Chapitre 23 - Baptême du feu

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Je cligne des yeux sur la lumière du jour, cherchant à me défaire des dernières bribes de sommeil. Un battement de cœur résonne agréablement à mon oreille. La journée d'hier me revient peu à peu en mémoire, puis le souvenir de Thomas me rejoignant cette nuit. Cette fois j'ai les yeux bien grands ouverts : ces battements que j'entends, ce sont les siens. Mon dieu, nous avons donc dormi ainsi toute la nuit ! Je n'ose pas bougé. Mon cœur s'emballe entre joie et appréhension. Je sursaute au son de la voix de Thomas :

- Je sais que tu ne dors plus, pas la peine de faire semblant !

- Ok, je suis grillé... Tu as passé toute la nuit ici ? Dis-je en m'appuyant sur mon coude.

- Visiblement oui. Je ne voulais pas te réveiller en me levant alors j'attendais que la marmotte sorte de son hibernation.

- Pourquoi il est quelle heure ?

- Il est 11h passé. Tu savais que tu marmonnes des trucs dans ton sommeil ? C'est incompréhensible mais c'est marrant et c'est adorable !

- Quoi ? Jamais de la vie !

- Si tu le dis... Maintenant si monsieur veut bien me libérer, je pourrais faire le petit déjeuner.

Devant mon air surpris, il me montre ses jambes de la tête. Une des miennes est en travers de son bassin :

- Oh pardon, oui bien sûr. Dis-je me redressant brusquement.

Il rigole en voyant mon embarras et le rouge gagnant mes joues.

Je me sermonne intérieurement lorsqu'il quitte la chambre : je lui avais annoncé que je ne prendrai pas de gants avec lui mais finalement c'est moi qui réagis comme une donzelle effarouchée.

Je me tapote le visage pour me ressaisir. Il est hors de question que je passe un mois à m'excuser dès que je fais un geste de travers. Il est, au contraire, temps de passer à l'action.

- Tu veux savoir ce qu'il en est, très bien, je vais te filer un petit coup de main. Dis-je tout haut en souriant.

*

Nous profitons du beau temps en nous installant dans le jardin et prenons un copieux petit-déjeuner, au vu de l'heure tardive. Nous y traînons un bon moment, appréciant le calme qui règne.

Je me sens déjà beaucoup mieux même si une petite chose me turlupine un peu : je n'ai pas encore prévenu Chris de notre « accord » et je redoute la réaction de mon meilleur ami. Je chasse rapidement l'idée de ma tête, je n'ai pas besoin de lui en parler immédiatement et je n'ai surtout pas envie qu'on me fasse la moral pour le moment.

Thomas se levant pour débarrasser la table, je me joins à lui pour l'aider et insiste pour faire la vaisselle. Vivre chez lui est une chose mais je n'ai pas l'intention de me laisser entretenir non plus. Je commence donc à laver bols, assiettes et verres me dandinant au rythme des musiques qui passent sur la chaine youtube de MrSuicide Sheep. J'en suis accro depuis que je l'ai découverte. Thomas essuie et range la vaisselle au fur et à mesure. Il a l'air tellement sérieux que c'en est comique. Alors qu'il passe près de moi, je l'arrose d'eau du bout des doigts :

- Hey mais qu'est-ce que tu fais ?

- je me disais que tu avais peut-être chaud alors je te rafraîchis !

Je recommence à lui lancer des gouttes au visage :

- Espèce de petit...

Il ne termine pas sa phrase, me saisit la main et plonge l'autre dans le bac pour m'asperger à mon tour. Je pousse un petit cri quand l'eau m'atteint le visage. Je parviens à me libérer, lui balance de l'eau et cours me réfugier derrière le plan de travail qui sépare la cuisine et le salon. Il s'essuie du revers de la main et le regard brillant me lance :

- Toi, tu ne vas pas t'en sortir comme ça !

S'en suit une course-poursuite autour du plan de travail. Je lui échappe sans problème, jusqu'à ce que la poche de mon jean se prenne dans la poignée d'un tiroir. Je me libère enfin mais Thomas fond sur moi. Je suis coincé, les fesses contre le plan de travail. Thomas bloque toute échappatoire, les mains plaquées de chaque côté, à ma droite et à ma gauche :

- Je t'ai eu ! Dit-il joyeusement.

Nous sommes haletants, reprenant notre souffle après cette course improvisée. Il me surplombe et je suis obligé de lever la tête pour le regarder. Il affiche un air de gamin amusé qui est à croquer.

Je me hisse alors sur la pointe des pieds et lui donne un long baiser, juste mes lèvres sur les siennes, les pressant doucement rien de plus. Puis je les libère. Je veux le provoquer certes, mais pas le presser ni le rebuter. Mes talons touchent à nouveau le sol. Nos regards sont accrochés l'un à l'autre. Il n'a pas protesté, il n'a pas bougé d'un pouce non plus.

Je suis sur le point de parler pour meubler un peu mais cette fois, c'est son visage qui s'approche du mien. Cette fois, ce sont ses lèvres qui enveloppent les miennes, sa bouche qui embrasse la mienne. Nos lèvres s'apprivoisent doucement, tendrement, délicatement comme deux libellules flirtant avec la surface de l'eau.

Nous n'avons bougé ni l'un ni l'autre, nous sommes exactement dans la même position. Seuls nos lèvres se touchent, s'étreignent et se pressent. Tous nos sens semblent s'être réduits et concentrés uniquement sur cette surface rose, humide et gourmande.

Je ne sens plus rien d'autres que le contact de sa bouche si délectable. Nos lèvres deviennent plus friandes et appellent nos langues à se joindre à cette vague séduisante. Elles entrent dans la danse telle deux danseuses du ventre qui ondulent leurs courbes pour vous charmer.

Le temps s'est certainement figé, il ne peut en être autrement.

Je broie le plan de travail, me retenant de donner libre court à mes mains qui, sinon, parcourraient déjà son corps.

Il détache nos lèvres, les yeux surpris, la gêne envahissant ses traits :

- Quelque chose ne va pas ? Je l'interroge inquiet.

- Je... Heuuu...

Il baisse la tête ne trouvant pas les mots pour s'exprimer. Je suis alors son mouvement, mes yeux parcourant son torse puis son bassin... Je tombe sur son entre-jambes dont le tissu de son pantalon ne peut cacher le gonflement qui le tourmente. Par tous les dieux, il a une érection ! Thomas a une érection et je suis, à priori, la cause de celle-ci.

Il n'ose pas relever la tête et chuchote alors :

- Merde, je ne suis pas prêt pour... ça...

Je saisis son visage et le redresse :

- Thomas, on n'est pas obligé d'aller plus loin même si j'en ai terriblement envie. On va prendre tout notre temps jusqu'à ce que tu sois sûr que c'est que tu veux aussi.

Je pose un baiser sur son front et l'oblige à me regarder. Il hoche simplement la tête pour toute réponse. Nous terminons de ranger la cuisine, bien plus calmement cette fois, et passons finalement le reste de la journée, simplement à lire et rêvasser, dans le jardin.

***

Me réveiller près de lui est une sensation étrange, agréable et chaleureuse, en fin de compte, bien qu'un peu perturbante : un homme dort paisiblement, sa tête reposant sur ma poitrine. Ses cheveux me chatouillent le cou mais je n'ai pas envie de bouger. D'habitude, je suis incapable de traîner au lit une fois réveillé mais là je ne trouve aucune raison de me lever.

Etre dans ce lit, ce matin n'est en rien aussi déstabilisant que ma réaction à présent. Ces baisers échangés m'ont enivré, ils sont doux, sensuels. C'est déjà surprenant en soi sachant que j'embrasse un homme alors quand une autre envie se dresse, j'en suis plus que troublé.

Une réalité s'impose : il est là depuis trois jours, trois jours seulement... 

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