10- dispersés

132 25 29
                                    

    Je roulais de nouveau à vive allure dans la nuit, pourtant je n'avais toujours pas fermé l'œil. Mon objectif était de vite arriver à la maison car j'avais laissé seuls les enfants et maman m'avait ordonné de garder un œil sur eux. La route était très impossible à pratiquer non seulement pour son mauvais état à la base, mais aussi pour la grande pluie qui n'avait toujours pas cessée de tomber. J'avais si peur de faire à nouveau un accident, mais par la grâce de Dieu je finis par arriver au village sain et sauf. Il était désormais six heures quand je garais le véhicule dans la cour, en regardant, je vis au loin ma grande soeur, Karl ainsi que la femme de grand père venir tout en courant dans ma direction. Ils étaient tellement inquiets, ils voulaient tout savoir sans doute. Je n'étais même pas encore sorti du véhicule que comme des "zombies" ils étaient déjà là à tirer la portière. Les questions coulaient à flots <<comment vas t-elle? Que t'a t-on dit? Quand pourra t-elle sortir?>> Me demandaient-ils sans pourtant me prendre en compte moi-même, moi qui jusqu'à lors n'avais pas encore pu fermer l'oeil un seul instant. Je tardais à répondre, les yeux presqu'endormis ce qui ne plaisait pas à ma grande soeur qui stressait déjà. Alors tout à coup, elle donna un énorme coup au véhicule.

Reine : mais bon sang réponds, tu sais que nous sommes tous inquiets et toi tu prends tout ton temps pour répondre, tu fais le beau.

Karl : dis-nous simplement comment se porte maman, que t'ont dit les médecins ? C'est grave ?

Geneviève : laissez d'abord votre frère se reposer il a l'air très épuisé, ça se voit d'ailleurs. Je pense que si quelque chose de grave était arrivé il ne serait pas encore là ou du moins il ne chercherait même pas à dormir, comprenez le aussi !

Moi: les enfants dorment encore ?

Reine : imbécile on te pose une question tu ne réponds pas, après c'est toi qui nous en pause une autre, attends bien la réponse.

Moi: hum! Maman se porte mieux, on ne m'a pas dit quand est-ce qu'elle sortira mais elle va s'en sortir. La nuit en partant on a fait un accident à cause de la pluie mais ce n'était rien de bien grave, nous sommes arrivés à temps et ils ont pu la prendre en charge.

Reine : tu ne pouvais pas dire ça depuis, les enfants dorment encore.

      Après cette discussion je descendis du véhicule en direction de la chambre pour fermer l'œil, j'avais donc pris la décision qu'à mon réveil je les emmènerait tous à l'hôpital voir maman aux environs de quatorze heures. Couché, je dormais paisiblement jusqu'au moment où je me perdis tout à coup dans ce qui semblait en même temps être un rêve et en même temps une réalité. Je sentais mon corps endormi mais j'avais les yeux ouverts, je pouvais voir la chambre j'essayais de bouger mais cela m'était impossible, je semblait paralysé. Tout à coup la peur me traversa l'esprit avec de la panique, je me mis donc à prier et à louer Dieu, puis quelques instants après je me réveillais en sursaut avec une larme à l'œil. Je n'en revenais pas de cette expérience, je me questionnait sans cesse dans ma tête toujours allongé dans la position de mon sommeil. Des cris tout à coup venaient éveiller mon ouïe, ça semblait venir de la cuisine <<vas appeler Warren>> disaient-ils. Au couloir des pas de course, puis la porte s'ouvrit brusquement, c'était Naël respirant le chien qui était venu me chercher en urgence.

      - Warren ! Warren ! Fais vite, on a besoin de toi c'est urgent

      - que se passe-t-il encore ?

      - Kaaris a bu le pétrole croyant que c'était de l'eau, il est entrain de faire comme quelqu'un qui va mourir.

      Décidément le repos n'était vraiment pas fait pour moi ce jour là, me voilà de nouveau en panique en direction de la cuisine qui était à cinquante mètre du salon. Tous étaient là-bas, seule la femme de grand père et lansky étaient absents. Kaaris semblait perdre des forces, il ne pouvait plus faire bouger le moindre de ses membres et contrairement à maman, si lui on décidait de l'emmener à l'hôpital on y serait pas à temps pour le sauver. Heureusement pour nous maman m'avait expliqué quoi faire lorsque nous sommes confrontés à ce type de situation, boire du lait concentré ou une grosse tasse de lait bien sucrée avait les vertues d'atténuer les effets du pétrole, de la javel ou de certains poisons dans le corps, ce que je fis immédiatement. Au fur et à mesure que le temps passait, le traitement faisait effet, il allait mieux mais toujours faible. Si la femme de grand père était absente c'est parce qu'elle était partie au champ de manioc, elle ne rentrait que la nuit. Le problème de Kaaris ce jour là m'empêcha d'emmener comme prévu tout le monde à l'hôpital voir maman, et c'était le mieux à faire car on ne savait pas quelle mauvaise surprise pouvait nous attendre dehors. On avait passé toute la journée à la maison à surveiller Kaaris, il était dix neuf heures quand la femme de grand père finit par rentrer du champ. Elle alla à la cuisine décharger son panier, puis revint au salon. Comme toujours Naël considéré comme étant "France 24" de la maison ne manqua pas de lui faire un reportage, avant qu'elle ne retourne de nouveau à la cuisine. Nous étions tous assis au salon à discuter, Kaaris toujours fatigué malgré la récupération dormait sur mes cuisses, quand je me rendis compte d'une chose.

      - au fait, où est lansky ?

Karl : je ne sais pas, je ne l'ai pas vu depuis.

Naël : oh mais c'est vrai ! Il est où ?

Reine : s'il n'est pas dans la maison je vais le tuer, je vous le dis je vais le tuer.

      On lança la fouille dans toute la maison, mais rien, on criait son nom en vain, cuisine, cour et même derrière il n'y était pas. Être attaqué mystiquement c'est une chose certes, mais une disparition physique non, on ne pouvait se permettre ce luxe. À vingt heures il n'était toujours pas là, armé d'une torche et d'une machette, je lançais les fouilles tout seul un peu plus en profondeur dans la forêt. Dix minutes après comme un fou, une personne dépourvue de sens et de raison, je le vis enfin. Mais je n'en revenais pas.

Moi: qu'est-ce que tu fous là à cette heure ? dis-je en arrivant par l'arrière.

      - je nettoie ! me répondit-il sans pourtant être surpris.

      - tu es conscient que tu es assis sur une tombe dans un cimetière à vingt heures ?

A suivre...
Merci pour vos lectures
Merci pour votre temps 😁

     

DE RETOUR AU VILLAGEWhere stories live. Discover now