• Chapitre 30 •

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Adan

La sonnerie bruyante de mon radio-réveil m'arrache d'un profond sommeil de dernière minute, je n'ai pas eu la chance de passer une bonne nuit, mon crâne était enroué de multiples interrogations.
La soirée de samedi a été chargée en émotions il faut dire. La colère d'avoir revu John, la joie après avoir convaincu le maire et...Naomi Anderson.
L'envie de prendre son visage, d'embrasser ses belles lèvres rouges m'a quelque peu bouleversé...Aujourd'hui encore je me demande pourquoi cette soudaine envie est apparue ? L'excitation de mon discours ? Ou simplement...elle ?
— Quelle merde...
Je grogne ouvertement puis balance le drap loin de mon corps tendu. Je m'enferme ensuite dans la salle de bain pour une bonne douche froide et trouve le confort d'un costume trois pièces.
Je n'ai pas eu de nouvelles de la part de Flora, ça me chagrine. Je sais qu'elle m'en veut, que j'ai merdé mais, elle ne peut pas m'en vouloir indéfiniment. Qu'est-ce qu'elle voudrait que je fasse ? M'excuser auprès de Jacob en sachant ce qu'il fait sur elle ? M'excuser auprès de ce type est bien la dernière chose que j'ai envie d'effectuer mais, elle continuera à me faire la tête si je ne le fais pas. Me voilà dans une impasse...Mets ta fierté de côté, Brown.
Très bien, cet après-midi, j'irai présenter mes excuses à Jacob.

Je passe le hall, remerciant brièvement Chesters puis remarque avec stupéfaction et dégoût, la silhouette de John, penchée sur le bureau d'accueil. La conversation qu'il entretient avec la réceptionniste parvient tout de même à mes oreilles.
— Que faites-vous demain soir ?
— Rien de très passionnant vous savez...glousse-t-elle avec coquetterie.
J'hallucine, ils flirtent en plein hall. Je me racle la gorge assez fort pour qu'ils se retournent vers moi et la jeune brune à l'accueil s'empourpre à la vue de mon oeil débordant de reproches. John m'alloue un sourire mauvais et foutrement hypocrite.
— Brown, je te cherchais.
— Quelle surprise.
Mon sarcasme ne semble pas lui faire grand chose, il sort de sa poche une carte noire et la tend à la brune.
— Appelez-moi un de ces jours, je pourrai vous trouver une bien meilleure place que réceptionniste.
Putain mais je rêve !
— Si tu ramènes ton cul ici pour recruter mes employés, la porte t'est grande ouverte. fulminé-je, qu'est ce que tu fous là John ?
— Après la collaboration que tu m'as bien bousillée, je vais devoir chercher une autre ville qui saura coopérer correctement.
— Ça va être compliqué avec tout ce petit monde qui désormais, sait ce que tu trafiques.
— Je fais ce que j'ai à faire, mêles-toi de ce qui te regarde et ne viens plus me chercher !
Se croit-il menaçant ? Je pourrais écrabouiller son empire d'une seule de mes mains.
— Tu sers toujours à rien, crache-t-il, t'es toujours la même petite merde d'avant.
— Et toi, toujours le même connard, égoiste et imbu de lui-même, t'en as pas marre d'être une tâche ?
— Fais attention à ce que tu dis et ne me prends pas de haut. Ton entreprise n'est pas aussi intouchable que ça.
— Garde pour toi tes piètres menaces et dégage d'ici.
M'offrant un regard noir tout droit sorti du coeur, il prend la porte. J'ai de la peine pour l'ancien moi, celui qui se faisait emmerder par lui et ses sbires. Comment ai-je pu supporter ce mec durant tant d'années ?
J'ai dérapé, une fois, juste une fois.
Cette fois-là, Flora a été mise au courant de ce que je subissais au quotidien, Flora et son caractère de Walkyrie voulaient m'aider - bien que j'en étais capable tout seul. Je n'y trouvais pas particulièrement d'utilité à perdre mon temps avec ces enfoirés de première.
Flora a foutu une claque à John qui lui a rendu à la seconde. Le fait d'entendre le bruit de cette gifle sur ma petite sœur a fait naître en moi une rage colossale.
Je me suis jeté sur lui.
À la fin de tout ça, il était en sang et mon père m'a fait changer de lycée.
Je n'ai plus entendu parler de lui après cela. Enfin, jusqu'à il y a quelques semaines. Il vient de déclencher une guerre, et cette fois je ne compte pas passer outre.
Je cligne des yeux, en direction de la jeune brune qui se cache derrière son comptoir et une ride vient barrer mon front.
— Si vos soirées sont si inintéressantes que ça, je peux peut-être vous trouver quelque chose à faire ?
— Je v...vais prendre de l'avance sur mon travail...monsieur.
Elle baisse la tête, le visage cramoisie de honte.
— Parfait, passez une bonne journée.
Elle hoche précipitamment la tête et s'affaire sur son ordinateur.

Je me hâte et passe devant Suzie, la nouvelle réceptionniste de l'étage qui me reluque d'un œil indiscret. Il faut que j'appelle Conrad pour avoir plus de renseignements sur John. Cette histoire me semble bien merdique.
À 8 heures, Naomi arrive. Je vais devoir l'informer de la petite visite de John, on doit s'y mettre dès aujourd'hui pour cette affaire, je lui porte une assez confiance pour la laisser gérer une partie.
J'appelle Suzie qui débarque quelques secondes après, assistée par un sourire enjôleur. Quand va-t-elle comprendre que me faire de l'œil ne sert à rien ?
— Oui, monsieur ?
— Lorsque mademoiselle Anderson sera là, veuillez lui dire que je la demande.
— Très bien, autre chose ? ronronne-t-elle.
— Non, vous pouvez y aller.
Frustrée de ma réponse, elle s'éloigne d'un pas vif. Elle s'attendait à quoi ? Que je la déshabille sur mon bureau ou que je la cloue contre la porte, fou de désir pour son décolleté trop plongeant ?
Tout ça à dû plaire à mon père, flirter avec toutes ces nanas. Je me demande quand il va se décider à nous présenter sa nouvelle greluche qui sûrement, en veut seulement pour son argent.

Le visage souriant de Naomi apparaît sur le seuil de la porte et toutes les tensions que j'ai accumulées lors la visite surprise de John, s'effondrent et disparaissent au fin fond de moi-même.
— Vous vouliez me voir ? demande-t-elle, sourire aux lèvres.
— C'est à propos de John Poders, asseyez-vous. (Elle s'exécute, croisant ses deux jambes innocemment et je suis ce mouvement du regard) John était dans le hall ce matin.
— Ici ? Ce matin ?
— Il m'a fait de brèves menaces puis est parti. Dis-je avec une parfaite maitrise de la nonchalance, je veux que vous m'aidiez à le faire tomber, c'est peut-être une demande trop ambitieuse de ma part mais j'ai en vous, de grands espoirs pour l'entreprise et je suis persuadé que vous saurez les mettre en avant avec cela.
— Merci beaucoup...balbutie-t-elle, mais comment voulez-vous le faire tomber ? Je doute que ce genre d'information soit émis au grand public.
Je me poste devant la baie vitrée et fourre les mains dans mes poches de pantalon.
— Je sais que mon père a conservé pas mal de dossiers sur ses concurrents, vous saurez vous y retrouver.
— Où sont ces dossiers ?
— Dans l'une des salles d'archives, la B3.
— Dans les archives ? Elle semble déconcertée, je n'ai pas appris le fonctionnement d'une salle d'archive, je vais me...perdre.
— Si vous avez besoin d'aide, Suzie saura vous aiguiller. Au pire des cas, venez me voir. J'ajoute cela avec un léger sourire et poursuit ; n'informez aucune personne de cela, il faut être vigilant.
— D'accord, je ne comptais informer personne de toute façon.
— Bien, génial.
J'espère n'avoir pas été trop autoritaire, je ne veux pas lui mettre trop de pression. J'ai également mis Conrad sur le coup, les infos devraient tomber comme des petits pains mais, pour le moment, le mieux serait d'informer mon père. Histoire d'en savoir un peu plus.

— Allô ?
— C'est moi.
— Oh, Adan. Qu'est-ce qu'il se passe ?
J'entends des gens parler autour, il est dehors ?
— Je ne te dérange pas ?
— Non, non. Il me rassure en s'éloignant des voix, est-ce qu'il y a un problème ?
— Non, je voulais t'inviter à déjeuner ce midi, tu es disponible ?
— Oui, je peux me libérer.
Me libérer ? Parce qu'il a des choses à faire plus importantes que cela en dehors de ses séances de golf ?
— Chesters passera te prendre.
— Adan, tout va bien ?
Pourquoi est-il si inquiet ? Rah...
— Oui, bougonné-je, je veux juste aborder quelques points avec toi.
— Très bien, à plus tard.
— Ouais.
Je raccroche et me concentre sur les rendez-vous prévus pour cette semaine. Daniel R. Reegs à 16 heures et Thomas Cosper à 18 heures. J'ai plusieurs heures devant moi, autant régler le problème Jacob tout de suite. Est-ce que j'ai son numéro ? Je pourrais demander à Suzie mais rien que la voir se trémousser devant moi me coupe l'envie, Connor doit l'avoir. J'envoie un rapide message et sa réponse ne tarde pas.
{— Tu sais quel est le numéro de Jacob ?}
{— Bonjour frérot ! Et non je sais pas. J'ai le numéro de sa secrétaire par contre ;-)}
Ça ne m'étonne même pas.
{— Tu me le passes ?}
{— Ouais, si tu me dis ce que tu comptes en faire.}
Putain, ce qu'il est casse couilles.
{— Ça ne te regarde pas, donne le moi.}
{— Non.}
{— Putain Connor t'es chiant ! Je veux lui présenter mes excuses histoire de faire la paix avec Flora, t'es content c'est bon ? Passe-le moi maintenant.}
{— Il s'est passé quoi pour que tu veuilles t'excuser ?}
{— Il s'est passé que Flora m'évite comme la peste depuis alors, donne-moi ce foutu numéro.}
{— 724-526-6355.}
{— Merci.}
Une fois le numéro noté sur un post-it, je ne perds pas de temps et le compose, plusieurs sonneries retentissent avant que la voix guillerette d'une femme fasse son apparition.
— Bonjour, JLModels à l'appareil, que puis-je faire pour vous ?

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Haut Niveau - Tome 1 -Where stories live. Discover now