15 ♦ La fuite

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"Comme la proie des loups, elle courait pour sa survie."

ELYA


Lorsque la fièvre se dissipa, je me retrouvai dans une cage bien trop petite pour que je puisse rester debout. Mes mains entouraient les barreaux, mon cœur battait la chamade et je ne comprenais pas ce que je faisais là, seule, dans le noir. Je ne me souvenais de rien, comment étais-je arrivée ici ? Pourquoi ? Où étaient les Gardiens ? 

Je me souvenais simplement de l'attaque mais le reste était flou. J'avais pu voir le Nécromancien, je l'avais vu se poignarder, des gemmes décoraient son poignard. C'était comme si tous les indices de cette faible vision, me laissaient comprendre que le Nécromancien était autant lié aux gemmes que les Gardiens. 

— Y'a quelqu'un ? appelé-je. 

Ma voix sembla résonner en plusieurs échos. Le bruit de gouttes d'eau pesait dans la pièce, il faisait froid contrairement à la chaleur de l'extérieur et l'odeur d'humidité régnait en maître. 

— Te voilà enfin réveillée, entends-je. 

Des flambeaux s'enflammèrent et illuminèrent l'endroit. Nous étions dans ce qui ressemblait le plus à une ancienne école désaffectée, pourrie par l'humidité et les champignons, des cafards recouvraient le sol et la nature avait repris sa place, puisque des branches et racines traversaient les fondations.  

L'homme s'avança vers moi et s'accroupit devant ma cage. Sous sa capuche, je ne distinguais pas son visage. 

— J'ai besoin de toi, Guide, pour me livrer l'emplacement du Rubis. 

— Qui êtes-vous ? Où sont les...

— Les Gardiens ne viendront pas te sauver, m'interrompit-il. 

Il ouvrît la porte de la cage et recule de quelques pas. Il leva sa main, tordit ses doigts puis les pointa vers le sol, comme le ferait un marionnettiste jouant avec sa marionnette. Lorsqu'il bougea un doigt, je fus propulsée en avant. Je poussai un cri de surprise, puis ma jambe droite avança d'elle-même, me poussant à quitter ma cage. Mon cœur se mit à battre à tout rompre, j'ouvris grand les yeux et attrapai les rebords de la porte pour l'empêcher de jouer avec mon corps. 

— C'est une très mauvaise idée, ça... ma douce, grogna-t-il de sa voix sereine. 

Il utilisa son autre main et lorsqu'il bougea son index, le mien se tordit. Je jetai ma tête en arrière en poussant un cri de douleur. Mon doigt restait dans un axe contraire à sa physiologie et je sortis de ma cage malgré moi. Ma colonne vertébrale se déplia lentement et ma nuque devint raide. Je souhaitais lutter contre cette obscure magie, mais sa force était puissante. Il m'utilisait comme sa marionnette. J'avançai, contrainte, comme son jouet. 

Quand il baissa ses bras, je m'assis brusquement sur une chaise faiblement éclairée sous les flambeaux. Une petite table était installée juste à coté. Pas besoin de me ligoter, mes mains restaient crispées sur les accoudoirs, comme si j'étais collée au bois. Mes muscles étaient bandés, mes tendons me faisaient souffrir. 

Il tourna autour de ma chaise, dissimulant son visage, sa prestance était malsaine et son jeu, douloureux. 

— Si tu ne veux pas me dire où il se trouve...

Les Derniers Gardiens - I La Confrérie du RubisWhere stories live. Discover now