Chapitre sans titre 3

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Lundi 1er février... c'est le grand jour pour Sarah. Elle était impatiente de rencontrer ce médecin et en même temps, comme toujours des vagues de panique la submergeaient à l'idée de s'exposer, d'autant plus qu'il n'était plus question de se voiler la face en cachant la vérité sur son alimentation.
Une fois assise dans la salle d'attente, elle constata que les affiches et le décor étaient surtout dédiés aux enfants : un aquarium avec des poissons en plastique, de nombreux jouets, des livres de jeunesse.
En s'approchant de la plaque professionnelle du médecin, Sarah vit inscrit :
Docteur Michel Philippot
Pédiatre – Psychothérapeute
« Quoi ??? Un psy...oh non sauve qui peut ! » pensa-t-elle.
Sarah était certes motivée pour perdre du poids mais il était en revanche hors de question d'entamer une psychothérapie.
« Les psys, c'est pour les fous » se dit-elle en hésitant à prendre ses cliques et ses claques pour rentrer dans son cocon. Mais pas le temps de se retourner, le Docteur Philippot ouvrit la porte de la salle d'attente et fit entrer Sarah dans son cabinet.
Le Docteur Philippot était assez grand et mince, cheveux bruns, une quarantaine d'années avec un air très sérieux que Sarah interpréta comme réprobateur. Sa voix était douce et son ton nonchalant mais il dégageait tout de même de l'empathie et de la bienveillance, ce qui permit à Sarah de s'exprimer plus librement.
« Alors Mademoiselle Mele, qu'est-ce qui vous amène ? »
« Et bien, je suis en surpoids depuis l'âge de 10 ans. J'ai suivi de multiples régimes mais à chaque fois que j'arrête de faire attention à ce que je mange, je reprends le double ce que j'ai perdu. Je sais que je mange mal, je cuisine peu et aujourd'hui je sais aussi que j'ai besoin d'un soutien, d'une sorte de coach pour m'accompagner vers une perte de poids à long terme. »
« C'est une collègue de ma mère qui m'a parlé de vous. Vous auriez accompagné une jeune fille récemment et elle n'a dit que du bien à votre propos » continua-t-elle.
« D'accord...et quand vous dites que vous vous nourrissez mal, pouvez-vous m'en dire un peu plus ? » répondit le Docteur Philippot.
« Et bien je vais souvent au fast food ou encore acheter des viennoiseries à la boulangerie et je ne sais pas, vraiment pas cuisiner, donc je fais des choses rapides comme des pâtes » reprit-elle.
L'échange continua sans que Sarah ait à mentionner ses crises excessives et le Docteur conclut l'entretien : « Alors... je suis d'accord pour vous accompagner, mais il y a 3 conditions à cela » dit-il.
« Quoi ???... Des conditions pour être suivie par un simple médecin » rumina Sarah intérieurement, « et puis quoi encore, il est gonflé celui-là... je le paye et il m'impose des conditions ».
« Je vois que vous êtes sceptique » reprit l'homme de manière amusée, « mais croyez-moi, j'ai de l'expérience dans ce domaine et je peux vous assurer que je sais ce que je fais ».
« Donc... », reprit-il. « Ma première condition : je veux que vous achetiez ce livre » dit-il en lui montrant un livre de poche intitulé « La table des calories ».
« Notre objectif n'est pas seulement de perdre du poids mais que ce soit pérenne et que vous arrêtiez l'effet yoyo. »
« En notant chaque jour ce que vous mangez, vous aller prendre conscience de ce que vous ingérez. »
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« Ma deuxième condition », poursuivit-il : « je ne veux plus que vous vous pesiez tous les jours et jamais chez vous. Nous nous verrons tous les lundis et c'est à ce moment que nous verrons l'évolution de votre courbe de poids. »
Sarah voulut intervenir pour exprimer son désaccord mais le médecin l'interrompit.
« Et enfin, ma dernière condition. Je vais vous prescrire des anti-dépresseurs et je veux que vous les preniez sérieusement. Si l'une de ces trois conditions ne vous satisfait pas, ce n'est pas la peine que nous débutions un travail ensemble ».
Sarah resta immobile et souriante... la directivité de l'homme qui se trouvait en face d'elle l'avait impressionnée mais son assurance et sa bonhomie répondaient à son besoin... être accompagnée par une figure d'autorité qui pourrait lui montrer le chemin à suivre, une sorte de guide.
Elle répondit tout de même : « d'accord... et que dois-je manger ? »
Le médecin lui expliqua que dans un premier temps elle noterait ce qu'elle mangeait ainsi que l'apport énergétique correspondant et au fil des semaines, ils analyseraient et ajusteraient.
Elle reprit donc rendez-vous pour chaque lundi de chaque semaine, toujours à la même heure, ce qui lui semblait une bonne chose pour ritualiser les séances et garder sa motivation : celle de devoir se peser toutes les semaines devant son médecin.
Quand elle reprit son véhicule pour rentrer chez elle, son avis était tout de même mitigé : ce médecin avait en effet l'air de savoir ce qu'il faisait mais pourquoi lui donner des médicaments pour son moral ? Sarah trouvait qu'elle allait très bien et ne se trouvait pas dépressive. Certes elle avait des coups durs et des moments de tristesse mais de là à être en dépression, il y avait quand même de la marge. Et puis sa force intérieure lui avait toujours permis de rebondir, elle ne voyait donc pas en quoi ce traitement allait pouvoir l'aider.
Et en même temps, elle s'était engagée, et l'engagement pour Sarah faisait partie des valeurs qu'elles s'imposaient. Il était donc important pour elle de pouvoir répondre aux attentes de son nouveau mentor.
Elle se précipita tout d'abord à la librairie pour acheter le livre recommandé par le Docteur Philippot, puis à la pharmacie pour acheter les fameux anti-dépresseurs, même si, sur ce point Sarah restait dubitative.
Elle alla faire ses courses et commença sérieusement à faire attention à ce qu'elle mettait dans son caddie.
En fait elle savait manger équilibré. En effet, avec les multiples tentatives de régimes qu'elle avait déjà faites, elle avait acquis les bases pour perdre du poids : un peu de tout en quantité raisonnable, pas trop de gras, sucre à bannir et manger 3 repas par jour.
Lorsqu'elle avait 14 ans elle avait réussi à perdre 20 kilos en 4 mois grâce à un programme bien connu, alternant réunions collectives et livres de recettes pour faciliter la cuisine au quotidien.
Elle avait repris certes 40 kilos lorsqu'elle avait stoppé le programme, mais elle savait que la méthode fonctionnait et qu'elle ne s'affamerait pas.
Il ne restait plus qu'à être sérieuse, à noter tout ce qu'elle mangeait de manière méthodique et elle y arriverait, cela ne faisait aucun doute pour elle.
Encore une fois, elle était loin de se douter que l'accompagnement qu'elle avait entamé allait réellement bouleverser ses convictions...

LA REVOLUTION DU TOURNESOLWhere stories live. Discover now