La vengeance est un plat qui se mange collant

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- Tu n'as pas faim frangine?

Zia déposa sur moi ses grands yeux noirs aux traits cernés de noir et khôl doré et me fixa quelques temps sans rien dire.

- Non.

Je la regardai quelques instants. Maquillage sophistiqué, d'innombrables perles indiennes sur son visage mat, collants résilles, lèvres glossées, mini jupe en simili cuir et haut blanc ivoire où une tête de mort rouge vous agressez les yeux au milieu de fausses tâches de sang : avec cet accoutrement, Zia faisait beaucoup plus que ses seize ans !

- Tu vas où ? demandai-je, curieuse.

Ma frangine m'adressa un sourire soulagé en constatant que je ne voulais pas la forcer à manger et me charria gentiment :

- T'es de la mafia?

- Non pire, je suis..

- Ton père?

- Curieuse ! répondis-je en riant.

Elle attrapa un cousin et me le lança dessus sans aucune pitié. Je l'attrapai par la taille et l'entrainai dans ma chute. Elle hurla et on s'aplatit sur le canapé comme deux gros tas informes. Je la saisis par les épaules et amenai sa tête près de la mienne.

- Alors comme ça, tu es en mission secrète? Tu peux tout me dire tu sais, le président américain m'a mis dans la confidence.

Mon ton était léger mais un éclair de désespoir venait de me traverser en constatant la maigreur de ses épaules. Ma frangine était magnifique, sans aucun doute, mais sa minceur était plus que flippante!

- Peut-être que j'ai juste envie d'échapper aux disputes des parents pour quelques heures

- C'est une très bonne raison !

Le silence nous enveloppa quelques instants, juste assez longtemps pour qu'un " T'es vraiment qu'un beau salopard " nous parvienne de la chambre parentale.

- Bon ben je te laisse gamine, va rejoindre tes potes imberbes et éclatez vous ! finis-je par dire en espérant cacher les éclats de voix de nos géniteurs.

Zia sourit mystérieusement et me passa sa langue doucement sur ses lèvres:

- Et qu'est-ce qui te dis que je vais rejoindre mes potes imberbes?

- T'AS UN AMANT??? m'écriai-je.

- Ou une amante, qui sait ? Allez bisous frangine, ne meurt pas de curiosité trop vite ! s'exclama Zia en partant en courant.

Je m'apprêtai à la poursuivre. Mais une petite voix chuchota à mon oreille:

- Je suis désolée Sam, mais le meurtre fratricide n'est pas encore légal !

Je me retournai vers Eden, un poil énervée.

- Toi ! fis-je en pointant un doigt accusateur vers lui, Tu cumules les gaffes ! Tu es responsable du baiser raté entre Timéo et moi, tu n'es pas réapparu depuis trois jours parce que tu flippais et là, tu m'empêche d'assassiner Zia ? Tu vas souffrir mon ange !

- Non mais attend Sam, ça peut s'arranger, je peux tout expliquer !!! cria le petit ange.

Sans prendre en compte ses protestations, je le saisis par son minuscule bras, attrapai le rouleau de scotch et l'enrubannai. Seule sa tête dépassait de ce momifiage collant.

- Sam, libère moi ! C'EST UN ORDRE SAM !!! NON LÂCHE CE SCOTCH !!!!

Avec un sourire sadique, je découpai un minuscule bout de papier collant et lui bâillonnai délicatement la bouche.

- Allez, va demander à Lillith de te libérer maintenant mon cher petit ange !

Écouter l'Ange ou le Démon? Where stories live. Discover now