(16) - Les anges n'ont pas d'ailes

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Munich, Avril 1945

La ville était à feu et à sang, en proie aux lourds bombardements dont elle était victime en ce soir.
Les échos lointains, étaient suffisamment compréhensif, pour pouvoir deviner dans quel état devait être les alentours.
Le crépitement des flammes l'entourait de toute part, tandis que la cendre s'occupait d'envelir son corps inanimé à petit feu.
La tête alourdie, il mit bien longtemps avant de reprendre conscience, sujet aux violents acouphènes, qui ne lui permettait que de vaguement distinguer les bruits, pas plus que dans un rayon de quelques mètres.

Un long moment lui avait été nécessaire pour comprendre qu'il était toujours en vie, et un peu plus encore pour oser battre des cils.

Mais rapidement, il remarqua que quelque chose n'allait pas.

C'était sans trop de peine qu'il était parvenu à ouvrir le droit, mais pour ce qui était de celui de gauche... Livaï ne le sentait absolument plus, si ce n'était une douleur atroce d'où s'écoulait un liquide poisseux et âcre.
Il pouvait assurer avec sertitude, qu'il recouvrait une bonne partie de son visage, tant il se sentait sale.

Souhaitant au plus vite constater les dégâts sur sa tête, il leva avec peine la main gauche, encore tout engourdi, et y découvrit avec horreur son membre, dont l'annuaire et l'index demeuraient absents, et où il ne voyait plus que vide, os et sang.
C'était sans frôler de perdre connaissance une seconde fois, tant la vision était affolante, qu'il tenta de conserver son calme.

Un œil et deux doigts, probablement un traumatisme crânien mais du moins assez léger pour qu'il puisse reprendre conscience. Sa tête était déjà amochée depuis un certain temps de toute façon.
L'ouïe, il devrait encore attendre un peu pour en tirer un bilan, mais si le son des sirènes et des bombes larguées au loin lui parvenaient toujours, il jugea que ça ne devait pas être très grave sur ce point là.
Voilà les informations qu'il avait à sa disposition, pour le moment.

La seule chose pour laquelle il devait demeurer inquiet, pour le moment, était sa vie : se sortir de là tant qu'il le pouvait encore et veiller à ne pas se vider de son sang, était sa priorité absolue.

L'instinct primaire refit alors surface, ancré profondément dans chaque Homme, dans un étrange code génétique.
Avec toute la force dont il disposait, il rampa sur quelques centimètres, jusqu'à ce que ses muscles ne lui hurlent de s'arrêter.
La tête posée contre le sol, Livaï cracha avec rage la coulée de sang qui lui parvenait jusqu'à l'intérieur de la bouche, respirant avec difficultés, à cause de l'air toxique. Le souffle de l'explosion, ne devait sans doute pas tellement avoir plu à ses pauvres poumons.

Le bâtiment autour de la cour s'était complètement écroulé sous la puissance de l'explosion, et ce qui n'avait pas volé en éclats, était prit entre les flammes, dégageant une épaisse fumée, dont la cour formait un parfait entonnoir pour la contenir.
Respirer était devenu une mission délicate, alors que l'ex soldat avait plus besoin d'air que jamais pour reprendre son souffle et fuir. Ses ongles écorchant le sol avec rage pour parvenir à se hisser sur quelques millimètres à peine, il ne tarda pas à sentir que la boue et les braises lui arrachait une vive douleur là où ses membres manquaient, qui le contraignait presque aussitôt d'arrêter cette seconde tentative.

Retombant alors sur le sol, Livaï poussa une injure quelconque, recherchant de son œil valide, un échappatoire à cette fournaise.
Droite, gauche, haut, bas, sud... Ouest ? Là bas, derrière, devant tout au fond ?
Après quelques instants d'observation laborieuse, il aperçu une brèche à l'autre bout de la cour donnant sur l'extérieur.
Visiblement, elle était encore assez épargnée par les flammes pour pouvoir s'y faufiler.
Une violente quinte de toux, lui remit en mémoire avec plus d'insistanceque rester ici, était une bien mauvaise idée, que le temps était compté.

Livaï X Reader | L'absurdité de ce monde Where stories live. Discover now