Chapitre XIII

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Le temps était mauvais, aujourd'hui. La pluie ne cessait de tambouriner à la fenêtre de Charlie en un concert de petites gouttes. Le ciel était gris, plus foncé encore que le pelage d'Hendrix que la blonde caressait distraitement. Elle était assise sur son lit, son ordinateur sur les genoux, et parcourait rapidement ses mails des yeux. Seulement, même après déjà deux semaines d'absence, personne ne semblait lui demander de ses nouvelles. Bien sûr, Marilyn lui envoyait chaque jour quelques sms, et elle continuait de l'appeler encore chaque semaine, mais c'était bien la seule... Josiane, la mère de Charlie, lui avait tout de même demandé si elle mangeait bien, là où elle était, et la discussion s'était arrêtée là.

Au fin fond de l'Italie, le réseau était encore à améliorer, et déjà la dernière barre de wifi commençait à flancher. Pourtant, une nouvelle notification clignota sur le haut de l'écran, et Charlie l'ouvrit avant qu'internet se remette à faire des siennes.

Message de : -AnnieLiveau : Bonjour ! J'espère que vous vous portez toujours bien. Mon mari a disparu hier soir, il n'est toujours pas revenu. J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose... Auriez-vous des solutions pour que je le retrouve plus rapidement ? J'espère que vous reverrez également votre proche au plus vite. A bientôt.

La jeune femme lut une première fois le message, plissa les yeux la deuxième fois, et souffla d'exaspération la troisième. C'était le blog qu'elle avait mis en ligne lors de la disparition d'Ezra. Ça paraissait loin, maintenant... Cependant, en se rendant compte des intentions de cette personne, Charlie faillit lui répondre de façon cinglante. Cette prénommée "AnnieLiveau" s'adressait à elle pour l'aider à retrouver son mari, alors qu'elle-même avait perdu Ezra. Impensable, chuchota-t-elle. Soudain, de façon inattendue, Charlie réalisa que ce blog ne servait finalement plus à grand chose. Alors, sans même ressentir un pincement au coeur, elle dirigea lentement la souris vers la barre de réglages, et appuya sur "supprimer cette page". Il y eut un petit "clic", puis tous ces messages disparurent et la blonde atterrit sur son écran d'accueil. C'était fini, pensa-t-elle, plus de faux espoirs.

Deux coups retentirent à la porte, Hendrix se redressa de tout son long et remua les oreilles.

— Toc, toc, chuchota Lorenzo. Je peux entrer ?

Charlie alla elle-même ouvrir la porte, et fut étonnée de voir le jeune homme si bien apprêté. Habituellement, celui-ci ne quittait pas son large pantalon marron, et oscillait entre son sweat à rayures et son tee shirt manches courtes avec écrit "Amore" en lettres cursives.

Buongiorno, ma Charlie ! s'exclama-t-il. Comment tu vas ?

Hendrix sauta du lit et sortit de la pièce ; Lorenzo le suivit rapidement des yeux avant de s'adresser une nouvelle fois à Charlie :

— Je compte descendre au bar du village, tu veux venir avec moi ?

— Euh... je ne sais pas, hésita Charlie. Je voulais profiter de ma soirée de repos...

— Pour végéter dans ta chambre ? la coupa Lorenzo. Allez, je sais très bien que tu as encore du mal à t'intégrer dans la famiglia, mais moi je t'attends les bras ouverts ! Viens avec moi, on en profitera pour se présenter un peu plus. Enfile ta plus belle tenue, je te laisse cinq minutes et on se retrouve dans la voiture !

— Lorenzo, attends ! Il y a vraiment un bar, dans ce village perdu ?

— C'est bien le seul, alors autant en profiter !

Un sourire espiègle fissura le visage du jeune homme, et il tourna les talons pour déjà retrouver le vieux van à l'extérieur. Charlie resta un instant sur le chambranle de la porte, observa le mauvais temps à l'extérieur, se dit que c'était peut-être une bonne idée, finalement. Elle n'avait rien à faire, entre ces quatre murs, alors mieux valait sortir un peu. De toute façon, elle n'avait pas tout quitté à Nantes pour arriver ici et rester cloîtrée dans une maison au vieux crépis...

Pourtant je t'attends toujoursWhere stories live. Discover now