LA REVOLUTION DU TOURNESOL

Chapitre 11

Quelques semaines s'écoulèrent et Sarah avait pris une nouvelle décision : elle devait quitter son emploi actuel. Même si Julien avait l'air d'accuser le coup et que tout le monde appréciait son travail de manager, elle sentait que c'était la meilleure issue pour tourner définitivement la page. Il fallait qu'elle fasse autre chose, quelque chose dont elle ne se lasserait pas rapidement, un travail qui lui laisserait plus de liberté avec un meilleur revenu. D'autant plus qu'elle avait fait le tour de son poste et s'ennuyait déjà. Elle mettait peu de temps à intégrer ses nouvelles compétences et la routine s'était installée rapidement. Routine qui lui convenait tant qu'elle cohabitait avec Julien mais qui la déprimait maintenant qu'elle se retrouvait face à elle-même le soir.
Elle visait toujours la réussite sociale et ses voeux mirent peu de temps à être exaucés.
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Lors d'une opération commerciale sur le plateau, elle avait dû collaborer avec trois moniteurs de vente venus former son équipe.
Leur mission consistait à coacher les commerciaux et les directeurs d'agence sur les méthodes de vente lors du lancement des nouveaux produits financiers. Très vite, Sarah avait su leur montrer son professionnalisme et les avait étonnés par sa créativité et sa posture de leader. Sa vision claire et consciente des problématiques et des enjeux ainsi que sa capacité à conserver ses qualités humaines dans ce contexte leur avaient permis de créer une relation basée sur la confiance.
Lorsque l'opération touchait à sa fin, Sarah avait lancé en plaisantant « ... si un jour vous avez besoin de quelqu'un faites-moi signe, ce sera un plaisir de travailler avec vous ».
L'univers n'avait pas attendu pour répondre à sa demande. Moins d'un mois après, un des moniteurs l'avait appelée un matin pour l'informer qu'un poste de moniteur était à pourvoir et qu'il fallait qu'elle postule.
« C'est un signe ! », s'était-elle dit à la lecture de l'offre... un emploi où elle allait changer d'agence tous les jours en fonction des demandes de sa direction, un travail ponctué par la diversité de nouvelles rencontres et où elle aurait peu de comptes à rendre puisqu'elle verrait sa direction uniquement lors du regroupement du samedi, et tout cela en doublant son salaire.
Elle ne tergiversa pas et malgré son manque d'expérience pour ce poste, elle était certaine de pouvoir convaincre les recruteurs.
Il fallait en effet avoir passé au moins 5 ans en agence puisque le poste consistait à réaliser des entretiens de vente en doublon avec les conseillers bancaires. Mais cela ne l'arrêta pas.
Il faut dire qu'elle avait encore pris confiance en elle. Physiquement elle n'avait jamais eu un poids aussi bas et même si elle continuait de lutter jour après jour contre ses compulsions alimentaires, elle se sentait belle et rayonnante et ses dernières expériences lui avaient montré que ses capacités d'adaptation étaient impressionnantes.
« Qui ne tente rien n'a rien » se disait-elle alors que sa direction était persuadée qu'elle ne parviendrait pas à obtenir le poste : « Sarah est certes très compétente mais elle ne fait pas le poids face à l'élite que représente l'équipe de l'action commerciale » pensaient-ils.
Mais Sarah ne se laissa pas influencer. Avec une détermination à toute épreuve mais aussi grâce à ses qualités d'expression, elle avait su surprendre la direction commerciale et contre toute attente avait décroché le poste.
Elle était en joie... elle tenait sa revanche sur la vie, elle montrait à tous le potentiel qu'elle avait. Elle n'en revenait pas et continuait de planer dans les sphères de la réussite... que demander de plus ?
Le printemps était arrivé, dans quelques semaines elle aurait définitivement tourné la page, elle était fière du corps qu'elle affichait, elle défiait les lois de l'entreprise mais malgré tout cela elle continuait d'avoir des crises de boulimie. Elle les contrôlait de mieux en mieux même s'il lui arrivait encore de craquer, et elle se rendait bien compte qu'elle n'avait pas trouvé la réponse à son attirance exagérée pour la nourriture.
Lorsqu'elle rentrait chez son frère après sa journée de travail, elle fumait un joint, dormait un peu car elle se levait à 5h du matin pour aller faire son footing avant d'aller travailler et se mettait sur internet au lieu de regarder la télé comme elle le faisait avant. Ce rythme lui convenait mais elle ressentait comme une envie de plus grand. Déjà, profiter de sa nouvelle confiance en elle pour séduire mais aussi satisfaire cette soif d'apprendre qui commençait à émerger.
Elle s'était inscrite sur un site de rencontre avant d'être en couple avec Julien et décida d'y retourner, non pas pour rencontrer quelqu'un de sérieux, mais bien pour se faire mousser un peu et flatter son égo meurtri par les humiliations passées.
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Elle continuait de s'intéresser au développement personnel et s'était enfin décidée à ouvrir un livre traitant du sujet.
Jusque -là, le seul livre qu'elle avait lu était Le rouge et le Noir de Stendhal lorsqu'elle était au collège. Seul livre qui avait, par l'histoire d'amour passionnée que relate l'auteur, réussi à retenir l'attention de Sarah. Elle avait pourtant essayé de lire les ouvrages imposés par ses professeurs mais l'ennui la gagnait rapidement et elle n'allait jamais jusqu'au bout. Elle procrastinait puis se débrouillait à l'époque en achetant les profils des livres que l'on trouve facilement dans le commerce ou en demandant à ses copines de lui raconter de quoi parlait les livres. Cela lui avait toujours permis d'obtenir de bonnes notes aux évaluations mais n'avait pas oeuvré pour déclencher en elle un intérêt pour la littérature.
Aujourd'hui elle avait trouvé un domaine qu'elle avait envie d'approfondir, la connaissance de soi, et c'est avec L'Alchimiste qu'elle commença son érudition.
C'est Yannick, son frère qui lui avait conseillé, « un petit roman philosophique qui devrait te convenir pour débuter » lui avait-il dit.
Et en effet, elle l'avait dévoré... cette quête de vérité et de sens, cet amour libre et inconditionnel auquel fait référence l'auteur, l'avait un peu plus amenée vers ce à quoi elle croyait depuis toujours... le bonheur et la liberté d'être, le chemin qui nous est destiné. Vision utopique selon les dires de son entourage mais à laquelle Sarah se promettait de rester fidèle.