16- l'esprit

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      Tout semblait tourner au vinaigre, moi qui prenais toujours tous les problèmes à mon compte j'étais entre la vie et la mort, maman qui savait toujours quoi faire aussi était apparemment dans une situation inquiétante aussi. La femme de grand père par contre n'est jamais là quand nous sommes en difficulté, ça devenait même étrange. La même question tournait dans les têtes : de qui s'occuper en premier ? Ils avaient donc traché, il fallait d'abord s'occuper de maman, du moins savoir ce qui lui arrive et  pendant ce temps je me sentais aller. Tout était noir du coup, je sentais que j'étais quelque part mais sans pouvoir me déplacer, je voyais mon corps de l'extérieur, mais je semblais bloqué à l'intérieur, je ne pouvais ni le bouger ni le quitter. Cette sensation était étrange, je me demandais si c'était le corps qui pesait autant ou c'était l'âme qui n'avait aucune force, une sorte de paralysie. J'entendais juste les cris et les pleurs de mes petits frères, j'étais impuissant fasse à une situation pour la première fois, un simple spectateur aveugle.

Kaaris : Warren... Warren réveille toi! Ne nous fais pas ça.

Naël : Karl, reine et lansky venez vite, Warren a cessé de respirer, il ne bouge plus, il n'a que ses yeux ouverts et c'est tout blanc. Criait il en pleurant lui aussi.

      Malgré les cris des enfants, Karl et reine étaient allés dans la chambre de maman à vive allure, il fallait tout faire pour la garder en vie elle au moins, moi de toutes façons je venais de rendre l'âme. Dans la chambre, ils trouvèrent maman sans pourtant que ce ne soit elle. Ça semble étrange, mais ce que les plus jeunes avaient qualifié de choses bizarres l'étaient bien pour eux, ou pour toutes personnes n'ayant jamais assisté à cette scène. En effet, maman était une initiée aux rites de chez nous, dans le passé elle était tradi praticienne et bien qu'elle avait arrêté pour se donner à Dieu, il y'avait ces moments là où les esprits reprenaient possession d'elle et ce parfois brusquement. Ils le faisaient soit pour simplement venir rendre visite, soit pour annoncer un message ou régler des conflits. Ce jour là, l'esprit en elle était un de mes homonymes, l'arrière grand père surnommé ondolong. Il était entrain de bouger en elle, il n'était pas encore totalement là, mais dès que ce fut le cas il se mit à parler.

Ondolong : mui, mui a ne vé? (Où est mon homonyme?)

Reine : gno nvuigne a kouane, a ne metoi été. ( Ton homonyme est malade il est dans la voiture)

Ondolong : ba koume gne wuigne ( on veut le tuer) nkelan be gne (emmenez moi à lui) à ve luè ma (il m'a appelé)

      Reine et Karl le conduisirent à moi, exposé dans la voiture en mode cadavre. Pendant ce temps, j'étais toujours dans l'obscurité, je pouvais tout de même entendre Naël, lansky et Kaaris crier mon nom en pleurs, mais malheureusement je ne pouvais rien, je n'étais plus là. De là d'où j'étais une lumière se dessinait, étant content de voir la lumière je décidai de la suivre, je me disais qu'elle allait me ramener à l'endroit où pleuraient les autres.  J'en avais assez de l'obscurité, j'avançais quand je ressentis une main me tirer vers l'arrière : <<reviens, reviens vers nous ce n'est pas encore ton heure>> et devant moi je vis une silhouette de femme approcher, elle me demandait de me retourner. La silhouette arriva à mon niveau, c'était grand mère, je me mis à pleurer.

Grand mère : pourquoi tu es pressé de venir me rejoindre ? Je t'avais dit de prendre soin des autres, tu es l'aîné, ne vois pas ta grande sœur. Retourne, c'est pas encore fini pour toi.

Moi: maman, ça fait longtemps, tu me manques tellement, la famille a changé depuis que tu nous as quittée, tes frères ne nous considèrent pas.

Grand mère : je sais et je vois, toi aussi ne laisse pas les autres sinon ils vont aussi se séparer.

Moi: je veux rester avec toi, tu es seule ici.

DE RETOUR AU VILLAGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant