His new beginning [Terminée]

15. Vulnérable

Never too late, never too late to try
Make your mistakes keep on the move, that's life

RINI, Olivia Escuyos - Oceane

JALEESA

Je suis une froussarde.

Fuir, fuir, fuir, je ne fais que ça. J'ai fui la douleur quand Isaac m'a ignorée pendant des mois, j'ai fui quand je l'ai revu, et j'ai bu pour fuir la nostalgie. Quoique, à ce stade, je ne la fuyais plus. J'essayais juste de l'anesthésier.

Ce soir, je réalise que je n'ai pas failli à cette mauvaise habitude. Ma conversation avec Solal a atteint une pente glissante, alors j'ai fui. Comme d'habitude. Parce que je ne suis bonne qu'à ça.

« J'ai l'impression que tu te fliques parce que tu tiens beaucoup à l'image que tu renvoies, et tu refuses qu'on puisse entrevoir ce qui se cache derrière ».

Même si mon ego s'emploie à me convaincre du contraire, je sais que Solal a raison. Entendre un tel constat franchir ses lèvres était désagréable. Au lieu d'accepter ses paroles qui reflètent ce que j'ai toujours enfoui au fond de moi, j'ai préféré me braquer et faire comme si je n'avais aucun problème.

Froussarde et susceptible, c'est du propre ça.

Je grince des dents. Ma colère est retombée comme un soufflé, remplacée par un sentiment de malaise assez pesant. Le malaise d'avoir été cernée par le mec avec qui je ne cesse de me chamailler, le malaise de se sentir découverte, exposée, le malaise de...

— Vous êtes arrivée, annonce le chauffeur de taxi.

Je sursaute, pivotant vers le chauffeur qui tapote son volant. J'étais tellement plongée dans mes pensées que j'ai oublié où je me trouvais.

— Merci, soufflé-je avant de le payer.

Le chauffeur me souhaite une bonne soirée et je cours me réfugier dans le bâtiment. Je regrette vite cette initiative quand, arrivée dans l'ascenseur, je manque de trébucher. Le sol semble tanguer sous mes pieds, si bien que je dois rester immobile pendant toute la montée, le temps que mes vertiges se soient calmés.

Devant la porte d'entrée, j'inspire un bon coup. Vu l'heure tardive, Savannah et Tyree doivent dormir à poings fermés. Je déverrouille la porte le plus doucement possible et marche sur la pointe des pieds. Très vite, j'aperçois un mince filet de lumière filtrant depuis la cuisine. Je m'y dirige et découvre Savannah, attablée, avec un bol de fruits devant elle.

Qu'est-ce que...

— Je te vois, lâche-t-elle après m'avoir aperçue depuis l'entrebâillement.

Grillée, je grimace en poussant la porte.

— Tu ne dors toujours pas ?

— Non, j'avais une fringale. Et toi, ta soirée ?

Je me laisse tomber face à elle en soupirant. Ma tête tourne toujours, résultat plus qu'évident de mon trop-plein d'alcool. Ça m'apprendra.

— Pas tip top.

Les sourcils froncés, elle avale une bouchée.

— Il s'est passé quelque chose, c'est ça ?

Ma discussion avec Solal repasse dans ma tête. « Pourquoi tu mesures autant tes actes ? Et pourquoi tu dénigres autant ce que tu ressens ? ». La vérité, c'est que j'ai honte. Depuis toujours, je suis habituée à être vue comme une fille débrouillarde. Celle qui n'a besoin de rien, qui ne demande l'aide de personne. En général, les gens se contentent de cette image. Ils ne cherchent pas à voir plus loin et c'est tant mieux. Je peine tellement à accepter ma vulnérabilité que je préfère l'occulter. Or c'est là que devrait résider toute ma force : pouvoir être vulnérable sans ressentir la moindre peur.