(4) - Haute surveillance

5.1K 323 407
                                    

Fin août 1942 - Suite des recherches Un mois et demi après les premières déportations

Cette nuit là, l'homme n'avait pas beaucoup dormi.
Il avait juste réussi à sombrer dans cet état d'habituelle somnolence, qu'il ne pouvait pas réellement appeler "sommeil".
Et encore, cette trêve là ne dura pas bien longtemps, une heure peut être ? Il n'arrivait pas à le dire, ne sachant même pas quand il avait commencé à être dans les vapes.

En même temps, après avoir passé la journée à somnoler, il s'attendait bien à ne pas beaucoup dormir le soir venu. Déjà qu'en temps normal le sommeil semblait le fuir comme la peste, alors si on l'avait assommé en pleine journée... Il n'avait pas réellement de quoi s'étonner.
Le marchand de sable avait peut être peur des soldats allemands ?
Peut être avait il peur qu'il dégaine son arme contre lui, alors qu'il essaye seulement de l'endormir paisiblement...
Eh ben. Au point où il en était, il serait même prêt à lui sucer la queue à ce type, si ça pouvait lui permettre de se reposer un peu !

À quoi pensait il ?
C'était absurde.
Le marchand de sable devait avoir bien trop de travail pour avoir le temps de s'occuper d'un pauvre schleu comme lui !
Peut être que l'idée lui donnerait même envie de vomir, qui sait ? Ou bien aurait il peur qu'il le morde accidentellement, lui, en bon chien du système qu'il était.
Rien que de penser à la douleur que ça pouvait procurer, il grimaça.
En savait il pourtant quelque chose ?

Enfin... Il aurait bien des moyens de s'endormir un peu plus correctement, mais il n'en avait aucunement envie d'en user.
Peut être qu'il ne les avait pas en fait ? Avait il troqué ses attributs masculins contre un brassard et un flingue ?
Il ne savait plus trop... Ça faisait bien longtemps que cette idée ne lui était pas monté à la tête.
Pas étonnant que le type du sommeil refuse ses avances alors, ça ne devait pas être pratique de coucher avec un eunuque.

En attendant, il pouvait seulement être désespéré par ses pensées illogiques d'insomniaques.
Au moins, le point positif, c'était qu'on ne pouvait pas lire ses pensées.
Cela resterait donc juste entre lui et son cerveau, c'était déjà ça.

Lorsqu'il en eut assez de se rouler dans son lit à la recherche d'une quelconque position confortable, il décida de se lever, puis de sortir, au beau milieu de la nuit.

Tout semblait plus paisible, au milieu des ténèbres.
Il ne saurait trop dire si c'était à cause de son silence, ou bien, parceque l'obscurité l'aveuglait, mais il ne trouvait pas cette sensation déplaisante.
La nuit était comme une trêve dans l'Histoire, et par sa lenteur, elle semblait suspendre le temps.

Pourquoi semblait elle plus longue alors que pourtant, d'un point de vue strictement scientifique, elle était plus courte que le jour ?
Peut être était ce seulement une impression commune à tous les insomniaques ?
Il n'en savait trop rien, et même si la nuit pouvait paraître longue, souvent, elle ne l'était pas assez à ses yeux.
Cela ne l'empêchait pas de soupirer tristement lorsqu'il voyait le soleil se lever inlassablement, songeant déjà à la journée de travail qui l'attendait.

Néanmoins, pour le moment, il faisait toujours nuit.
Le calme et la sérénité régnait pour quelques temps encore.
C'était une nuit plutôt claire en raison de la pleine lune, et la luminosité était suffisante pour qu'il puisse voir où il marchait, sans risquer de tomber ou de se prendre,on ne sait trop quoi, dans la figure.
De toute façon, lorsqu'il faisait ses balades nocturnes, il préférait ne jamais trop s'éloigner de la propriété, de peur à ce que des bêtes sauvages ne traînent dans le coin.
Les chasseurs Braus lui disaient qu'il y avait pas mal de loups dans les forêts alentours et il n'avait aucunement envie de se retrouver face à l'un d'entre eux. Peut être aurait il même assez de culot pour se laisser mourir déchiqueté.
Non... Il ne pouvait pas mourir... Et le voulait il vraiment ? Vraisemblablement pas. C'était le monde dans lequel il vivait qui devait mourir, pas lui.

Livaï X Reader | L'absurdité de ce monde Where stories live. Discover now