• Chapitre 11 •

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Adan

Il est tard et je ne parviens toujours pas à trouver quel est le problème dans tous ces chiffres, je relis encore et encore la même phrase depuis plusieurs minutes sans jamais comprendre l'erreur qui devrait, en temps normal me sauter aux yeux.
Frustré de ne pas déchiffrer l'incohérence, je referme l'écran d'un coup brut de la main.
La fatigue commence à me jouer des tours.
Ça ne fait qu'une semaine que je suis P-DG et pourtant j'ai l'impression que ça fait des siècles. Au cours de la semaine passée, j'ai fait la rencontre d'une dizaine d'hommes de confiance selon Gale. Mais tout ce que je vois, c'est des bourges en quête d'argent pour satisfaire leurs petits plaisirs. Degueulasse.
La nuit tombe à une de ces vitesses ici, je n'ai pas vu le temps passer.
J'étire les bras vers le ciel et commence à ranger la paperasse qui comble tout l'espace de mon bureau.
Les lumières du bureau de Naomi sont éteintes. Je n'arrive pas à croire qu'elle ait pue me suivre dans tous ces transports aux quatre coins de la ville.
Je dois l'admettre, elle a beau avoir deux mains gauches, elle est talentueuse.

— Avez-vous passez une bonne journée, monsieur ?
— Très bien merci, William ? Évitez de prévenir Melania de mon arrivée.
— Bien, monsieur.
J'abandonne mon regard à la contemplation de cette fameuse ville qui ne dort jamais et pousse un soupire crevé. Malgré l'heure tardive, les gens sortent, s'amusent et profitent de leur fin de soirée en picolant dans les bars encore ouverts, contrairement à moi.
Une fois arrivé à destination, je passe rapidement la carte magnétique sur le détecteur afin d'accéder à mon appartement et croise les doigts pour que Melania soit endormie et qu'elle ne vienne pas mes casser les pieds avec ses angoisses à la con.
Malheureusement, elle me tombe dessus comme un dragon protégeant un trésor.
Merde.
— Monsieur Brown ! Vous devez me prévenir lorsque vous arrivez, votre père a été très formel sur le sujet. Me gronde-t-elle comme une mère poule face à son gamin rebelle.
— Je n'ai pas oublié ça Melania...comme vous le dites si souvent. Je suis quelqu'un d'important, presque aussi précieux qu'un diamant. Mon sarcasme semble lui déplaire mais j'en ai rien à foutre.
— Je ne plaisante pas monsieur, vous et votre père êtes importants. Il vous aime et s'inquiète pour vous.
Je pouffe de rire et lâche sèchement.
— Mon père aime et s'inquiète pour son entreprise, sans moi elle n'est rien désormais.
— Vous êtes trop dur avec lui...
— Oh ! Vraiment ? Serait-il entrain de pleurer dans les bras d'un psy, se plaignant des terribles paroles de son fils adoré ?
J'arrache ma veste, la balance sur le canapé et desserre ma cravate pour enfin décompresser.
— Je serai dans mon bureau, ne venez pas me déranger.
Son air morose ne me fait ni chaud ni froid. Elle devrait le savoir avec tous ces connards qui parlent dans mon dos. Un enfoiré insensible, voilà ce que je suis.
Je laisse Melania en plan, au milieu du salon et fonce me cloîtrer dans mon bureau.
J'ai une dernière chose à boucler avant de pioncer, il faut que je trouve une solution pour la demande au Japon. Écrire un mail me paraît être une bonne idée, mon Japonais n'est pas mauvais après tout.
Je pose les lunettes sur le bout de mon nez et prends une ample inspiration, m'empiffrant de détermination.

— Merde...
Je grogne comme un ours et fous un bon coup de poing à mon bureau qui émet un craquement douloureux.
Mon mail est vide de sens, l'argent occupe une place importante dans ce contrat mais le côté humanitaire est bénéfique pour une bonne coopération. Pas question de donner des pots de vin comme l'a fait mon père, engrosser des sales types c'est pas mon genre.
J'engloutis une énième gorgée de soda avant d'être dérangé par les vibrations acharnées de mon téléphone. L'écran affiche dans de grosses lettres épaisses "Naomi Anderson".
Pourquoi diable m'appelle-t-elle à une heure si tardive ?
— Allô ?
Je demande, confus par cet appel soudain. Je ne sais pas à quoi m'attendre.
— Maman...
C'est quoi ce bordel ?
Pourquoi sa voix tremble, elle pleure ? Pourquoi m'appelle-t-elle maman ?
— Mademoiselle Anderson ?
— Pourquoi avez vous le téléphone de ma mère ? Où est-elle et qui êtes-vous !
Ses mots, emplis d'agressivité, sont mâchés et bien trop francs pour que ça vienne d'une personne pleinement sobre.
— Anderson...Qu'est-ce que vous faites bon
Dieu...
— S'il vous plaît, passez-la-moi...
D'où provient cette envie pressante de voir sa mère ? Mon instinct s'alarme brusquement, j'ai aussitôt le sentiment que quelque chose cloche.
— Ce n'est pas votre mère. Où-êtes vous ?
Dites-moi où vous êtes, Anderson.
— Sur le sol des toilettes, dites-moi où je peux la joindre...
Le sol des toilettes ? Comme c'est précis.
Je ne réfléchis pas, sors de mon bureau et enfile ma veste à la va-vite. Putain mais qu'est-ce qu'elle fout.
— À quel endroit ?
— Dans une boite de nuit mais, ce n'est pas la question !
Une boîte de nuit ? La seule boîte de nuit près d'ici est la Kingboxe. Je prends mes clefs de voiture et raccroche sans ajouter un mot.
Une fois à l'intérieur de l'Aston Martin, je sors du parking avec une énorme boule au ventre.
Je serre le volant du plus fort que je le peux afin d'oublier les centaines de scénarios, tous plus atroces les uns que les autres.
Elle est peut-être encerclée de mecs qui veulent l'agresser ? Pitié, pas ça.
Ou encore, l'a-t-on droguée, emmenée dans une ruelle pour profiter d'elle ?
Faites que ce ne soit pas ça...
Je dépasse les voitures à vive allure, faisant beugler les klaxons des autres conducteurs.
— La ferme !
J'esquive de peu l'arrière train d'une grosse bagnole qui vient de débouler à ma droite et pousse sur la pédale d'accélérateur. Si je continue à conduire comme un couillon, je vais finir tranché en deux sur la route.
En un coup de volant brusque, je me gare sur le trottoir de la Kingboxe.
Je sors, verrouille la voiture derrière moi et cours vers les portes. Des gars aillant visiblement bien picolé, fument contre l'un des murs de pierres en me dévisageant.
Qu'est-ce que tu regardes connard ?
Je pousse les deux portes aussi lourdes que des tonneaux de bière et balaye la pièce d'un regard effaré. Où se trouve ces foutues toilettes ?
Mes yeux s'arrêtent sur une étiquette qui pendouille négligemment le long d'un mur, tapissé d'un vieux papier peint prune.
— Êtes-vous de la sécurité ? Ça fait trente minutes que j'attends qu'elles sortent !
J'ignore la gonzesse mécontente et pénètre à l'intérieur des WC, j'ouvre la première porte avec vivacité et tombe immédiatement sur Naomi.
Recroquevillée sur le sol crade des chiottes, elle tente d'ouvrir les yeux tandis qu'une seconde femme est littéralement endormie près de la cuvette. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?
— Votre pantalon est très joli Monsieur-de-la-sécurité...Ses paroles décousues dénotent la dose d'alcool qu'elle a ingurgitée.
— Putain.
La réalité de la situation me frappe de plein fouet. Je me suis rué à l'autre bout de la ville pour sauver mon assistante complètement torchée. Cela dit, le soulagement qui adoucit mes veines ne passe pas inaperçu, je suis heureux de l'avoir trouvée avant qu'un porc aux idées obscènes ne rapplique.
Je m'accroupis et entreprends d'observer ses paupières closent. Son maquillage s'est étalé le long de ses joues, sûrement dû aux larmes.
— Est-ce que vous pouvez vous lever ?
Ses maigres bras se hissent sur les bords de la cabine et tentent de redresser son corps mais ils échouent et retombent sur le carrelage.
Je soupire une ou deux fois avant de passer les bras dans son dos et de la soulever loin de la moisissure du sol.
Dès qu'elle s'éloigne du carrelage, son rire cristallin et franc vient caresser mes oreilles. J'aime son rire, même bourrée.
Elle blottit son visage contre mon torse et échappe un gémissement de douleur.
En quittant les toilettes avec Naomi dans mes bras, je tombe nez à nez avec Jeffrey Williams. Qu'est-ce qu'il fait là lui aussi ?
— Naomi !
— Monsieur Williams ? Je m'occupe de ramener mademoiselle Anderson chez elle. Veuillez vous occuper de la seconde personne à l'intérieur des cabinets.
— Ouais...Enfin, oui...
D'un geste hésitant, il se dirige vers l'intérieur des WC.
Au fur et à mesure que je marche vers la sortie, je sens les paumes de Naomi émettre une faible pression contre ma poitrine.
Est-ce qu'elle veut vraiment s'échapper de moi, maintenant ? Après tout ce que je viens de faire pour venir la chercher ?
— Tenez-vous tranquille.
Je resserre les bras autour de son corps particulièrement brûlant et atteins l'extérieur sans me casser la figure avec toutes les personnes qui manquent de nous bousculer.
Fin de soirée bien mouvementée, mademoiselle Anderson.
Elle remue contre moi et marmonne doucement :
— Chaud...Il fait trop...chaud...
Je n'ai pas le temps d'assimiler la situation qu'elle remonte sa robe, dévoilant ses jambes ainsi que ses dessous. Putain de merde, mais qu'est-ce qu'elle fout !
— Qu'est-ce que vous...Merde.
Les mains déjà prises, impossible de cacher ses formes dénudées. J'essaye tant bien que mal de la serrer contre moi, cachant ses fesses de mon avant-bras mais c'est peine perdue.
Les sifflements et les rires goguenards du gang des fumeurs me hérissent les poils.
Bande de salauds !
Je fulmine et leur lance un regard meurtrier. Si elle n'était pas dans mes bras, je me serais fait un malin plaisir de foutre un coup de pied au cul de ces mecs.

— Maintenez-vous à mon cou.
J'essaye d'être le plus impassible mais difficile de l'être lorsque l'on tient une femme magnifique, à moitié nue dans nos bras.
Elle ne bronche pas et plante ses doigts dans ma nuque, je ne sais pas si c'est la fraîcheur de la nuit qui me donne des frissons ou le contact de ses doigts sur ma peau mais c'est troublant.
Étrangement, elle se rapproche de moi. Trop près de moi, beaucoup trop près !
— Merci...
Ses lèvres entrent en contact avec les miennes, je reste immobile pendant une seconde avant de tourner la tête aussi vite que possible.
En temps normal, elle n'aurait jamais fait une chose pareille et demain, elle va sûrement le regretter. Même saoule, elle me met la tête à l'envers.
Une fois assise et attachée, je ferme les yeux et replace sa robe le long de ses cuisses. Je me sens coupable de l'avoir vue dans cette état — et dans cette tenue !
Est-ce qu'elle va se souvenir de ça ? Ou alors faire comme si de rien n'était, est-ce que je serai capable de la regarder dans les yeux après avoir vu sa jolie petite culotte anthracite ?
Le dos enfoncé dans le siège, les jambes tendues et prêtes à exploser, je me retiens de lâcher une flopée de jurons.
— Fait chier, qu'est-ce que je fous...
Je lui lance une rapide œillade. Elle s'est endormie, j'espère qu'elle ne m'en voudra pas d'avoir fouillé dans son sac à main pour trouver son adresse. J'ai beau être investi, je ne connais pas le lieu de résidence de tous mes employés.

Quand son corps s'effondre sur le matelas. Une avalanche s'écoule de mon front...Enfin.
J'attrape ses chevilles et retire délicatement les attaches de ses chaussures pour les poser au pied du lit.
— Je vais laisser les clefs sur votre table de chevet, reposez-vous et...
— Attendez. Faites de beaux rêves...Dites-moi votre nom.
Ses doigts se sont enroulés autour de la manche de ma veste. Elle me retient ?
Un sourire amusé vient allonger mes lèvres.
— Ce n'est pas nécessaire. Faites de beaux rêves, Anderson.
Sa main me relâche et je me décide enfin à quitter son appartement.
Malgré la noirceur de la nuit, je parviens à éviter les coins aiguisés des meubles. La main sur la poignée, j'étouffe une exclamation dans ma main, en sentant quelque chose bouger contre mes chevilles. Un chat ?
J'allume mon téléphone et projette la lumière vers le sol, une bête aux poils roux se faufile entre mes jambes avec de longs piaillements.
— Fait attention à ta maîtresse.
Je lui accorde une caresse sur le haut du crâne et claque la porte, mettant fin à cette soirée plus qu'étonnante.

•••

Les anciens commentaires malheureusement disparus :-/

De : lorie0528
« Comme quoi trop l'alcool c'est bon »
*Ah ah oui, oui !

De : tarregonns
« Ouhhh....c'est chaud ! Il l'a laissé l'embrasser !! »
*Ouhh effectivement, ça chauffe les fefesses !

De : seraa240
« Orhhhhh il est tellement beau »
* C'est vrai que sur les anciennes images, il était grave canon le p'tit gars >~<

De : Flow_9156
« Elles viennent d'où les images ? »
* Réponse de moi-même : Elles viennent d'un jeu vidéo Chinois (Anglais) "Mr Love: Queen's Choice" ^_^
De : Flow_9156
« D'accord merci *smiley kawai* »

Haut Niveau - Tome 1 -Where stories live. Discover now