Chapitre VIII

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Il était tôt, très tôt pour un dimanche matin. Huit heures n'avait même pas encore sonné, Ezra n'était jamais debout normalement. Mais aujourd'hui, c'était différent. Aujourd'hui, c'était le 20 novembre. Et Charlie fêtait ses vingt et un ans. Et c'était important. Pour lui, surtout.

Alors en ce grand jour, il avait réglé le réveil, et à sept heures quarante, il était déjà aux fourneaux. Le jeune homme avait décidé de faire une magnifique pièce montée, un gâteau fantastique dont Charlie se souviendrait toujours. Et peu importe s'il n'avait presque jamais pâtissé de sa vie, il avait voulu essayer. Peut-être était-ce pour cela qu'il ne s'était pas rendu compte de la difficulté de la tâche... Les indications voletaient devant ses yeux, il y en avait trop. Beaucoup trop. De la poudre d'amande... En avaient-ils à la maison ? Avaient-ils cinq moules différents, comme le demandait la recette ? Il allait se débrouiller, il allait y arriver. Mais une heure trente venait déjà de s'envoler, et presque rien n'avait avancé. Où était donc la farine, bon sang ?

Les ustensiles se mirent à voler, le livre de cuisine tomba par terre à plusieurs reprises et Ezra laissa échapper quelques jurons. Peut-être un peu plus que quelques uns, finalement... Rien n'allait comme il fallait, un vrai désastre !

Vers neuf heures, des petits bruits de pas discrets se rapprochèrent de la cuisine mouvementée, et le garçon en tablier eut juste le temps de découvrir Charlie dans l'embrasure de la porte. Ses yeux étaient encore endormis, ses cheveux encore en pétard sur le haut de son crâne.

— Ezra, qu'est-ce que tu....

— Non, ne regarde pas ! s'emballa Ezra. Je te fais une surprise, va... va te recoucher, tiens !

— J'aurais bien voulu dormir plus longtemps, si seulement tu ne faisais pas autant de bruit... Et qu'est-ce que tu fabriques dans la cuisine, avec du sucre sur le visage et du blanc d'oeuf sur les doigts ?

La jeune femme releva la tête pour découvrir l'état de la pièce, et elle s'exclama :

— Mais qu'est-ce que tu fais ? C'est quoi ce massacre ?!

— Je gère la situation ! Sors de la pièce !

— Mais tu ne gères rien du tout ! La cuisine n'a jamais été aussi sale !

— J'étais en train de pâtisser, figure-toi.

— Toi ? Laisse-moi rire !

Charlie laissa échapper un rire jaune, et son regard peu accommodant resta fixé plusieurs secondes sur le jeune homme. Ezra n'aimait pas cette attitude chez Charlie, il détestait quand elle réagissait de la sorte. Ses yeux à lui descendirent le long de son tablier tâché et bifurquèrent vers la table à manger. Tout était en désordre, tout était horrible. Il avait merdé.

La jolie blonde, quant à elle, se redressa quand elle vit que son compagnon se renfrognait de plus en plus. L'avait-elle blessé ?

— Eh... C'est pas grave, tu sais ? Tu n'as peut-être pas les talents de Cyril Lignac, mais je t'aime quand même.

Ses lèvres s'écrasèrent furtivement sur la joue d'Ezra, et il ne tourna pas la tête. Charlie était rassurée... Un petit sourire s'afficha sur son visage triste, et il ajouta :

— Je voulais te faire la surprise... Une pièce montée, tu aurais aimé, non ?

— Je vais te faire un confidence, nota Charlie. Je préfère les fraisiers.

En entendant cela, l'homme en tablier passa sa main dans ses cheveux sombres et se mit à souffler.

— J'avais complètement oublié...

Pourtant je t'attends toujoursWhere stories live. Discover now