Chapitre 5

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« Attends, attends. Tu vas faire quoi ? »

Assise sur son lit de leur cabine partagée avec deux autres filles, Alya toisait Marinette qui reprenait son souffle après avoir redescendu à toute vitesse les escaliers du bateau.

« J'ai deux heures pour trouver quelque chose à mettre pour un dîner en première classe sous une fausse identité, résuma la jeune femme, peinant à croire ce qu'elle racontait. Voilà.

-Marinette... soupira Alya. Comment est-ce que tu t'es débrouillée pour passer d'une petite expédition chez les premières classes à une invitation à dîner avec eux ?

-C'est une longue histoire... »

Marinette s'assit sur son lit, en face de celui d'Alya. Son souffle se calmait enfin, mais elle ne se sentait pas moins paniquée pour autant.

Enfin, pas paniquée. Excitée. Pleine d'anticipation. Jusqu'à présent, elle avait toujours cherché à éviter les ennuis ; mais elle détestait l'injustice par-dessus tout, et Adrien lui avait tendu l'occasion d'obtenir une revanche sur un plateau.

Elle n'allait à ce dîner que pour se venger de Lila. Pas autre chose. Certainement pas pour...

« Marinette ? Tu es toute rouge.

-Je... Heu... Je vais tout t'expliquer. »

Elle raconta à Alya sa rencontre avec Chloé et Lila, la méchanceté tout à fait gratuite de la fiancée d'Adrien. Elle passa volontairement sous silence le fait qu'Adrien soit le fameux passager en possession de bijoux magiques, pour passer au moment où Lila avait failli les surprendre et où « Chat Noir » avait réussi à improviser d'une manière formidablement professionnelle.

« Bon menteur, ce Chat Noir... fit Alya à la fin de son récit. Pour cacher son identité de la sorte, il doit avoir un passé sulfureux, pas vrai ?

-Ah ah, oui... ! Oui, probablement ! bafouilla Marinette, obligée de marcher sur des œufs pour ne pas dévoiler l'identité secrète de son partenaire.

-Pour obtenir des places à la table des premières classes, il doit quand même être assez riche... Tu es sûre que c'est une bonne idée, Marinette ? »

Alya passa une main dans ses cheveux roux avant de poursuivre d'un air un peu coupable :

« Je sais que c'est toi que j'ai envoyé avec lui chez les premières classes mais... je ne veux pas que tu aies de problèmes, Marinette. Ni avec les employés du bateau s'ils découvrent la supercherie... ni avec lui. »

Marinette mit quelques instants à comprendre ce à quoi Alya faisait référence, avant de se rembrunir. Après plusieurs années dans leur atelier de tailleur, les deux amies avaient largement eu l'occasion de voir le sentiment d'impunité qui animait les riches bourgeois vis-à-vis des jeunes filles sans le sou. Qui se souciait d'une main sur les fesses d'une pauvre couturière ? Qui se souciait de doigts se glissant sous leurs jupes ? Leurs riches clients pouvaient leur faire ce qu'ils voulaient – les toucher, les accuser de vol qu'elles n'avaient pas commis, les brûler avec leurs cigarettes. Personne ne les croirait, de toute façon, car elles n'étaient personne.

Pourtant, songea Marinette, rien ne pouvait être plus éloigné de cette description qu'Adrien. Enfin, Chat Noir. Avec ou sans le masque...

« ...Il n'est pas comme eux.

-Ah oui ?

-Je... Je sais que ça semble fou, mais quand il me regarde... j'ai l'impression d'être quelqu'un. Il connaît mon nom, il cherche à me connaître... pour lui, je ne suis pas personne. Enfin, j'espère...

Insubmersibles - Miraculous : Titanic AUWhere stories live. Discover now