• Chapitre 40 •

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Naomi

Je m'éloigne d'eux sans faire de bruit et pars en direction des distributeurs de boissons. Je suppose qu'il nous faut quelque chose de rafraîchissant.
J'enfonce deux pièces à l'intérieur et sélectionne trois cafés au lait. Mon estomac est prisonnier d'une intense angoisse, que ce serait-il passé si Jenna n'avait pas répondu ? Il serait ici, seul et blessé. Je m'en veux, je m'en veux terriblement.
J'aurais dû répondre à leur appel...Quelle amie tu fais...Fulmine ma conscience.
Le distributeur prend grandement son temps et l'impatience me fait craquer. Je fonds en larmes et assène un coup à la machine qui de toute évidence, n'avancera pas plus vite.
Je renifle un grand coup et essuie mes yeux à l'aide de ma manche.
— Naomi ?
Je tressaille, me retourne et avise le visage anxieux d'Adan qui s'approche d'un pas incertain.
— Va t'asseoir, je vais m'en occuper.
Je baisse les yeux sur mes chaussures et me dirige vers le groupe de chaise non loin de là.
Quelque chose me tracasse.
— Pourquoi êtes-vous encore là ?
Mon ton est bas, épuisé.
— Parce que je m'inquiète.
Sa réponse me laisse sans voix, il s'inquiète...
— Pourquoi ? Demandé-je d'une petite voix.
Il hausse courtement les épaules et avale une gorgée de café. Je pose le gobelet près de moi et essuie mes yeux encore larmoyants.
— J'ai...commencé-je, tellement peur...
Je craque une nouvelle fois, laissant dévaler tout ce que j'ai retenu depuis le début. Je ne veux pas qu'il me voit pleurer alors, je prends appuie sur la chaise et vais pour m'enfuir mais, sa main attrape mon avant-bras.
Il me pousse contre lui et enroule ses bras autour de moi, son odeur, sa chaleur m'apaise instantanément. Je me laisse aller et pleure comme un bébé au creux de ses bras.
— Je suis sûr que Jeffrey va bien. Dit-il en massant mon dos.
— Toutes les personnes proches de moi finissent par souffrir un jour ou l'autre...reniflé-je, je suis maudite...
— Les accidents sont de plus en plus fréquents à New-York, me rassure-t-il, tu es épuisée Anderson.
— Je ne peux pas partir, je dois être là pour lui.
Dis-je tout bas, je secoue la tête toujours blottie contre lui et ajoute. Vous devriez rentrer chez-vous, Chesters doit être inquiet et vous avez besoin de sommeil pour...
— Je me fiche de Chesters ou de mon sommeil.
Malgré que son ton soit si sec, la pression qu'effectuent ses bras contre mes épaules me consolent et me bercent.
C'est faux, je ne veux pas qu'il rentre chez lui, c'est peut-être égoïste de ma part mais, je n'ai pas envie qu'il parte.

— Êtes-vous de la famille de monsieur Williams ?
— Nous sommes ses amis. Dit Jenna, angoissée.
— Très bien, monsieur Williams s'en ai plutôt bien sorti, assure-t-il calmement en feuilletant ses papiers, il a un léger traumatisme crânien et plusieurs côtes de fêlées. Nous allons le garder une ou deux nuits pour surveiller son état.
Nous soufflons à l'unisson, ce n'est rien de grave...piaille ma conscience en se laissant tomber théâtralement sur un divan.
— Avant de rentrer chez-vous, il faudrait informer ses parents. Ajoute-t-il.
— Malheureusement, ses parents ne sont pas à New-York et...hésité-je, nous n'avons pas leurs numéros.
Le docteur relève les yeux à travers des lunettes et referme le dossier.
— Bien, nous réglerons cela plus tard. Au revoir.
Nous hochons la tête. L'homme disparaît dans l'angle d'un couloir, nous laissant seuls et vidés de toute énergie.
— Plus de peur que de mal, il faut croire.
Je souffle, fatiguée.
— Je ne sais pas toi mais, je vais rentrer chez moi et dormir jusqu'à demain soir.
— Tu es sûre de vouloir prendre un taxi si tard ? M'inquiète-je
— Je peux vous raccompagner chez-vous, ça ne dérangera pas Chesters.
Oh, pauvre homme. Il a dû rester éveillé presque toute la nuit.
— Vous êtes sûr ?
Je demande, la mine coupable.
— Oui. Acquiesce-t-il.

Lorsque Jenna descend de la voiture, un soupir colossal s'échappe de mes lèvres, je suis chaos...
— Est-ce que ça va ? Me demande Adan, l'œil interrogateur.
— Je crois, oui.
— Je vais te laisser ton jour, lundi.
— Quoi ? M'écrié-je. Non, je vais venir.
— Mlle.Sliger est toujours présente pour l'instant.
— Justement...grommelé-je, enfin...pas que ça me dérange ou quoi que ce soit.
Tu t'enfonces Nomi...Ricane ma conscience.
— J'ai un café avec elle, lundi midi.
Il a accepté le café ? Ça m'agace...
— Ah bon ? Fais-je innocemment.
— Ne te fais pas de soucis, je ne la draguerai pas.
— Quoi ? Mais, vous ne pouvez pas me dire une chose pareille !
Je jette un lourd regard à Chesters qui conduit sans nous prêter attention. Adan se met à rire, un rire franc et joyeux. Ce qu'il est beau lorsqu'il rit.
— Je pense que nous avons tout de même, franchis la barre du professionnalisme. Dit-il avec un sourire moqueur.
— Ne comptez pas sur moi pour vous embrasser. Dis-je sèchement, faisant la vierge effarouchée.
— Dommage...marmonne-t-il dans sa barbe.
Je grimace et détourne le regard, j'aime le voir comme ça. Joueur et espiègle, ça lui donne un côté enfantin...
Chesters se gare devant mon immeuble, j'ouvre la portière et m'extirpe du véhicule tout en relaxant ma jupe.
— Euh...Bonne nuit.
Je n'ai pas pas su quoi dire. Avant que je ne ferme la porte, Adan se penche sur le siège arrière.
— Anderson ! M'interpelle-t-il.
— Oui ?
— C'est moi vais le faire. Affirme-t-il.
Que va-t-il faire ? De quoi il parle ?
— Qu'est-ce...que vous allez faire ?
— T'embrasser, c'est moi qui le ferrai...
Accompagné d'un bref clin d'œil, il glousse et referme la portière de lui-même.
La voiture redémarre et s'éloigne, je reste là, pantoise sur le trottoir à fixer le véhicule qui disparaît au loin.
Cette journée était pleine de surprise, un véritable ascenseur émotionnel. Que va-t-il se passer au bureau désormais ? Comment vais-je réagir face à lui ? Je suppose que faire comme si de rien n'était est la meilleure solution.

•••


Haut Niveau - Tome 1 -Where stories live. Discover now