5-le retrait de deuil

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      Mon petit frère Karl venait de recevoir ce qu'on appelle communément au Gabon un "CPT" (c'est pour toi), c'est une façon de désigner une attaque mystique par le fusil nocturne. Mais avec ce jeune homme qui était venu nous informer qu'on était attendu le soir pour le retrait de deuil, on le savait qu'on serait encore confrontés aux jeunes qui ont fait ça. À quoi cela ressemblerait il? Une chose était sûre, on devait rester groupé et prudent. Comme prévu à la nuit tombée, on était prêts pour s'y rendre. Maman nous avait d'abord tous réunis pour nous parler. Rien ne s'était encore passé qu'elle était déjà en colère et ça se ressentait dans ses propos.

      - je vous préviens déjà, là où on monte là, celui qui va aller déconner je vais lui régler son compte devant les gens. Karl je m'adresse surtout à toi avec ta grosse tête là, il faut encore aller montrer là-bas que c'est toi la star et moi je vais te rappeler que toute star à une mère. Reine et Warren, ne laissez pas les plus petits seuls.

      Grand père l'écoutait parler, il était très souvent silencieux et compréhensif, d'ailleurs il oubliait  et passait souvent vite l'éponge, mais sa femme lui dit << c'est toi le chef de famille, c'est toi qui connais ton village, tes enfants sont entrain de monter je sais que tu vas pas les surveiller mais au moins donne leurs déjà des directives>> lui il était juste là à la regarder ne lâchant qu'un << ils savent déjà quoi faire>>  puis on était montés. Pourquoi est-ce que maman nous donnait des directives? pourquoi elle même ne nous surveillait pas ? Tout simplement parce que toutes les femmes devaient travailler ensemble, elle ne pouvait donc pas travailler et aussi nous surveiller. On marchait en groupe, je tenais Naël et Kaaris par la main. On regardait d'abord la petite danse du village qui se surnommait Missek m'issapak, un nom d'ailleurs que je ne comprenais pas, pourtant ce groupe de danse avait été créée par ma grande soeur dans son enfance. C'était les filles qui étaient avec nous à la rivière qui dansaient, à notre vue elles se mirent toutes à étaler tout leur talent de danseuses. L'argent pleuvait sur elles mais leurs regards sournois sur nous, reine nous fit une blague << vos femmes vous regardent>> dit-elle en riant. Puis elle se rappela qu'elle avait fait partie de cette danse dans son bas âge, d'ailleurs c'était la plus talentueuse, elle décida donc d'aller faire sa petite démo histoire de participer un peu au show. À son entrée dans la ronde, les gens se mirent à l'acclamer, à donner davantage d'argent car elle dansait très bien partout c'était juste reine ! Reine ! reine ! Tout en suivant le rythme de la musique. Elle recevait à son tour de l'argent, mais avait elle remarqué les visages de celles à qui elle venait de voler la vedette ? Non, je crois pas. Elle se sépara même de nous car devenue star, tout le monde voulait rester avec elle. Elle m'avait donc laissé avec mes quatre petits frères, s'éloignant sous mon regard impuissant et inquiet. Puis les deux petits derniers eurent envie de se soulager, je décidais donc de les emmener à la maison car j'aime pas voir les gens faire leurs besoins dans la nature. Karl et lansky ne voulaient pas redescendre, car on n'avait pas la voiture et on n'avait pas allumé le groupe en bas chez nous, donc tout était dans l'obscurité. Au moins, je leur avait donné comme mission de retrouver la grande sœur et de rester ensemble. En descendant mes petits frères me serraient fortement car il y avait un froid glacial, un froid de mort. C'était bien normal car mon village était rempli de tombes, même notre concession avait des tombes des parents de grand père et aussi de son grand frère décédés. Ils étaient entrain de se soulager quand Kaaris m'interpella.

Kaaris : Warren !

      - oui!
 
      - j'ai peur.

      - mais de quoi voyons ? Finis de te soulager et on part.

      - oui je veux bien mais on me regarde

      - qui te regarde ?

      - elle... ( Montrant le doigt vers le vide)

      - d'accord, ne t'en fais pas elle ne peut rien te faire, je suis là termine on va prier et tu ne la verras plus. ( Pour le consoler)

      Mais non ! Mais non ! Il y'a des propos à ne pas faire sortir devant Naël, c'est tout de même le grand peureux international, le petit nerveux de la maison.

Naël : Kaaris pourquoi tu es un sorcier comme ça ? Tu as toujours eu les choses d'un enfant né avec des incantations. Tu connais mon statut et tu oses sortir ce genres de paroles devant moi, bon maintenant à cause de toi je sais que je vais pas pouvoir dormir la nuit! Bien joué tête triangulaire.

      Le spectacle de Naël m'avait fait passer l'inquiétude qui grandissait un peu en moi par rapport aux propos de Kaaris, pour mieux faire je pris le véhicule. Ce serait le moyen plus sûr de garder tout le monde à l'oeil et surtout de ramener tout le monde à la maison en même temps. Juste un petit détail, comment retrouver ceux que j'ai laissé ? Dieu merci pour moi lansky n'était pas vraiment un adepte de la tradition, alors à la vu du véhicule il vint directement ouvrir la portière pour rentrer.

Moi: où sont les autres ?

      - ils sont allés danser l'elone

       - Seigneur ! Vraiment ceux là...

      Je me dirigeai de nouveau avec le véhicule un peu plus haut, c'est là-bas que se déroulait le show préféré des fang (l'elone). Cette danse c'est un peu une danse perverse selon moi car tu peux avoir douze ans, et coller une dame de quarante ans. Elle se fait à la ronde autour des batteur qui joue du tambour en chantant parfois même des chants de sexes. Mais c'est le show c'est un peu le même style que dans le son de franko coller la petite, et qui je vois justement entrain de coller les filles ?

Naël : ça c'est pas Karl qui est entrain de danser avec les filles ? Je vais dire ça à maman !

Lansky : la ferme, tu parles trop! Ça te regarde ?

Moi: silence ! Lansky appelle le il se fait tard, déjà deux heures.

     Lansky alla appeler Karl qui cette fois ne posa pas de résistance, il vint certes un peu fâché mais il vint poser dans le véhicule. Puis je vis lansky prendre une autre direction, je dis encore à Karl de descendre pour le suivre. Karl a son tour mit du temps, avec les enfants en voiture je pris la même direction quand je vis au loin une dispute, en me rapprochant pour mieux distinguer, je vis deux mecs entrain de froisser mes petits frères. À l'arrivée de mon véhicule, ils ont pris la fuite. Ma grande soeur était la cause de ce conflit, mes deux petits frères l'avaient trouvé entrain de discuter tranquillement avec certains des garçons qui étaient à la rivière avec nous. Alors quand Karl était arrivé, il avait attrapé un pour le frapper à cause de l'attaque au fusil nocturne qu'il avait subit. Chez nous on ne règle pas les soucis la nuit, alors je décidai de ramener tout le monde à la maison tout simplement, c'était le mieux pour éviter les dégâts. J'avais quand même mal au cœur car je voulais assister à la danse que j'aime bien voir chez les fang koukele , cette danse est très mystérieuse et passionnante. Le danseur est un initié qui vraiment entre dans une dimension supérieure quand il danse, il avale des oeufs crus, il mange une poule vivante et boit de son sang. Il peut même grimper sur un poteau enfoncé au sol sans appuie. Mieux encore, il creuse un trou au sol, pointe son doigt dedans et te demande d'aller creuser un autre trou à deux mètres, et quand tu regardes dans ton trou tu vois le bout de son doigt. Mais les événements de cette nuit là ont tout gâchés, on devait rentrer... Espérons juste que ça ne se déroule pas cette fois en mode vengeance comme avec Karl la première fois...

A suivre...

DE RETOUR AU VILLAGEWhere stories live. Discover now