17- le piège

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Quelques heures après que l'esprit soit parti, on ouvrit seulement la porte centrale car il était déjà dix-huit heures et les fenêtres devaient rester fermées. Maman était revenue à elle, les autres lui expliquèrent la situation et moi par la suite j'ai su comment j'étais arrivé là. Ondolong avait demandé à tous les villageois de sortir de la maison tant qu'il serait présent, de ne laisser que la famille, c'est ce qui expliquait les gens dehors. Mais certains voulant à tout prix éviter de se faire raconter l'histoire, décidèrent de lorgner par le moindre petit trou et d'entendre. Aussitôt que la porte était ouverte, de nombreux "hypocrites" franchissaient le seuil de la porte en larmes. Chacun venait me toucher, on croirait que c'était Jésus revenu de l'au-delà. Cette parade dura environ une heure, puis ils s'en allèrent. C'est au même moment qu'arriva la femme de grand père en courant, elle était essoufflée car elle avait eu des échos.

Geneviève : atah zame, (Seigneur) mon mari c'est comment ? Tu as quoi? Depuis que je marche dans le village tout le monde me dit que ça ne va pas ici chéri c'est comment ? Criait elle toute en larmes

Moi: c'est rien, ça va déjà !

Geneviève : rien comment ? Regarde comment tu es tout pâle, ça se voit que ça ne va pas. Des gens sont venus me chercher en forêt disant que tu es mort, tu me dis ça va?

Sylvie : hum!

Geneviève : à Sylvie à ne ya ? (Sylvie que se passe-t-il ?) Ndzi bô me n'nome? ( Que s'est-il passé avec mon mari)

Sylvie : be ye gne gnong Kong o téléphone (on a voulu lui retirer son âme à travers le téléphone). Mame ma yén ya é dza di han! ( Les choses que j'ai déjà vécu dans ce village là hein!) Me nemane ya (ça en fait trop)

Geneviève : éeeeeeeeeeeeyiiiéeeeeeeeeeeeee! A zam! (Seigneur !) Be za ba koum me wuigne boine oooooooooooooh ! ( Qui veut me tuer les enfants ?) Za dzame di ? (C'est quoi cette affaire ?)

Elle fit son "sketch" pendant un bout de temps, elle mit de nouveau la faute sur grand père qui lui étrangement aussi n'est jamais là quand ça chauffe. Grand père d'ailleurs arriva aussi, il trouva même sa femme et sa fille remontées contre lui. Malgré tout elles lui firent le compte rendu, lui comme à son habitude ne voyait aucune raison de paniquer comme s'il contrôlait tout. Je m'attendais à ce qu'elle lui dise qu'on allait bientôt retourner mais ce ne fut pas le cas, elle lui disait simplement que si ça ne changeait pas dans les prochains jours, on s'en irait sans même que lui ne le sache. Ce n'était pas au menu ce soir là et vu que personne n'avait mangé depuis le matin, c'est ensemble que nous étions allés à la cuisine pour vite faire le repas du soir.

Nous avions gardé cette même habitude là de mettre les mains au dessus du feu de bois, c'était aussi normal car la fraîcheur ne faisait aucun cadeau. Tout le monde me voyait comme un revenant et c'était assez gênant, d'autres habitants même du village passaient encore me voir en fonction de l'heure à laquelle ils avaient appris la nouvelle, Kaaris comme à son habitude ne pouvait rester loin de moi, toujours sur mes cuisses malgré son âge. Grand père était du genre à vite passer l'éponge et à essayer de redonner le moral à tout le monde, ses habitudes de l'armée, il finit par interrompre le silence qui s'était installé.

Mezui : on vous a déjà raconté l'histoire de votre oncle Constantin ?

Lansky, Nael et Kaaris: non, jamais !

Mezui : donc vous ne savez pas ce qu'il a fait au peloton lors de son premier jour à l'armée ? Mais c'est pas possible ça dis donc...

Kaaris : Dis-nous papi, s'il te plait.

Mezui : d'accord ! Il avait environ dix-sept ans quand je l'ai fait entrer dans l'armée, alors comme d'habitude au gros bouquet ( Camp de gendarmerie) ,on met les nouveaux en rang pour leur décerner leurs grades. Donc le général Assoumou a commencé à distribuer les médailles aux autres, et on arrivait désormais à votre oncle. Sauf qu'il y avait un problème, le général là était la terreur de votre oncle, je ne sais même pas d'où sortait cette peur. Alors le général arriva à son niveau, votre oncle se mit à transpirer comme pas possible, les larmes coulaient déjà des yeux. Le général ayant fait cette remarque se mit en colère et hurla :<< mais bon sang qu'est-ce qui te fait pleurer?>> Cette question alla se réfugier dans l'estomac de votre oncle avec toute la peur du monde. Quelques secondes après, il lâcha un pet, je vous jure que tout le peloton était en fuite, c'était comme si on avait été attaqué, l'odeur était pire que celle toutes les bombes qu'on nous attaquait avec sur le terrain. Les soldats fuyaient dans tous les sens, et quand le général regarda au sol il vit de la diarrhée sortir du pantalon de votre oncle. La punition qu'il a eu hein, ça m'étonnerait qu'il l'ait oubliée...

Lansky : oooooooooooooh donc il joue au dur tous les jours là pour rien ? Dit il éclatant de rire

Nael: oooooooooooooh donc c'est même un peureux comme ça ? En fou rire aussi

Karl: faut aller le lui dire en face, tu vas bien voir.

Grand père avait comme à son habitude réussi à changer l'atmosphère de la maison, d'ailleurs c'est un enchaînement d'histoires drôles qui suivit car maman en avait tellement à nous raconter sur son père, exemple le jour qu'il s'est retrouvé agressé par un couple qui se battait. C'était vraiment ce qu'on voulait, c'était pour vivre ce genre de moments qu'on avait décidé de revenir passer les vacances au village et c'était dommage de vivre autre chose au quotidien. Tout était prêt et nous étions repartis au salon pour manger, radio oyem était comme à son habitude entrain d'annoncer tous les décès déclarés concernant la province. Grand père donnait l'impression de connaître tous les noms des morts du jour, dès qu'on dit un nom il pousse un "kié, a wou yang ah ça !" (Lui aussi est mort ah ça !). Tout cela fait, il fallait aller dormir, là j'étais prêt, cette nuit on allait savoir qui est cette personne qui s'amuse à nous faire du mal.

Moi: je vais déjà dormir, je suis fatigué.

Geneviève : d'accord mon gars, dors bien. Surtout n'oublie pas de prier avant de dormir, y'a rien à craindre.

Mezui : kié a mui! J'ai vraiment eu très peur pour toi, repose toi bien on va en reparler au réveil. Tu es un homme, après moi c'est toi le chef de famille, je ne compte pas ton oncle car il me déçoit beaucoup, il refuse de se prendre en main. Bref, vas te reposer, c'est pas les choses qu'on dit la nuit.

J'étais parti dans la chambre, comme on me l'avait appris, j'allais faire le piège, c'est lansky qui m'avait accompagné. Je pris un Goblet, mis de l'eau dedans, puis un caillou et enfin une lame avant de glisser ce gobelet en dessous de mon lit. Je fis encore la même chose pour mettre sous le lit de maman, en même temps je lui dis que cette nuit là personne ne devait dormir au sol ni y mettre les pieds jusqu'à mon réveil. Chacun fit ses dernières petites commissions avant de dormir, rien ne semblait vouloir perturber cette nuit là et c'était une assez bonne nouvelle. Comme prévu la nuit se déroulait bien, rien ne derangeait en dehors de la fraîcheur quand on environ de quatre heures, toutes les lampes s'éteignirent du coup et j'entendis une personne hurler. Ce n'était pas dans la chambre de maman, je reconnue cette voix, cette personne semblait se tordre de douleur, exactement comme ce que devait produire ce piège. Mais je n'y croyais pas, je ne savais pas, je ne savais pas que c'est cette personne là qui aurait été touchée.

A suivre...

DE RETOUR AU VILLAGEWhere stories live. Discover now