a lieu le dimanche ?

𝑬𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒍𝒆𝒔 𝒍𝒊𝒈𝒏𝒆𝒔 (Prof/Élève)Where stories live. Discover now