Chapitre 21 - Le cœur ou la raison

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J'appelle Chris dès le lendemain de notre soirée, je compte bien savoir comment il s'est retrouvé avec Alban hier soir. Il décroche presque aussitôt en ricanant :

- Waouh ! 10h58 ! Laisse-moi deviner t'es réveillé depuis quoi, quinze minutes ? J'imagine que le café est encore fumant ?

- C'est ça, fais le malin ! Tu m'expliques espèce de traître !

- Tout de suite les grands mots...

Il me raconte donc, que suite à leur première rencontre, il a totalement converti Alban à sa passion des animés et des mangas et lui a proposé de l'emmener à la boutique de mangas où nous avons l'habitude d'aller. Puis d'échanges en échanges, ils en sont venus à faire cette sortie ensemble ayant tous deux entendu parler du nouveau bar.

- Voilà, tu sais tout. On s'entend bien et je trouve sa compagnie très plaisante. On est juste amis donc ne va pas te faire des films. Sinon en parlant de trahison, tu m'as bien caché ton rendez-vous avec Éric ! Vilain garçon !

- Ça va, je comptais t'en parler. C'est toi qui m'a dit qu'une sortie n'engageait à rien je te signale.

Je lui relate tout de même la demande d'Éric et lui annonce que j'ai accepté de le revoir à la condition qu'il comprenne que je suis incapable de m'engager actuellement et qu'il ne doit rien attendre de ma part, du moins pour l'instant.

C'est tout ce que j'ai à lui offrir, des sorties amicales sans promesse.

*

Nous avons trouvé notre cadence de travail au vu du planning surchargé, mais elle demande une concentration et une attention épuisantes. Je me contente de plus en plus d'un simple encas le midi, et le soir je m'endors régulièrement sur le canapé à peine rentré, me réveillant au milieu de la nuit, bien trop fatigué pour songer à me faire à manger.

L'activité est telle que les occasions pour Thomas et moi de se parler se réduisent au cadre professionnel même si nous nous enquérons timidement de savoir comment se porte l'autre. Je remarque une chose, cependant, son regard a changé. Quand il se porte sur moi, j'ai l'impression parfois qu'il me regarde comme si c'était pour la première fois. J'ai dû mal comprendre le sens de ce regard et c'est assez perturbant.

Éric m'envoie des SMS tous les matins pour me souhaiter une bonne journée. Il vient me chercher le soir, de temps en temps, pour me raccompagner quand je finis tardivement. J'ai conscience des efforts qu'il fournit pour ne pas me presser et de l'attention adorable qu'il me porte. Il faut être fou pour ne pas tomber amoureux d'un tel homme. Je maudis mon cœur de ne pas s'en rendre compte et de n'en faire qu'à sa guise.

*

Je lutte contre la fatigue aujourd'hui et je me sens nauséeux depuis ce matin. Le mélange d'odeurs qui s'échappe de la cantine ce midi me barbouille encore plus. Je tourne donc les talons aussitôt, tant pis, je mangerai mieux ce soir. L'après-midi me semble interminable et je n'arrive plus à me concentrer. Éric m'avait proposé de venir me chercher ce soir et je lui avais répondu que ce n'était pas la peine. Finalement je lui renvoie un message lui demandant si son offre tient toujours, je me sens incapable de prendre le bus tout à l'heure.

La journée se termine enfin : non seulement elle n'a pas été productive, mais en plus, il faudra sûrement que je vérifie et reprenne demain ce que j'ai fait. J'en suis agacé mais pour le moment mon obsession est de gagner mon lit. Un léger vertige me surprend alors que je me lève de mon fauteuil mais il passe, aussi vite qu'il est venu. Je ne m'en formalise donc pas plus que cela, j'ai, après tout, sauté le repas de ce midi.

Le ChallengeWhere stories live. Discover now