II.

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II.

T A Ï R

Une fois toutes mes sapes misent je vais dans la cuisine de ma mère et la trouve entrain de sécher la vaisselle qu'elle vient de laver. Dès qu'elle entend mes pas derrière elle, elle se retourne et m'offre un sourire tah la reine qu'elle est. Je m'approche d'elle et embrasse son front.

YEMMA : Sbah el kheir wouldi, dit-elle en essuyant ses mains sur sa robe de maison.

Je souris.

- Sbah el nor yemma.

YEMMA : Alors tu vas la voir aujourd'hui encore ?

Mon regard se perd en balle dans le vide. C'est toujours la même chose depuis le temps.

- Oui.

YEMMA : Tu perds pas espoir mon fils hein, elle va se réveiller ta femme, c'est qu'une question de temps tu sais qui est au contrôle.

- InchAllah yemma inchAllah.

YEMMA : Taïr arrête de regarder le vide comme ça, comme si elle était déjà partie, on n'a pas attendu une année entière pour qu'elle nous lâche, elle tient le coup et tu la connais ta femme, une battante.

Elle dépose son torchon et vient me prendre dans ses bras, je pose mon menton sur son épaule et ferme les yeux pour profiter de ce moment que m'offre l'une des femmes de ma vie.

YEMMA: J'en ai marre de te voir comme ça, tu vis plus, une année que tu ères wouldi.

Je hausse les épaules en me retirant d'elle puis je me dirige vers l'entrée pour mettre mes chaussures puis ma veste, yemma vient me rejoindre.

YEMMA : Tu manges pas ?

- Nan j'ai pas faim, j'me ferai un bail quand j'arriverai chez nous.

YEMMA : Taïr hefeck.

- T'inquiètes pas yemma, j'te jure je mangerai dès que j'ai faim.

Mensonge.

J'ai jamais faim.

YEMMA : Je suis ta mère sale menteur, bon tu m'appelles ce soir pour me tenir au courant de son état d'accord ?

Je hoche la tête et sors, j'enfile mon bonnet qu'Ultia m'a offert à mon anniversaire, elle l'a cousu juste pour moi, pour que j'arrête de porter des bonnets moches d'après elle. Au nom de Dieu, j'ai voulu mourir quand j'ai vu un bail bresom de dessin animé de meuf sur le devant de mon bonnet mais son rire qui manque jamais de faire vibrer mon guelb m'a tout de suite défendu de lui jeter son bonnet à la gueule. J'ai préféré la regarder rire de moi et de sa blague, en tombant de plus en plus amoureux.

Depuis je quitte jamais ce bonnet, on peut m'traiter de pédale ça glisse dans mon dos.

Vie de ma mère que ma femme elle détient mon guelb au creux de ses mains, jamais personne d'autre ne pourra le lui reprendre.

Une fois arrivé à l'hôpital je me dépêche d'atteindre sa chambre et déjà à travers la vitre je sens mon coeur se serrer en la voyant toujours endormie depuis plus de 300 jours. C'est toujours la même chose, toujours la même position, toujours les mêmes yeux fermés.

Je me pose sur la chaise au pied du lit et prie en regardant dans le vide, mains sur le bonnet. Je suis resté comme ça pendant plus de deux heures je crois jusqu'à ce que j'entende des bruitages venant d'à côté de moi.

Je voulais pas y croire.

Je tourne ma tête à toute vitesse et croise le regard de ma femme, perdue.

U L T I A. [I]Where stories live. Discover now