4. Solal, Sofía et Ryan

632 75 38
                                    

Take a shot, make a friend, just enjoy the moment

Miguel - Sky Walker

UNE SEMAINE AUPARAVANT

SOLAL

Je crois que je n'ai jamais eu autant envie de sortir boire un verre. Et je n'aurais jamais cru dire ça un lundi soir, alors qu'il n'est même pas encore vingt-deux heures.

Heureusement, le restaurant est fermé aujourd'hui. Et j'ai envie d'en profiter pour sortir et souffler un peu. Avec le restaurant qui a de plus en plus la cote, je ne suis pas sorti depuis une éternité.

Tout en me craquant le cou, je plie et dépose une combinaison dans la salle de bain, où une serviette propre patiente déjà. Sofía va être contente, je lui ai tout préparé. Quand elle sera rentrée, elle n'aura plus qu'à se changer.

Mon téléphone se met à vibrer dans ma poche. Je le sors et le déverrouille, pour découvrir un texto de Sofía. Quand on parle du loup...

Sofía : Je suis en chemin, tu peux sortir ma combi s'il te plaît ?

Moi : Déjà fait. J'en ai profité pour la repasser (elle était trop froissée).

Sofía : Moooh... Fallait pas. T'es vraiment le meilleur.

Moi : Rien que ça ?

Sofía : Solal, tu es un être exceptionnel, la crème de la crème, et je ne remercierai jamais assez le destin de t'avoir mis dans ma vie. Qu'est-ce que je ferai sans toi ?

Moi : Tu porterais des combis froissées ?

Je souris à ma propre pique, imaginant la réaction de Sofía.

Sofía : Hm, non, elle était nulle celle-là. Un deuxième essai ?

Moi : Ouch. Tu aurais pu faire semblant de me trouver drôle...

Sofía : On est grands maintenant. Le temps où je faisais semblant de rire à tes blagues est révolu :P

Je retourne dans le salon, où Ryan fait sa tête des mauvais jours. Pas besoin d'être un génie pour deviner qu'il se dispute encore avec son colocataire, Esteban, un peintre qui ne jure que par le thé au gingembre. Dès qu'il le peut, Ryan le fuit et vient chez moi, pour éviter un nouvel accrochage. Pourtant, j'ai l'impression que ce n'est pas suffisant. Il me semble lui avoir dit de couper son téléphone pour être tranquille.

— Ça tombe bien, dit-il, parce que je m'en badigeonne les couilles avec le pinceau de l'indifférence.

Je ris sous cape et m'éclipse dans la cuisine ouverte, pour ne pas avoir l'air d'écouter sa conversation. En plus d'être l'un de mes meilleurs amis, Ryan est barman dans le même restaurant que moi. Nos clients sont toujours ravis de lui commander des cocktails qu'il exécute à la perfection.

— Non, je peux pas, je suis chez mon meilleur pote, ce soir. Quoi ? Qu'est-ce que je vais faire chez lui ? Bah, comme d'habitude : discuter avec des petites retraitées et faire du tricot.

Il me jette un regard excédé qui ne me dupe pas. Puis il mime un pistolet avec ses doigts et les colle contre sa tempe. Il presse ensuite la gâchette de son flingue imaginaire et fait semblant de s'écrouler sous mes yeux, de manière dramatique. Je l'applaudis sans un bruit. Quel jeu d'acteur, j'en chialerai presque ! Ryan se relève, le sourire aux lèvres, et poursuit sa conversation animée avec son colocataire.

Parfois, je me demande comment serait leur relation sans le jour dont il ne faut pas parler – et sans la tension sexuelle évidente qu'il y a entre eux. Enfin, évidente pour tout le monde sauf les principaux concernés. Ils sont tellement dans le déni que je préfère ne rien dire, pour le moment.

His new beginning [Terminée]Where stories live. Discover now