His new beginning [Terminée]

31. La famille s'agrandit

Can you kiss me more?
We're so young, boy, we ain't got nothin' to lose, uh-oh
It's just principle
Baby, hold me 'cause I like the way you groove, uh-oh

Doja Cat ft. SZA - Kiss Me More

JALEESA

Même si la perspective de rester sur la terrasse pour continuer de nous embrasser est très tentante, nous finissons par retourner à l'intérieur, nos mains entrelacées. Je ne sens presque plus mes orteils à cause du froid mordant mais je m'en fiche. Un mélange de légèreté et de sérénité ne me quitte plus depuis que nous avons échangé notre premier baiser. Rien ni personne ne pourra me faire descendre du petit nuage sur lequel je flotte.

Solal, qui était encore un ami, il y a quelques heures de ça, est désormais mon copain. Je croirais rêver, mais ma bouche encore chaude et gonflée constitue une preuve formelle : mon cerveau ne me joue aucun tour, tout est bien arrivé.

Une fois en face de l'appartement de Savannah, Solal renfile ses lunettes de repos puis me serre dans ses bras.

— Ça te dit de dormir chez moi, ce weekend ? s'enquiert-il. Comme tu m'as confié que vous étiez tous un peu à l'étroit ici, je me suis dit que ça pourrait être une bonne alternative.

— J'adorerais, souris-je.

— Samedi, dix-neuf heures ?

— Parfait.

Il dépose un baiser sur ma joue puis frotte tendrement mon bras.

— Fais attention à toi en rentrant, dis-je en l'observant se diriger vers l'ascenseur.

— T'inquiète, répond-il. Dors bien. Et essaie de ne pas trop rêver de moi jusqu'à samedi.

— Parle pour toi.

Il pouffe, me fait un dernier signe de main puis monte dans l'ascenseur. Maintenant, le plus compliqué est de rentrer chez Savannah sans faire de bruit, alors que je n'ai qu'une envie : sautiller partout et me jeter sur mon lit en tapant des pieds. À l'entrée, je referme la porte derrière moi et m'y adosse, le temps d'inspirer et d'expirer lentement pour calmer les battements précipités de mon cœur.

On s'est embrassés, nom d'un chien.

Et on est ensemble. Pour de vrai.

Dans l'obscurité de l'appartement, je me mords la joue pour retenir le sourire qui menace de se dessiner sur ma bouche.

Au final, c'est moi qui rêve de Solal. À croire que mon inconscient est de mèche avec lui. Quand j'ouvre les yeux au petit matin, son prénom est encore sur le bout de ma langue, et sa voix grave dans ma tête, comme s'il avait passé la nuit à mes côtés. C'est très agréable. J'avais presque oublié combien aimer et être aimée était grisant.

Je reste toute la journée avec ma famille. Nous prenons le temps de savourer notre brunch avant de filer à la douche. Je propose d'abord qu'on reste tous à la maison, pour ménager Mamie et Savannah, car elles pourraient se fatiguer, mais ces dernières contestent avec une telle véhémence qu'on finit par se mettre d'accord pour faire un tour à Manhattan.

— Ça fait des années que je n'ai pas mis les pieds ici, ma puce, déclare Mamie en espagnol quand nous quittons le bâtiment. J'ai envie de voir ce qui a changé.

— Je comprends, Mamie.

Par chance, aucun verglas ne s'est formé dehors. Je sors une paire de gants de mes poches et souris en réalisant que c'est celle de Solal. J'ai complètement oublié de lui rendre. Tout en les enfilant, des flashs de notre moment sur la terrasse me reviennent en tête. La bataille de neige, sa déclaration, la mienne, son regard plein d'émotion, perdu dans le mien, sa bouche fiévreuse picorant mon cou... J'en frissonne. Savannah et Kim Huê n'ont pas eu vent de ce qui s'est passé. Pour l'instant, je préfère garder tout ça pour moi. C'est encore nouveau et j'attends de voir où les choses nous mèneront avant d'en parler.