Chapitre 3

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Le crayon de Marinette glissait presque rêveusement sur le papier alors que le regard de la jeune femme s'égarait vers la poupe. Une silhouette masculine appuyée sur le bastingage apparaissait petit à petit sur sa page, avant que Marinette ne soit satisfaite de son dessin et qu'elle ne le compare à ce qu'elle voyait devant elle.

La silhouette richement habillée du jeune homme sur le dessin – du peu qu'elle s'en souvenait –contrastait avec les frusques que portaient ses compagnons de voyage de troisième classe sur le pont. Peu familière avec la géographie du Titanic, Marinette n'avait pas réalisé que la promenade ouverte qui leur était dédiée correspondait aussi à la poupe du navire, là où les évènements d'hier soir s'étaient déroulés.

Elle avait rêvé cette rencontre de la veille – c'était impossible autrement. Un prince charmant pareil, aussi désespéré soit-il, ne pouvait être qu'une apparition. Aucun passager de première classe ne pouvait s'introduire ici : un homme aussi riche et aussi beau ne pouvait pas l'avoir traitée aussi humainement sans qu'elle ne l'ait imaginé.

Pourtant, le masque de chat noir – qui ne la quittait jamais, avec un petit dé à coudre en or et un exemplaire illustré et usé jusqu'à la corde des Trois Mousquetaires – n'était plus dans sa sacoche.

Marinette passa une main sur son visage, la brise marine agitant ses cheveux. Est-ce qu'elle avait vraiment empêché une apparition de se jeter à la mer ? Est-ce que...

« Tu boudes encore ? »

Marinette sursauta, tombant nez à nez avec Alya agitant joyeusement son carnet sous son nez.

« Alya ! Rends-moi ça !

-Les croquis de mode ne te plaisent plus ? lança-t-elle en jetant un coup d'œil au dessin.

-Rends-moi ça, j'ai dit !

-C'est bon, c'est bon... Allez, dis-moi que tu ne me fais plus la tête. »

Marinette croisa les bras d'un air grognon en détournant le visage, même si c'était plus pour les convenances qu'à cause d'une colère sincère. Elle ne pouvait jamais rester longtemps en froid avec Alya, même si à cause d'elle, sa discussion avec la très charmante apparition de la poupe avait été abrégée, au prix d'un sermon par les officiers du Titanic. Le bateau filait désormais droit vers l'Amérique : la jeune femme espérait seulement qu'elle et Alya ne finiraient pas aux fers avant.

« Roh, s'il te plaît, Marinette ! Je t'ai même chipé un pain dans les cuisines pour me faire pardonner !

-Alya ! Je croyais qu'on avait dit qu'on ne volerait plus !

-...qu'on ne volerait plus en arrivant en Amérique, corrigea-t-elle. Et on n'est pas encore arrivées ! Allez, mange, je sais que tu as loupé le service du petit-déjeuner ce matin. Toi et tes fameuses pannes de réveil... »

Marinette hésita, mais son ventre gargouillant acheva de la convaincre. Croquant dans le pain que lui tendait Alya, elle ronchonna :

« Si au moins tu avais volé quelque chose hier soir, on ne se serait pas fait sermonner par les officiers pour rien...

-Oh, j'ai bien grapillé quelques petites choses, mais je mets au défi ces messieurs de me les reprendre.

-...C'est-à-dire ? »

Marinette s'imaginait déjà Alya avalant des bijoux pour éviter de se les faire reprendre par les officiers, tandis que son amie se penchait vers elle d'un air de conspiratrice :

« Les secrets, ça se vend presque aussi bien que les bijoux. Tu savais par exemple que la fille de notre ancien patron, Chloé Bourgeois, se trouvait incognito sur le bateau ? Apparemment, elle part en Amérique car elle s'est amourachée d'un des contremaîtres d'une usine Bourgeois à New York... Combien est-ce que tu crois que ça vaut, une information pareille ? Il y a bien de quoi assurer nos arrières pour notre arrivée aux Etats-Unis !

Insubmersibles - Miraculous : Titanic AUWhere stories live. Discover now