Chapitre 12

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Aux ateliers Bourgeois, Alya avait un jour rencontrée une employée bretonne. Elle assurait pouvoir se baigner dans une eau à n'importe quelle température, même en plein cœur de décembre. Quand on est dedans, elle finit toujours par devenir bonne au bout d'un moment ! promettait-elle.

Quelle blague. Alya n'était pas bretonne, et elle ne s'habituerait jamais à la température absolument glaciale de cette eau s'engouffrant dans le bateau. Et pourtant, elle s'apprêtait à y sauter à pieds joints.

Elle serra les lèvres en observant l'eau qui l'attendait en bas de l'escalier. Si elle avait rêvé, elle allait probablement mourir de froid pour rien. Pourtant, elle devait en avoir le cœur net. Elle était pratiquement persuadée d'avoir vu, en remontant vers les ponts supérieurs...

Elle tressauta en voyant les lumières du couloir clignoter, réduisant encore plus la visibilité. L'eau s'engouffrait de tous les côtés. Elle n'avait pas beaucoup de temps.

Elle réprima tous les jurons qu'elle connaissait lorsque la température de l'eau lui donna l'impression de recevoir des coups de poignards dans les mollets. Au fil des jours de voyages, elle avait acquis une certaine connaissance de la géographie du bateau ; et en passant dans cette coursive pour s'enfuir, quand elle n'était pas encore inondée, elle avait bien cru voir...

« Mamannnn ! Mamannn ! »

Elle se corrigea : elle n'avait pas cru voir ; elle avait vu un enfant dans la coursive. Un enfant perdu. Elle pressa le pas.

« Maman ! »

Alya réprima un couinement paniqué quand une nouvelle voie d'eau manqua de s'ouvrir directement sur sa tête. Si un enfant se trouvait dans cet enfer, il n'allait pas faire long feu.

« Ici ! Par ici !

-Maman ! »

Et soudain, au détour du couloir, elle la vit. Une gamine pas plus haute que trois pommes, avec des couettes – et pas de gilet de sauvetage. Alya bondit sur elle pile au moment où une nouvelle brèche allait déverser des centaines de litres d'eau glacée sur sa petite tête.

« Là, là ! Je suis là ! Comment est-ce que tu t'appelles ?

-Ma... Manon... »

Dieu merci, la petite était française. Tremblante à cause du choc et du froid, elle observait Alya avec deux grands yeux hébétés. Alya serra les lèvres en ôtant son gilet de sauvetage pour le mettre sur son dos.

« Pourquoi tu m'as sauvée ? T'es pas ma maman...

-Je ne suis pas ta maman, non, mais... »

Elle s'interrompit au milieu de sa phrase. Pourquoi est-ce qu'elle était descendue chercher cette gosse, qui aurait tout aussi bien pu être une apparition liée à la panique ? Jusque-là, elle n'avait jamais cherché à vraiment aider les autres. Elle avait surtout tenté de survivre – à la rude vie de pauvresse à Paris, au naufrage du bateau.

Puis Marinette – non, Ladybug – était arrivée pour la sauver alors qu'elle et les autres allait mourir, pris comme des rats.

Quelqu'un avait sauvé une pauvresse sans importance comme elle. Et ça l'avait inspirée.

« Je n'allais pas laisser le bateau manger une grande fille comme toi ! » finit-elle par répondre d'un air rassurant, tout en tentant de sortir le plus calmement possible de ce guêpier.

Elle retrouva rapidement l'escalier et s'extirpa de l'eau, mais elles n'étaient pas tirées d'affaire pour autant. Certes, Alya avait rapidement saisi comment le bateau était agencé – mais avec de l'eau se glissant par tous les interstices et les lumières qui clignotaient dans tous les sens, les coursives prenaient des airs de labyrinthes. Où est-ce qu'elles étaient ?

Insubmersibles - Miraculous : Titanic AUWhere stories live. Discover now