Neuvième

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« Et la guerre, et la guerre, on l'a fait, on la refera, pourquoi donc épiloguer ? » - Pnl.






Gabriel




Cet après-midi, à Saint-Hélène, j'ai bien cru que j'allais céder. Lorsque ses doigts fins touchaient mon torse, dans ma tête, j'lui faisais déjà l'amour. Je la voyais les yeux mi-clos, la bouche entrouverte, haletant pour un peu d'air dans cette bulle de plaisir.







Si les gars n'étaient pas revenus, Dieu sait ce qu'il se serait passé sur cette plage. J'aurais baptisé Saint-Hélène au fluide de Céleste.



Lorsque je la vois, mon cœur semble vouloir exploser dans ma poitrine. On nous habitue pas, à voir de si jolies filles. Et son corps, c'est la nymphe du plaisir qui l'a créé, parce qu'il est impossible d'y résister.




- Eh ben dis donc, Gabriel !





Mon père entre sans toquer dans ma chambre, un immense sourire scotché sur les lèvres. Je soupire et esquisse l'ébauche d'un sourire, même si mon unique envie est de le voir partir au plus vite.

- Pour qui est-ce que tu t'es fais si beau ? s'exclame-t-il.


Je hausse les épaules et m'assieds au bord du lit pour mettre mes chaussures.


- Personne. Je vais en soirée ce soir, c'est tout.





David hoche la tête, puis continue à parler, tandis que je fais tout mon possible pour ne pas l'entendre.


Mon père, c'est un lâche. Ce genre d'homme qui quitte sa femme parce qu'elle tombe malade. Ce genre d'homme qui détourne les yeux face à la souffrance d'autrui et s'accroche à la première pierre qui passe. C'est un arriviste doublé d'un fuyard. Y'a rien chez lui qui m'inspire, et mon seul souhait, c'est de ne pas lui ressembler.


Ma belle-mère, Cynthia, je l'adore. C'est une perle, hyper généreuse, et je me demanderais toujours ce qu'elle peut foutre avec mon trouillard de père.





- Bon, j'y vais, dis-je en lui coupant parole.


Ce dernier me regarde en biais, et je pourrais discerner une once de tristesse, mais je ne m'y attarde pas et claque la porte de la suite sans me retourner.





Lorsque mon père vient me parler, j'ai toujours l'impression que c'est forcé. Il n'y a pas de sincérité dans sa voix, et la vacuité de son regard me file des frissons.





Dieu, faites que je ne devienne pas comme cela.








En arrivant dans le hall de l'hôtel, mon coeur s'emballe soudainement. Céleste devrait arriver d'une minute à l'autre. En effet, ce soir Mattéo fête ses dix neuf ans et il nous a tous invité en boîte. J'ai cru comprendre qu'il avait privatisé le carré VIP. Dans tous les cas, il risque d'y avoir du monde.





Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent, j'ai l'impression que le temps se met soudainement en pause.


Céleste est habillée d'une simple petite robe noire, mais toutes ses formes sont admirablement mises en valeur sous le drapé de lin. Ses cheveux frisés sont attachés en un chignon haut, d'où une multitude de mèches s'échappent, ornant son visage de la manière dont la tiare sublime la reine.

Céleste esquisse un sourire timide et avance vers moi. J'ai plus les mots.


- T'es belle, putain. je souffle lorsqu'elle arrive.




- Toi aussi, t'es pas mal, dans ton genre.



Un sourire s'esquisse au coin des lèvres que je rêve de baiser.


Les doigts de Céleste se mêlent soudainement aux miens. C'est d'abord l'auriculaire qui chatouille mon derme, et je frissonne sous l'esquisse délicieuse de sa peau contre la mienne. Puis, une multitude de piqures transforment ma main en une zone érogène lorsque ses doigts s'entremêlent aux miens dans une valse divine.

J'aurais jamais pensé que tenir la main d'une fille puisse être aussi ...



Céleste.










...

Toile de JuteWhere stories live. Discover now