Chapitre 13

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Ils ne les avaient pas laissés monter sur un canot.

Alix était trop petite et n'avait pas su se démarquer dans la foule. Max et Ivan étaient des hommes. Juleka s'était faite doubler alors qu'ils affaissaient la dernière embarcation.

Luka avait sorti sa guitare et jouait un dernier morceau avec les musiciens. Il savait déjà quel sort leur était réservé.

Ils étaient là, désormais, serrés les uns contre les autres, alors que l'eau continuait à monter.

« Courez ! Il faut monter sur la partie haute du bateau, ou on va se noyer comme des rats ! » hurlait Alix.

C'était la bousculade générale. Il n'y avait plus un seul canot. Tous ceux qui étaient restés coincés sur le Titanic tentaient d'atteindre des zones que l'eau n'avaient pas submergée, mais ces zones étaient de plus en plus restreintes – trop encombrées, trop étroites. On manquait de place partout. Dans tous les sens, on poussait des gens dans l'eau, on se piétinait.

Ils n'arrivaient pas à avancer. L'eau n'était plus qu'à quelques mètres derrière eux.

« C'était mathématique, ânonnait Max, se raccrochant à ses calculs autant qu'il se raccrochait aux éléments du bateau qu'il croisait. C'était évident qu'il n'y aurait plus de place pour nous.

-Boucle-là ! Ladybug ne nous a pas sauvés pour qu'on meure ici ! » gronda Alix.

Elle poussa un cri quand une corde s'abattit devant elle, éclaboussant tout sur son passage. Elle leva la tête. C'était une des cordes retenant une des cheminées du bateau.

Ses yeux s'écarquillèrent quand la seconde céda. Puis la troisième. Tout se passa très vite.

Alix repensa à son père, qu'elle avait laissé derrière elle.

Max pensa aux recherches qu'il aurait dû mener en Amérique.

Ivan songea à Mylène.

Juleka revit passer le visage encadré de cheveux blonds de cette élégante passagère de première classe vêtue de rose, qu'elle ne reverrait probablement jamais.

Marinette avait tenté de secourir tous ces rêves, mais alors qu'un grincement sinistre fit redoubler la panique générale, ils devinèrent que tout cela était destiné à l'oubli. Destiné à finir au fond de la mer.

« Je suis désolée, Ladybug. » murmura Alix.

La lourde cheminée s'abattit sur eux de tout son poids.

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« Et je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle... Voici la demeure de Dieu... » énonçait un prêtre, celui qui officiait en première classe, auquel se raccrochaient une véritable grappe de passagers.

Alors qu'elle sentit l'air frais sur sa figure, Marinette comprit que la situation avait empiré. Pour qu'un prêtre commence à bénir les survivants, c'est qu'il n'y avait plus beaucoup d'espoir. Les musiciens avaient arrêté de jouer, de nombreuses figures à peine humaines s'agitaient dans l'eau – la panique était totale.

« Marinette ! Tu peux marcher ? »

Elle releva les yeux vers Adrien, qui l'observait d'un air anxieux. Il n'avait d'yeux que pour elle, comme si le bateau n'était pas en train de couler ; comme si ce n'était pas la fin. Etrangement, cela procura à Marinette un regain d'énergie.

« Oui. Oui, je peux marcher.

-Parfait, ma Lady. On doit rester sur le paquebot le plus longtemps possible ! »

Insubmersibles - Miraculous : Titanic AUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant