Partie XXI :

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XXI

Rendez-vous à l'hosto, troisième visite dans la journée.

L'odeur de désinfectant qui nargue mes narines est infect , wallah ça me dégoûte .
Leur sale triste décors , la couleur terne de leur murs et de leur dégaines n'inspirent pas la bonne humeur non plus : tout me donne envie de gerber dans les hôpitaux ou « couloir de la mort » comme on se le dit entre vermines parce qu'ici quand tu es l'un des nôtres sois tu y ressors physiquement en forme , soit handicapé de la tête au ieps . Soit t'es mentalement détruit , soit c'est la morgue qui t'attend . Ouai à ta sortie de l'H soit tu caches ton sourire pour ne pas insulter ceux qui n'ont pas la chance d'être rendu meilleur et heureux, soit tu ressors cadavéreux la chiale qui inonde ta bouille , ou encore , pire , tu n'en ressort pas vivant tout court et c'est cette dernière option que je redoute le plus : sortir un corps sans âme de cet endroit.

« La dernière fois que je me suis posé dans ce coin y'avait -Allia sur un lit vomissant presque ses tripes tout en transperçant l'ouïe de toute la ville, -moi contre le muret , crâne d'œuf entre les mains , attendant comme un demeuré le premier cri de mon gosse.
« Mon gosse » -rires nerveux- ! Ca à sonner faux dans mes oreilles toute ma ive ce p'tit groupe de mots.
L'idée d'être un géniteur alors que moi-même je n'avais pas eu d'exemple, que je ne me contrôlais peu ou pas du haut de mes 24 bâtonnets me foutait la trouille m^me en mettant en tête que j'suis un boss des magouilles. Comment j'allais parler et agir si je devenais daron , si je vais devoir assurer jusqu'aux os l'éducation , le toit , les besoins quotidiens mais surtout refiler le love à un môme qui n'a pas demander à naître ?
J'crois que l'annonce de la grossesse de Allia était le pire coup que je me prenais en plein face après tant d'année de « stabilité » parce que j'pouvais pas lui demander de pisser l'embryon ou de pousser ma progéniture aux mains de deux trois enculés d'inconnus aulieu d'assumer ma responsabilité.
Ouai il suffit pas que je me vide les cojones, que son ventre s'arrondisse puis fin du sexgame chacun trace sa route.
Heureusement que ma mentale de youv et ma fierté de bonhomme puis le renoi qui essayait d'apporter un peu de conscience, d'intelligence et de sagesse autour de moi , m'ont fait prendre conscience que je devrai assumer Allia et le gosse jusqu'au bout.
J'allais devoir devenir de gré ou de force un homme, un vrai , un père , un compagnon ... puis une mère quand le toubib cette flipette de mes deux , sans aucun courage m'a annoncé que « Le bébé était sain et sauf , en bonne santé , mais que malheureusement la mère aura succombé »
J'me rappelle que j'ai rigolé , que je m'étais tapé de sales barres.
Ce mytho ! C'était impossible ! J'pouvais pas devenir daron avant l'heure et pire rester seul-tout avec une petite fille. Et puis Allia avait trop de projets pour Inaya et elle pour crever. Elle était dix fois plus emballé que moi de devenir parent, ça lui refilait une touche de bonheur et de gaieté à sa vie triste . Elle se sentirait moins seule d'après elle.
Moi ces mots étaient butés de ma p'tite vie de voyou depuis que je me devais de « grandir ».
Bordel se dire que la seule femme qui se blottissait contre toi presque tout les soirs laissera une place vide sur le lit , dans le petit appart' , dans ma ive en prenant le soin d'me laisser avec Inaya , son portrait craché . Argh , ça , ça fait mal à l'intérieur wallah. »

Là, tout de suite , je peux pas me faire à l'idée que près de o8 mois après qu'Allia soit décédée et qu' Inaya soit née , cet ange qui m'est tombé du ciel est cloué sur un lit d'hosto , reliée aux fils qui insufflent un peu d'air à ses petits poumons histoire qu'elle respire la vie pendant que moi je la regarde , impuissant , poings serrés , mâchoire contractée , veines qui ne veulent que se péter prés à respirer la mort si elle ne se relève pas au plus vite.
Une bronchiolite (maladie respiratoire) de merde !
La plupart des mômes font une petite kiné et retournent à leurs jouets mais moi la mienne , ma p'tite princesse fait partit des rares cas qui nécessitent une hospitalisation.
Comme par hasard ça n'arrive pas à toi , ni à cette pute qui vient de passer devant moi mais à moi Jalil , toujours Jalil.
Bordel dites au bonheur qu'il arrête de faire le timide avec moi , dites lui qu'il me sourit ce microbe !

"A la youv"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant