Chapitre 10

687 77 61
                                    

Plusieurs mètres sous le pont sur lequel Lila venait de bondir, une large partie du Titanic amorçait déjà une descente inquiétante vers les profondeurs. Parmi un de ces hublots déjà englouti par les flots, un œil inquiet toisait la pénombre bleutée et inquiétante qui avait remplacé la surface de l'océan.

« Est-ce qu'il y a quelqu'un ? Sortez-nous de là ! » hurlait Alya.

Marinette, menottée à un tuyau à côté de son amie de toujours, réagit à peine quand cette dernière la bouscula en tentant vainement de s'arracher à leur triste sort. C'était peine perdue : Sabrina Raincomprix, qui s'était chargée de les escorter avec les officiers dans ce bureau abandonné, était en France la fille d'un agent de police. Elle était douée pour deux choses : obéir, et serrer des menottes. Elles ne pourraient pas s'échapper seules.

Pourtant, en dépit de la situation dramatique qu'elle vivait à cet instant précis, ce n'était pas ça qui tordait les boyaux de Marinette.

« Au secours ! Vous ne pouvez pas nous enfermer là-dedans alors que le bateau coule ! » poursuivit Alya en tirant de plus belle sur ses menottes.

La seule chose qu'elle parvint à faire fut de se blesser encore plus les poignets. En voyant les gouttes de sang se former autour de ses mains, elle poussa un soupir excédé.

« Et toi ? Marinette ! Pourquoi est-ce que tu ne réagis pas ? »

Entendre son nom fit lever les yeux de Marinette vers son amie, mais pas beaucoup plus. Elle serra les lèvres.

« Je ne réagis pas parce que personne ne viendra nous chercher.

-Hein ? »

Alya cessa quelques secondes de s'abîmer les poignets, sous le choc. Même après tant d'années de brimades à l'atelier de couture Bourgeois, elle n'avait jamais vue Marinette aussi peu réactive.

Marinette baissa les yeux vers ses doigts abîmés de couturières, enroulés nerveusement autour du tuyau.

« Pendant un temps, j'ai cru que je valais mieux que ce que j'étais réellement... Mais tout compte fait, je ne suis qu'une maladroite couturière, pas une femme de la haute-société. Personne ne viendra secourir une fille sans aucune valeur comme moi. Encore moins...

-Non ! Tu as vraiment gobé le tissu d'horreurs que cette mégère t'a sorti ? »

Marinette tiqua alors qu'Alya observait son expression abattue comme si elle avait sorti une énormité. Son amie plissa les yeux alors qu'un petit sourire naissait sur ses lèvres.

« Non ? Vraiment ? »

Un petit rire s'échappa des lèvres de sa meilleure amie, puis un autre. L'hilarité soudaine et un peu nerveuse d'Alya fit l'effet d'un électrochoc à Marinette, qui ressentit un drôle de pincement au cœur, un peu comme de la... vexation. Drôle de sensation pour elle qui avait l'impression d'avoir le cœur engourdi depuis qu'on les avait menottées ici.

« Y'a vraiment pas de quoi rire ! C'est vraiment pas le moment !

-C'est pas vraiment le moment de regarder dans le vide alors que nous sommes menottées à un bateau qui coule non plus, mais bon... répondit Alya en essuyant quelques larmes. Ecoute-moi bien, ma grande. »

Elle réussit à attraper le bras de Marinette pour l'obliger à la regarder, au prix de quelques douleurs supplémentaires au niveau du poignet.

« En ce moment, nos amis sont peut-être encore dans leurs cabines dans les ponts inférieurs, en train d'être piégés comme de vulgaires rats dont on noie les égouts. D'après toi, si nous ne sortons pas, qui va aller les aider ? Cette Lila, qui juge la valeur des gens en fonction de leur naissance et éventuellement de la taille de leur portefeuille ? Laisse-moi rire ! »

Insubmersibles - Miraculous : Titanic AUWhere stories live. Discover now