(19) - Rosenrot

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Novembre 1945- France

L'hiver commençait déjà à s'installer sur le petit village français. Flocons tombaient,  saisons défilaient, la nature ne se souciait guère de la guerre et des passions humaines.
Elle vivait, s'écoulait, bien que parfois touchée par les Hommes, mais toujours sans rancœur.
Du moins, si un jour était elle déchainée, ce n'était ni un signe de dieu, et encore moins une simple revanche sur eux.
Après avoir longuement écouté les dires de Mike, c'était ce qu'elle voulait bien croire.
Le juif lui racontait, par bribes lorsqu'il le voulait bien, son séjour en Pologne.
Affreux, horrible, mais dont la nature ne se préoccupait aucunement, puisque l'hiver et la grisaille n'était pas persistante là bas.
Même, disait il, qu'il y avait des périodes de l'année où le ciel reflétait un magnifique bleu et où la verdure témoignait tout son éclat coloré.
Plus terrible encore, que de le voir et d'être enfermé en enfer, la nature se moquait éperdument des malheureux.

La journée était déjà bien avancée lorsque la française eut le loisir de se plonger dans ses pensées.
Les voilà à peine sortis de table avec Mike, que Rose avait également réclamée son repas par quelques pleurs témoignant sa jalousie.
Alors assise dans l'un des fauteuils du salon, l'enfant contre son sein, elle regardait à travers la fenêtre, somnolente. Allaiter lui apportait toujours cette curieuse fatigue, soudaine et tombante comme une pierre inattendue atterrissant sur sa tête. Le manque de luminosité en ce jour terne, n'aidait en rien, on pourrait déjà croire qu'il était si tard, alors que l'après midi commençait à peine.
Quand elle repensait à cette maison bien vide alors qu'elle l'avait toujours connue dynamique et pleine de vie, un sacré bourdon la prenait au tripes pour ne pas glorifier le tout.
L'absence d'Hanji lui avait fait réaliser à quel point, la femme s'était retrouvée seule dans son immense demeure, avec juste un bébé d'à peine quelques semaines entre les bras.
Ce fut une telle plaie, béante, sur laquelle on se serait amusée à balancer un acide rendant ses blessures plus douloureuse encore et la solitude plus présente.
Plus de papa maman, pas de Mike durant quelques temps et sans doute plus jamais celui qu'elle avait connu, pas d'Hanji, pas de Livaï ni un quelconque allemand jouant aux cartes, rien, personne, juste elle et une orpheline de père.

Elle avait cru revivre lorsqu'elle reçu la lettre de Mike, les jours suivants. Enfin, le soulagement avait été d'une courte durée, puisque l'angoisse l'avait presque aussitôt submergée quand bébé s'était mit à pleurer.
Et comme elle l'avait craint, les aveux n'avaient pas été une brève affaire.
Mike l'avait mal prit, évidement.

Pouvait elle lui en vouloir après tout ? C'était lui qu'elle était sensée aimer depuis toujours, pas Livaï. Et la petite Rose n'aurait sûrement jamais du être sa fille, au grand jamais !
Mike avait de bonnes raisons de détester les allemands, après ce qu'il avait vu, ce qu'ils lui ont fait, ce que l'un d'entre eux lui a volé.
Indirectement, Livaï lui avait arraché ce confort de vie que Mike était venu chercher auprès d'elle, une épouse tendre et aimante, afin de fondre une famille, et d'oublier tout ça.

Dans un soupir, caressant la tête de son bébé délicatement avec son pouce, elle se blotti dans le fond du fauteuil et ferma les yeux.
Un instant... Juste un instant pour se détendre, rien de plus qu'elle s'était dit.
Pour finalement s'endormir sans même s'en rendre compte, idem pour l'enfant repus et parfaitement installée contre les seins de sa mère.

Mike qui était jusqu'à présent entrain de ranger la table et de faire la vaisselle, arriva dans le salon, avec en tête une question futile, qu'il chassa en voyant cette image attendrissante.
Deux bouilles d'anges endormies, parfaitement détendues, et bien à leurs aises dans le sommeil.
Un maigre sourire aux lèvres, ne voulant pas la réveiller pour lui proposer d'aller se coucher avec lui à l'étage, il entreprit de déposer une couverture bien chaude sur elle et l'enfant, pour ensuite aller entretenir le feu de la cheminée.

Livaï X Reader | L'absurdité de ce monde Where stories live. Discover now