Chapitre 3

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Au volant de ma Audi A6, j'augmentais un peu le volume de ma station radio car Happy day, l'un de mes chants gospel préféré passait.

— Oh happy day, oh happy day. When Jesus washed, when Jesus whashed, oh happy day

Je chantonnais un peu me remémorant la scène de tout à l'heure au parking. Je ne pu m'empêcher de sourire, une seconde plus tard, un rire joyeux se substitua à ce dernier

— Aaah Maya

Déclarais-je doucement, en y repensant encore davantage, j'éclatais de rire cette fois. Cette histoire au boulot m'avait tellement travaillé l'esprit, de plus, les insinuations de Phillipe si justes avaient fini par me rendre paranoïaque. L'expression du monsieur en voyant ma tête affolée et mon stylo à la mine aiguisée fermement tenue dans la main dès son apparition, avait dû le rendre perplexe.

— Je suis désolé, mon téléphone est tombé lors d'une conversation importante, le temps de me baisser et le récupérer m'a tant absorbé que j'en avais oublié la voiture qui s'était mise à rouler toute seule tout doucement

C'est cela qu'avait été la phrase d'excuse que le pauvre homme avait sorti dès qu'il s'était présenté à moi, manquant presque de me heurter. À cette déclaration, j'avais juste répondu

— Ce n'est pas grave, ça arrive des fois vous en faites pas

Après d'autres plates excuses, le monsieur habillé d'un ensemble en jeans s'en était allé me faisant bien comprendre qu'il s'en aurait voulu s'il m'avait heurté à cause d'un maudit portable. Un sourire plus tard, notre rencontre unique avait pris fin. Il devait être un client, je ne l'avais jamais vu dans nos locaux avant, peu importait la grandeur de l'immeuble William-Evans-McCarter, j'avais fini par cerner ne fût-ce que les quelques traits caractéristiques de mes nombreux collègues au vu de mes 4 ans passer ici.

— Trouillarde

Me dis-je à moi-même les mains sur le volant rigolant toujours. J'étais enfin arrivé chez moi, cette journée m'avait complètement assommée. La première chose que je fis dès que ma plante de pied eut foulé l'entrée de mon appartement, était d'ôter ses tortures de huit centimètres.

Un soupir s'échappa directement de mes lèvres après ce geste, j'étais soulagée. Ensuite, je partis vers la fenêtre et je vérifiais qu'il n'y avait pas de voiture bizarre garée en bas de mon immeuble, ni de personne louche pointée à l'horizon. Mon Dieu, je devais vraiment me sortir cette histoire de Roland Kirkman de la tête, ça allait me rendre dingue.

— Arrête Maya, personne ne te suis

Me répétais-je à moi-même tout en me tapotant les tempes. Je me dépêchais d'aller troqué ma tenue de ville contre un jean et haut banal afin d'être plus à mon aise puis je partis ouvrir mon frigo, en effet mon estomac commençait sérieusement à gargouiller. Mais seul les bouteilles d'eau et quelques fruits et légumes m'accueillirent.

— Oh zut les courses

Dis-je désespérée. J'avais complètement oublié d'aller remplir cette tâche, l'épisode du parking m'avait retourné le cerveau. N'ayant plus d'autres choix, je me fis donc une salade de choux, et donc bouteille de vin blanc à la main, je m'installais à table. Je dînais seule, toute seule, comme c'était le cas chaque soir pour moi depuis la mort de Dylan. J'avais également perdu un autre être chère au cours de cette vie me réduisant ainsi à la solitude totale. Ma mère. L'être le plus important de ma vie.

Quand Dylan était encore en vie, l'absence de maman était plus supportable mais maintenant qu'il était parti lui aussi, la solitude s'était décuplée. J'avais perdu les deux personnes les plus précieuses de ma vie tragiquement, j'aurais aimé que ce soit l'empreinte de la nature, mais non, dans les deux cas, la main de l'homme s'en était chargé. Un animal revêtu de chair humaine vivant dans une société corrompue, qu'il avait créée à sa convenance, voilà ce qu'était l'homme. Je finis mon diner en silence avec pour seule compagnie le bruit des couverts tintant contre l'assiette.

Amour Vaillant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant