RUN [A.G]

CHAPITRE 32

Tout s'embrouille dans son esprit. Chaque sentiment qu'elle ressent se bouscule à un autre et elle est prête à exploser. Rapidement, elle se laisse glisser contre un mur totalement dépassée. Elle n'arrive toujours pas à croire ce qu'on vient de lui dire. Elle est tout et rien à la fois. Son cœur tambourine contre sa poitrine prêt à sortir à tout moment.

Elle est d'abord terrorisée. Pourquoi ? Parce qu'elle a potentiellement un poste en Espagne en tant qu'assistante pour le coach. Mais pourquoi être terrorisée ? Parce qu'elle n'a jamais quitté la France. Son espagnol remonte au lycée et déjà à l'époque, il n'était pas glorieux. Elle inspire profondément pour faire taire la vague de terreur qui la submerge.

Puis vient ensuite le doute. Et si elle n'était pas prête à quitter son pays ? Ses parents ? Son frère ? Et si elle n'était pas prête à réellement dire adieu à son rêve de recourir ? Et si elle n'était pas bonne en tant qu'assistante ? Et si Antoine avait été tellement persuasif à propos de la jeune femme que leur coach avait voulu être gentil ? Et si entre elle et Antoine, ça se finissait, que deviendrait-elle dans un pays dont elle ne connaît rien ? 

Elle inspire une nouvelle fois et expire bruyamment. Une femme de ménage passe à ce moment et la regarde bizarrement. Gabrielle cache son visage dans ses bras et semble sur le point de pleurer.

Après tout ça vient la résolution. Elle est arrivée à se persuader qu'elle n'avait rien à faire en Espagne. Et si elle ne devenait que la "petite amie de " ? Jamais elle ne pourrait le supporter. Elle a été sous le feu des projecteur et elle doute de pouvoir revenir dans l'ombre, elle ne sait pas si elle est capable de faire briller les autres au détriment de sa personne. Elle se mord alors violemment l'intérieur de la joue, consciente que ce qu'elle pense est totalement égoïste. 

« - Gab' ? Lance un voix d'homme. »

Gaby relève la tête pour découvrir le regard inquiet d'Olivier Giroud. 

« - Est-ce que ça va ? Il demande en s'accroupissant près d'elle.
- Je... je crois que je... fais une... une crise de panique... »

Le brun s'approche d'elle et lui indique de bien respirer. Il semble totalement dépassé mais son soutien a un certain effet sur la jeune femme qui se calme au bout de quelques minutes. 

« - Tu vas mieux ? Gabrielle hoche la tête. Est-ce que je peux savoir ce qui t'a mise dans cet état ?
- J'ai appris que j'aurais un poste en Espagne, en tant qu'assistante coach, dans l'équipe d'Antoine. 
- Mais c'est génial ! S'exclame le joueur avant de se calmer devant le peu d'enthousiasme de la jeune femme. C'est pas génial ?
- Je me demande si je suis vraiment crédible dans ce rôle, si je ne suis pas prise juste parce que je suis la copine du célèbre Antoine Griezmann, si je serais capable de quitter mon pays et ma famille... Je doute de tout... Et si Antoine et moi ça ne marche pas, qu'est-ce que je deviens dans ce pays qui n'est pas le mien ?
- Je pense que tu penses beaucoup trop... Il te suffit juste de voir ça comme une opportunité, si ça ne te plait pas, tu quittes le job, tu seras là bas avec la personne que tu aimes, c'est tout ce qui compte non ? Tu n'avais jamais pensé à l'après coupe du monde ?
- Si mais j'avais peur. Et puis, on m'a toujours dit que la magie du premier amour c'est de penser qu'il durera toujours... 
- Si tu vis juste avec des phrases toutes prêtes, tu risques de te perdre rapidement. Ecoute, tu es magnifique, tu t'es apprêté pour cet entretien que tu as visiblement réussi, va voir ton homme, annonce lui la bonne nouvelle et fêtez ça tout les deux. Il ne doit surtout pas manquer la vue de ce si beau visage. »

Gabrielle le remercie et après qu'il l'ait aidé à se relever, elle s'élance d'un pas décidé vers la chambre de son homme. Le blondinet lui ouvre la porte, torse nu et en jogging. Il a une brosse à dent dans la bouche, surpris de la voir devant sa porte.

« - J'ai décroché un poste en Espagne. »

Les yeux bleus du garçon s'agrandissent et se remplisse de larmes de joies quand elle lui dit qu'ils seront dans le même club. Après avoir fini de se brosser les dents, le beau français l'embrasse à pleine bouche. Le cœur de Gabrielle vacille et le dernier sentiment de la journée la submerge alors, elle est heureuse. Le seul baiser du jeune homme a réussi à effacer toutes ses peurs, touts ces doutes.