Chapitre 3 - Piégé

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Je dois bien passer 2 h au téléphone, le soir même, avec mon groupe de soutien à leur raconter l'incident de l'ascenseur puis le rendez-vous tout droit sorti de la quatrième dimension. Mes amis essaient de me rassurer tant bien que mal, m'indiquant que le grand brun, non Thomas, c'est vrai, il a un nom maintenant, a juste voulu m'effrayer un peu pour se venger. Le problème, c'est que cela a super bien marché. Je suis mort de trouille, je ne fais absolument pas le poids. Vous avez déjà vu une souris se débattre avec un chat, d'après vous neuf fois sur dix qui l'emporte ?

Je passe une nuit assez agitée, rêvant que Thomas m'emmène avec ses potes dans la forêt pour me faire creuser ma propre tombe. Bon en réalité, c'est un peu ce que j'ai fait : quel besoin j'avais eu aussi de le provoquer ce soir-là, à la dernière minute, quand nous sommes sortis des toilettes. Je maudis mon insouciance et mon arrogance du moment. Heureusement nous sommes vendredi, une journée à tenir, juste une journée et c'est le week-end.

Je rase les murs quand j'arrive au boulot, et suis soulagé de ne pas le recroiser dans l'ascenseur. Sincèrement, j'ai même hésité à prendre les escaliers mais la vision des six étages à monter m'en a dissuadé. Finalement la journée se termine sans accro et je rentre chez moi indemne.

*

Le week-end me permet de relativiser un peu les choses. En réfléchissant bien, j'ai peut-être un peu exagéré nos retrouvailles. Il ne m'a peut-être pas regardé de façon aussi enflammée, il n'a peut-être pas utilisé un ton aussi sarcastique pour me parler, son sourire n'avait pas l'air si mesquin, il n'avait pas l'air d'un prédateur repérant sa proie, non, hein ... Le dimanche soir se présente déjà. J'ai passé ces deux jours à ne penser qu'à lui, à tourner en rond et à me ronger les ongles.

*

Le réveil le lundi matin est rude après une mauvaise nuit. J'ai la boule au ventre quand je quitte mon appart'. Le travail finit malgré tout par me changer les idées.

En fin de matinée, mon manager me fait un grand signe de la main m'indiquant de le rejoindre. Il m'accueille dans son bureau avec une mine enchantée et s'exclame :

- On l'a, on l'a, c'est génial, on l'a !

- Quoi, on a quoi ? je demande.

- Le contrat de sous-traitance avec la boite de coaching que tu as vu jeudi ! C'est bon, il est signé !

- Quoi ? Comment ça il est signé ?

- Ben oui, c'est quoi cette tête que tu tires ? Petit bonus, ils aimeraient un nouveau graphisme pour leur support de communication et demande si tu peux rencontrer les autres codirigeants dans leurs locaux pour mieux connaître leur société. Génial hein !

- Quoi ? Que ...mais non, tu veux dire que je vais y aller tout seul ? Pourquoi moi, il y a d'autres graphistes tout aussi bons qui peuvent y aller ?

- Le grand là, Thomas, a demandé à ce que ce soit toi, vu qu'il a déjà fait ta connaissance. Allez, allez, un petit effort, tu n'es plus un novice. Et puis, c'est une super occasion pour nous de confirmer nos compétences.

Il me sort de son bureau en me tapotant l'épaule, Je suis abasourdi par la nouvelle, je n'arrive plus à réfléchir.

- Oh, j'allais oublier, ils ont demandé si tu voulais bien les rejoindre dès demain. J'ai dit oui !

Cette fois, j'ai l'impression de recevoir une enclume sur la tête. Thomas avait très bien manœuvré, j'allais être à sa merci, sans échappatoire.

*

C'est la mort dans l'âme que je monte au 8e le lendemain. Un ordi portable sous le bras et des poches sous les yeux en prime.

Le ChallengeWhere stories live. Discover now