LA REVOLUTION DU TOURNESOL

Chapitre sans titre 2

Sarah travaillait dans l'un des centres d'appels d'un grand groupe bancaire depuis quelques mois.
Elle gagnait plutôt bien sa vie pour une téléconseillère à temps partiel dont c'est la première expérience, ce qui lui permettait de vivre correctement tout en ayant du temps pour elle. Enfin plutôt du temps pour se retrouver, s'isoler et s'empiffrer.
Elle s'était retrouvée catapultée à ce poste après un parcours déjà assez atypique.
En effet, depuis ses 8 ans, Sarah connaissait sa vocation. Elle rêvait de devenir puéricultrice. Elle adorait les enfants depuis son plus jeune âge, surtout les bébés. Sa voie était déjà toute tracée à son entrée au collège : un bac technologique lui avait permis d'entrer en école d'infirmière puis en école de puériculture, et ce malgré le peu de travail qu'elle fournissait depuis l'école primaire.

Une fois devenue étudiante infirmière, Sarah avait pris 30 nouveaux kilos... les études exigeaient de réaliser un stage dans différents services et ce un mois sur deux, ce qui impliquait une nouvelle immersion dans une nouvelle équipe et l'intégration de nouveaux modes d'organisation la moitié de l'année. Un parcours semé d'embûches pour Sarah.
A cela s'ajoutait le face à face avec les patients, les odeurs nauséabondes des couloirs et des chambres, la souffrance physique et psychologique des patients mais aussi du personnel... son empathie faisait d'elle une véritable éponge à malheur.
Conséquences : des angoisses en permanence qui amplifiaient ses crises de boulimie de jour en jour lorsqu'elle rentrait le soir chez elle.
Jusqu'au jour où son angoisse avait été plus forte que son mental. Des angoisses qui lui tordaient le ventre. Plus qu'une boule au niveau du sternum, c'était tout son corps qui palpitait de terreur. Cette sensation de brûlure envahissait tout son corps et immobilisait tout son être. Son cœur ne battait plus dans sa poitrine mais au niveau de son plexus solaire. Une panique foudroyante, une douleur lancinante qui criait si fort qu'un matin elle n'avait pu passer les portes de l'hôpital. Un matin où ses émotions lui donnaient envie de vomir, un matin qui amorça la fin de son rêve : la fin de sa carrière dans le milieu paramédical.
Elle décida alors d'abandonner le parcours entamé 2 ans plus tôt, voyant bien qu'elle aurait de nombreuses difficultés à terminer ses études voire même à travailler.
Pour Sarah qui avait certes la tête dans les étoiles mais était tout de même réaliste, il fallait rebondir rapidement. Elle laissa alors sa mère l'orienter puisqu'à ce moment elle n'envisageait pas un autre métier. Elle avait été tellement certaine de son chemin pendant ces dix dernières années qu'elle ne voyait pas d'autre issue professionnelle. Elle savait en revanche qu'elle voulait des études courtes avec des débouchés pour exercer un métier qui ne lui prendrait pas tout son temps, temps qu'elle voulait réserver à sa future famille, temps qu'elle voulait consacrer à ce qui la rendait heureuse. Même si à ce moment-là de sa vie, elle ne savait pas ce qui lui procurait de l'intérêt et de la joie. D'ailleurs, à cette période, elle passait beaucoup de son temps devant la télé ou l'ordinateur à rêver de l'âme sœur, en enchaînant cigarette sur cigarette, à se remplir de sucreries et à fumer du cannabis pour oublier le vide sidéral de sa vie.
Rapidement elle avait repris une branche technique lui permettant d'alterner cours et exercice de la profession. Aucun intérêt pour les études, encore moins pour les entretiens de vente de produits bancaires, mais les facilités de Sarah lui avaient permis d'obtenir son diplôme et de trouver un travail rapidement qui correspondait alors à ses attentes du moment.
Le domaine bancaire ne l'intéressait pas du tout mais la souffrance qui émanait de son environnement restait encore supportable. L'ambiance était sympathique et elle avait su s'adapter rapidement au rythme de travail mais aussi à l'équipe.
Car pour elle, intérieurement, tout cela lui paraissait des montagnes à gravir alors qu'en réalité, vue sous un autre angle, Sarah était efficace et sociable.
Et pour cause : Sarah sentait les gens, savait quelles étaient leurs attentes, elle apprenait et comprenait vite, ce qui lui permettait de s'adapter à n'importe qui, à n'importe quel sujet et ce dans tous les domaines.
A son travail, elle était dans une routine qui semblait lui convenir mais c'était sans savoir que sa vie allait commencer à changer.