Partie XXVIII :

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XXVIII

En tant que p'tit auteur de graffitis, j'ai peint dans la street dans des endroits imaginables ou non avec toujours cette même haine et cette même hargne de percer et de « vivre de mon art , mon p'tit kiffe » un jour.
Ironie du sort, sale chienne de vie ou destin déjà tracé je n'ai jamais pu poser l'acrylique plus loin que sur les murs du hood même si l'espoir d'exposer mes œuvres d'ado -qui chuchotent dans l'ouïe de chaque passant- dans une galerie me grattait souvent la cervelle.
Le pinceau que j'ai à la main, là tout de suite, me fout des frissons partout dans le squelette. J'suis dans mon putain d'élément comme on dit , le seul qui peut me rendre meilleur partout à l'intérieur.
Bordel ça faisait trop longtemps et ça me rappelle beaucoup trop de choses , des putains de bonnes choses les unes plus dingo que les autres.
J'me sens comme dans un rêve , peut être un semblant de revanche sur les keufs qui ont eu à me courser et à me confisquer mes bombes parce que ouai ma vie elle a toujours été rock'n'roll frère , certaines épreuves restent tatoués sur mon épiderme et d'autres y font des trou comme les piercings d'Indochine , pour toujours.

- Beau travail ! Je n'ose imaginer ce que le tout donnera demain. Merci beaucoup !

La femelle est pire qu'un sketch frère.
Elle m'a demandé de lui apprendre l'arabe comme ça elle se trouvera « un gentil garçon aussi doué que moi facilement ».
Elle a vomis ses neurones et tout ses sens s'te conne j'crois -rires- , façon je l'ai recale sec et ti-gen : on a pas à devenir poto en deux journées , je fais mon « taff » , elle ferme sa gueule , me file ma thune et chacun se la pète ni vu ni connu : en gros y'a pas de relation pas professionnelle frère t'as vu ? Professionnelle ! -rires - Je m'y crois trop moi aussi à croire j'suis dans un bureau.
L'autre faudrait bien qu'elle m'explique d'où elle la connait et surtout , surtout , pourquoi ce coup de pouce en douce « en me recommandant » à cette femme alors qu'à croire ses paroles -il y'a bientôt deux mois- chacun devait foutre une croix sur l'autre.

J'parle depuis talheur d'une fresque murale que je viens de faire , -enfin que la moitié- . J'ai été clair : je la fais en deux jours parce que j'ai des choses à faire autre part- ,coup de fil venu de nulle part , refus d'un coup parce que plan foireux peut être , que j'le connais pas le man à l'autre bout du fil , et puis au moins 10 piges , genre trop longtemps que j'ai pas touché à un pinceau , une bombe même un p'tit feutre de rien du tout cousin , 60 m² d'un coup c'est chaud , une proposition inattendue , Bramane qui m'arrache le bigo des mains et qui crache au téléphone que « j'me suis trompé et que j'accepte finalement » parce que d'après lui c'est la chance du siècle pour se réinsérer, puis là , tout ce qui s'est passé dans mon guelb et mon crâne en le faisant ne me fait pas du tout regretter d'avoir accepter parce que je l'avoue en scred' que j'suis fier voire heureux de ce que mes bouts de doigts ont craché sur le mur , ouai œuvre toujours aussi folle de beauté même après 10 piges que je ne m'y suis pas mis, et Dieu m'en soit témoin ça vient de mon fort intérieur parce que déjà j'ai kiffé le faire comme j'ai dit , c'est un futur centre pour gosses handicapés cousin, puis y'a trop de loves à la clé.
Ouai c'est important ça aussi parce que si je compte pas le stock de teu-shi que j'ai pas encore liquidé , j'suis en hess , mes poches sont trouées de partout mais je peux pas me faire des thunes sur leur handicap wech j'suis pas un fils de pute, donc la moitié qu'elle doit me verser aujourd'hui retourne dans leur caisse pour l'association et l'autre moitié dans la p'tite pochette de yemma.
Argh ! Je lui crierait haut et fort demain quand j'aurai la thune qu'elle est propre jusqu'à l'encre et que c'est le fruit de ma sueur d'une journée. Je m'impatiente comme un môme de voir sa réaction , ça nous fera du bien...

Finalement j'me rend compte que j'ai trop donné à la voyoucratie , ouai j'ai laissé trop d'empreintes derrière les barreaux ou dans la rue et mes démons me poursuivront jusqu'à la tombe sûrement mais avoir un vrai « job » le temps de deux p'tites journées me refile un brin d'espoir et de lumière.
J'crois qu'il est temps de briser toutes les barrières qui me niquent la ive.
C'est ma volonté, mais encore faudrait qu'on me laisse cette perspective parce que je sais pas si j'aurai un jour la force de garder mon poing dans la poche et d'obéir à d'autres règles.
Il faut peut être que je la remercie , c'est grâce à elle ce p'tit sourire que ma journée vient de plaquer sur mon faciès. Amira.

"A la youv"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant