Chapitre XV

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— Un homme de la nuit ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? tempêta Lorenzo. Tu ne marches pas droit, tu es ivre ?

— Tu ne comprendrais pas, de toute façon, répliqua la blonde.

Avant de rentrer dans la fourgonnette, Charlie enfouit bien profondément le petit papier dans la poche de sa veste. Lorenzo claqua la portière du véhicule sans aucune modération, et quelques secondes plus tard, il fit accélérer la camionnette en grinçant des dents.

— Lorenzo, pas trop vite ! On va bientôt atteindre la route de graviers, tu vas déglinguer la voiture, comme ça.

— Je suis énervé. Et quand je suis énervé, j'accélère.

— Laisse-moi le volant, sinon.

— Tu as bu !

— C'est vrai...

La camionnette blanche, semblable à une petite lanterne dans la nuit, entama la longue montée sur les graviers, et Charlie fut secouée de partout. Les chocs commençaient à lui faire mal au dos, et une envie de vomir remonta doucement au creux de son estomac.

— Lorenzo, moins vite...

— Je suis désolé ! Change-moi les idées, sinon, j'en sais rien ! En m'expliquant qui était cet homme, par exemple.

— Tu ne perds pas le nord, toi, remarqua la blonde en grimaçant.

— Eh non, bella !

— Il était bizarre... Il est venu me parler de la lune et ensuite, il m'a demandé mon numéro.

— Il t'a draguée, quoi.

— Exact, admit Charlie en calant sa tête contre la vitre.

— Et tu le lui as donné, ton numéro ?

— Non... Alors il m'a donné le sien, et il m'a dit qu'il voulait me revoir.

— T'as pas l'air très excitée, en disant ça. Il était pas beau, c'est ça ? Ou un peu lourd ?

— Je n'en sais rien, s'il était beau ou non ! Je ne l'ai pas vu, il faisait trop noir. Mais... non, il n'était pas lourd. C'était... plutôt sympa.

— Alors tu vas le rappeler, en déduisit Lorenzo.

Charlie remarqua qu'il avait ralenti, petit à petit. La camionnette avait arrêté ses grands jetés au moindre trou dans le sol.

— Non, je ne pense pas. 

Le jeune homme tourna la tête vers Charlie, et fronça les sourcils. 

— Pourquoi ça ? 

— Je ne sais pas si j'en ai vraiment envie... Et j'ai l'impression de ne pas encore être prête. 

— Et pourquoi tu ne le serais pas ? 

— Parce que quand on me parle de couple, je m'imagine encore avec Ezra. 

La blonde ferma les yeux en disant cela, et inspira profondément pour essayer de clarifier ses idées, brouillées par l'alcool. 

— Tu l'aimais beaucoup, à ce que je vois. 

Charlie rigola en entendant cela. Bien sûr, qu'elle avait aimé Ezra ! Avant de le rencontrer, elle ne savait même pas qu'on pouvait réellement aimer comme ça. Cet amour qui vous prend aux tripes, qui vous colle à la peau, vous enivre tout entier, vous revigore pour l'éternité, vous fait briller de mille feux, sourire jusqu'à en avoir mal aux joues...

— Oui, je l'aimais beaucoup. Peut-être trop, même... 

— Et il était comment ? 

— Je ne sais pas si j'ai envie de me rappeler tout ça, Lorenzo. Dès que j'y pense, ça me fait mal. Vraiment. 

Pourtant je t'attends toujoursWhere stories live. Discover now