XX.

5.2K 411 310
                                    

XX.

Ça fait exactement un mois, que tout est redevenu normal.

Enfin, chacun a sa définition de ce qui est normal, j'entends moi, par là que je suis rentrée chez moi, que j'ai retrouvée ma mémoire et que je me sens enfin chez moi, chez moi.

A côté de ça, en fait rien n'est redevenu normal, je suis toujours enceinte de mon violeur, mon frère me fait toujours la gueule, Taïr est toujours en mode zombie dans la maison, on a toujours des dettes et par dessus tout mes parents ne me parlent plus.

Il n'y en a qu'un qui s'intéresse à moi, c'est... ÉMIR.

Je ne comprends pas trop son intérêt pour moi, il fait que prétexter qu'il doit me voir pour que je témoigne contre Selena et Djibril mais chaque fois, il tourne les conversations à de l'ambiguïté que je ne compte bien-sûr pas partager avec lui.

Mon homme, ma vie, c'est Taïr et je souffre déjà assez de ce que je lui inflige avec ce gosse que je ne veux même pas sentir bien qu'il m'ai rien fait. Je sais pas dans mon corps et ma tête, ça ne passe pas.

Je ne sais pas si ça passera un jour, c'est un enfant issu d'un viol. C'est déjà bien trop bizarre qu'on puisse repérer ma grossesse quelques jours après l'acte mais d'après le médecin c'est possible, je veux dire médicalement parlant hein, bien-sûr que mon ventre est plat.

Je suis en froid avec plusieurs personnes de mon entourage depuis la connerie ou plutôt tentative que j'ai faite.

Elijah, après mon séjour à l'hôpital il est venu me chercher pour me ramener à la maison pendant que Taïr n'était pas là. Dans la voiture, il ne m'a pas adressé un seul mot jusqu'à ce que je descende de la voiture où il m'a dit "T'es qu'une sale égoïste de merde" avant de démarrer à toute vitesse.

Maman et mon pere, ma mère a tellement pleuré pendant des jours qu'elle en a dormi deux jours de suite. Mon père lui, ne m'a adressé que des regards attristés, remplis de regrets et peine.

Et enfin, Taïr, alors lui, il me hait. Enfin nan, il m'aime du fond de son cœur je le sais, mais on touche le fond comme jamais avant. L'appartement est souvent silencieux, il passe son temps à dormir et manger puis parfois il sort dehors le soir pour rentrer à pas d'heure le matin.

Je ne peux pas faire le taff de tout le monde à chaque fois.

Je fais mon rôle de femme, mais on traverse une sale période et j'ai besoin qu'il me parle. Je sais pas, j'ai l'impression qu'il y a un truc cassé chez lui, je me sens délaissée et malheureusement j'en veux à ce gosse qui pousse dans mon ventre.

C'est pas sa faute mais la mienne et celle de Djibril. D'ailleurs bientôt, je vais devoir aller au tribunal pour plaider contre mes deux kidnappeurs.

Si un jour on m'avait dit que je témoignerais contre ma meilleure et mon meilleur amis. J'aurai tant ris, aujourd'hui j'en pleure.

Tous les sentiments que j'avais en moi sont ressortis depuis que je me rappelle de tout, je suis moins passive que pendant mon amnésie.

Mais limite, je voudrais ne me rappeler de rien maintenant. J'ai trop mal.

J'ai tout le temps mal même.

Toc. Toc. Toc.

- Oui ? Dis-je relevant ma tête vers la porte de ma chambre.

Taïr dort dans le salon.

Il entre dans la chambre et murmure un petit "Salam", puis ouvre notre placard pour en sortir des sapes avant de foncer dans la salle de bain qui est en dehors de notre chambre.

U L T I A. [I]Where stories live. Discover now